Question de M. DEBARGE Marcel (Seine-Saint-Denis - SOC) publiée le 12/12/2002

M. Marcel Debarge appelle l'attention de Mme la ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies sur les restructurations, ayant des incidences sur la recherche, de la société Aventis-Pharma. Les syndicats de cette société s'inquiètent de la volonté de leur groupe de faire disparaître le pôle recherche de Seine-Saint-Denis. Des messages sont discrètement passés aux chercheurs de rechercher du travail ailleurs. Or Aventis se revendique comme le " leader mondial des sciences de la vie ". Le site de Romainville dispose de toute la chaîne qui va de la molécule à l'autorisation de mise sur le marché. Cela implique une cinquantaine de métiers très pointus (microbiologistes, chimistes, modélistes etc.) qui travaillent en synergie. Il y en a très peu en France. Afin d'éviter les risques de fuite de chercheurs français vers des pays étrangers, et l'affaiblissement des coopérations entre les universités et l'industrie pharmaceutique, il lui demande si le Gouvernement pourrait étudier la proposition alternative des syndicats de garder le site de Romainville tel qu'il existe, en mettant cette " chaîne " à la disposition de la recherche publique et pourquoi pas d'autres laboratoires.

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Réponse du Ministre délégué à la recherche et aux nouvelles technologies publiée le 10/04/2003

Le ministère délégué à la recherche et aux nouvelles technologie s'est attaché, notamment par des actions incitatives de recherche associant l'industrie et par le " Plan Innovation " annoncé en décembre 2002, à mettre en place les instruments d'une politique active de partenariat public-privé, créatrice d'activités durables et d'emplois. Dans ce contexte, la plus grande attention est consacrée au devenir du site de Romainville, dans une optique de préservation du capital recherche qu'il représente. Le concept tout à fait intéressant de " pharmapôle ", dédié au développement du médicament, notamment dans le domaine des anti-infectieux, et associant étroitement partenaires publics et privés, a été avancé dans le projet " Nereïs ", proposition alternative des syndicats d'Aventis. Ce projet a retenu toute l'attention de Mme la ministre qui en a pris personnellement connaissance dans le détail. D'autres projets de valorisation du site sont cependant également envisageables et des réflexions sont en cours, par exemple autour de l'idée d'un parc des biotechnologies pour l'Ile-de-France. Les propositions très préliminaires avancées dans le cadre de ces réflexions, pour intéressantes qu'elles soient sur le plan des concepts généraux, devront bien sûr faire l'objet d'études de faisabilité, en termes d'investissements nécessaires et de moyens financiers mobilisables, avec des éclairages précis sur leur positionnement et leur dimensionnement. Un projet pour ce site ne peut que s'inscrire dans une stratégie globale, construite à l'échelle nationale et même européenne, et il n'aura de sens que s'il répond à la fois à des impératifs de santé publique et à une logique de développement économique fondé sur la recherche et l'innovation. Dans cet esprit, compte tenu des enjeux qui apparaissent forts au plan national, il convient maintenant d'engager une concertation entre les départements ministériels concernés, les collectivités et les entreprises partenaires et bien sûr la direction d'Aventis, qui elle-même dialoguera avec son personnel. Plus largement, l'appauvrissement progressif de notre pays sur les dix dernières années dans le domaine de la recherche pharmaceutique apparaît comme véritablement préoccupant et la tendance actuelle doit clairement être inversée. Sans préjuger de ce que concluront les études de faisabilité qu'il faut maintenant conduire, le ministère chargé de la recherche considère qu'un des atouts maîtres du succès réside dans les synergies qu'il sera possible de faire jouer entre l'industrie pharmaceutique, grands groupes mondiaux et entreprises innovantes de biotechnologie, et notre recherche académique, dans ce domaine à fort potentiel économique et à fort impact de santé publique, pour le bien-être des femmes et des hommes de ce pays et plus largement des populations du monde.

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