Question de Mme DURRIEU Josette (Hautes-Pyrénées - SOC) publiée le 11/04/2003

Question posée en séance publique le 10/04/2003

Mme Josette Durrieu. Ma question, qui porte également sur le GIAT, s'adresse aussi à M. le Premier ministre, et je souhaiterais que ce soit lui qui me réponde.

Deux logiques s'affrontent, à l'évidence. Selon la vôtre, monsieur le Premier ministre, le GIAT a accumulé les pertes - c'est sûrement vrai - et le sauvetage passe par la réduction des effectifs, avec la suppression brutale de 4 000 emplois salariés d'ici à 2006. Qui donc a parlé de « patrons voyous » ? (Protestations sur les travées de l'UMP.)

M. Dominique Braye. Et vous, qu'avez-vous fait ?

Mme Josette Durrieu. C'est une approche politique et comptable brutale, qui provoque la stupéfaction.

A cela nous répondons : c'est la mort du GIAT ! Il restera 2 500 salariés. Ce ne sera plus une entreprise de taille nationale, et encore moins de taille européenne. J'aurais envie de dire : ce sera un atelier ! Quel peut-être son avenir ? Disparition ou privatisation ?

Votre approche entraînera aussi la perte de l'immense savoir-faire de ces salariés, qui ne sont pas responsables de la faillite.

Elle privera en outre la France d'une industrie d'armement qui garantissait sa souveraineté.

Quelle est, alors, l'ambition de la France dans une future Europe de la défense ? Quels seront nos partenaires industriels ? Qu'en sera-t-il de l'édification même de la défense européenne sans le rôle moteur de la France, à côté des Anglais et des Allemands ?

Ces enjeux stratégiques imposaient la prudence et justifient toujours le moratoire que nous vous demandons.

Vous assumerez aussi, M. Dériot vient de le dire, la fracture du territoire : dix sites touchés ; tous le sont plus ou moins, avec quelques choix partisans à la clef, mais trois sont liquidés, ceux de Saint-Chamond, de Cusset et de Tarbes.

A Tarbes, 650 emplois seront perdus, sans compter la sous-traitance. Vous nous laissez la pyrotechnie, c'est-à-dire les explosifs au coeur de la ville. Merci quand même ! Quand vous parlez de 170 emplois maintenus, je me demande d'ailleurs d'où vous tenez vos chiffres, puisque la pyrotechnie ne représente que 70 emplois. Quel gâchis industriel et humain de la part de l'Etat ! (Protestations sur les travées de l'UMP.)

M. Dominique Braye. Qu'avez-vous fait ?

M. Gérard Cornu. Le gâchis, c'est vous qui l'avez organisé !

Mme Josette Durrieu. Mais, aujourd'hui, pour les Bigourdans, la colère est plus forte que le désespoir !

Monsieur le Premier ministre, nous allons voir maintenant ce que, pour vous, décentralisation et aménagement du territoire veulent vraiment dire ! Au demeurant, nous avons déjà vu ! Nous demandions la maintenance du matériel à Tarbes : vous la mettez à Toulouse !

M. le président. Votre question, madame Durrieu !

Mme Josette Durrieu. Ma question est simple : quelles sont vos propositions pour les salariés qui seront encore en activité en 2004 - c'est l'échéance prévue en ce qui concerne Tarbes - et donnerez-vous la priorité à la réindustrialisation ? Avec quels projets ? Car ce n'est pas seulement l'argent qui compte ; nous voulons des projets !

Croyez bien, monsieur le Premier ministre, que je suivrai avec attention l'évolution de ce dossier et que, si c'est nécessaire, je vous interpellerai de nouveau. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

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Réponse du Ministère de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de l'aménagement du territoire publiée le 11/04/2003

Réponse apportée en séance publique le 10/04/2003

M. Jean-Paul Delevoye, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de l'aménagement du territoire. Merci, madame, de nous avoir rappelé, grâce à votre catalogue, toutes les conséquences qu'a entraîné votre absence de décision, conséquences que nous devons aujourd'hui gérer ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE. - Protestations sur les travées du groupe socialiste.)

Vous avez en effet refusé de voter les lois relatives à la défense qui assurent aujourd'hui le formatage du GIAT auquel nous sommes parvenus. Face à ce type de réajustements, qui sont nécessaires, nous préférons le langage du courage et de la vérité à celui de l'impuissance ou de l'illusion.

M. Dominique Braye. Ce sont effectivement des illusionnistes !

M. Jean-Paul Delevoye, ministre. Nous avons clairement indiqué que, grâce aux crédits affectés par la loi de programmation votée par l'actuelle majorité, nous pouvions garantir le maintien d'une industrie d'armement solide.

M. Jean-Louis Carrère. La preuve !

M. Jean-Paul Delevoye, ministre. Puisque vous évoquez les Britanniques et les Allemands, qui paraissent être vos références, sachez que nous reformatons le GIAT à la dimension de l'industrie d'armement britannique.

Sur le plan social et sur le plan territorial, nous mettrons en oeuvre tous les moyens afin d'offrir à chaque salarié une procédure de reclassement et un emploi. Nous sommes convaincus que, avec votre vigilance et votre soutien, nous y parviendrons. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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