Question de M. RICHERT Philippe (Bas-Rhin - UMP) publiée le 13/02/2003

M. Philippe Richert attire l'attention de M. le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche sur les raisons pour lesquelles l'Etat français n'a pas accédé à la demande formulée par l'Etat uruguayen visant à la restitution des restes de quatre Indiens charruas. Ces Indiens ont été amenés en France en 1833, exhibés devant le public parisien puis étudiés par le Muséum national d'histoire naturelle. Le Muséum conserve dans ses collections des moulages réalisés sur certains de ces Indiens mais également des pièces anatomiques prélevées lors de la dissection opérée à la mort d'un d'entre eux, le cacique Senaque. L'Etat uruguayen a manifesté la volonté que ces restes lui soient restitués : une loi a été votée en ce sens par le Parlement le 5 septembre 2000. Il s'interroge tant sur l'intérêt scientifique - à l'évidence inexistant - qui s'attache à la présence dans les collections du laboratoire d'anthropologie biologique du Muséum de ces pièces, que sur leurs conditions de conservation qui ne s'avèrent pas satisfaisantes. En effet, ces pièces sont conservées au palais de Chaillot dans les réserves vétustes du musée de l'Homme, institution appelée à être profondément remaniée dans le cadre de la création du musée du quai Branly. Il lui demande en conséquence les raisons pour lesquelles le Muséum s'oppose encore à cette restitution.

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Réponse du Ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche publiée le 22/05/2003

En février 2002, le ministère de la recherche et des nouvelles technologies a demandé à plusieurs scientifiques de haut niveau si la conservation de restes osseux de citoyens uruguayens de l'ethnie Charrua, décédés en France et conservés au laboratoire d'anthropologie biologique du Muséum national d'histoire naturelle, présentait un intérêt scientifique pour les recherches menées en France ou au sein de la communauté internationale dans le domaine de l'anthropologie biologique. Il ressort de ces expertises que la " valeur patrimoniale scientifique " de ces restes osseux est très faible. Un des experts, M. Jean-Jacques Hublin, professeur au laboratoire d'anthropologie des populations du passé (université Bordeaux-I) et chargé de mission pour l'anthropologie biologique au département des sciences de l'homme et de la société du CNRS a indiqué dans son rapport que " dans la mesure où sa restitution (le squelette du cacique Charrua Vaimacu Peru) permettrait de régler un contentieux avec les autorités uruguayennes, il conviendrait probablement de rendre la dépouille de ce cacique à son pays d'origine ". Un autre expert, M. Bernard Vandermeersch, professeur d'anthropologie à l'université Bordeaux-I et ancien directeur du même laboratoire d'anthropologie des populations du passé, souligne dans le même rapport : " En lui-même, ce squelette n'a donc pas beaucoup d'intérêt et, hors de son contexte, il n'en a aucun. " Et de conclure également : " Je suis certain que la restitution de ce squelette ne portera pas préjudice au patrimoine anthropologique considérable du muséum. " En résumé, aucune raison scientifique ne s'oppose à ce que le squelette de l'indien Charrusa soit rendu aux autorités de l'Uruguay et le Muséum national d'histoire naturelle doit procéder à sa restitution conformément aux termes de l'expertise.

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