Question de M. BOYER André (Lot - RDSE) publiée le 04/03/2004

M. André Boyer appelle l'attention de M. le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche sur les menaces qui pèsent actuellement sur le patrimoine linguistique et culturel d'Oc, faute de moyens de transmission suffisants. L'occitan ou langue d'oc est la langue régionale la plus étendue géographiquement - 32 départements en France - et l'une des plus parlées des langues minorées de l'Union européenne - entre 1,5 et 2 millions de locuteurs. Porteuse d'un millénaire de culture populaire mais aussi de culture savante, notamment littéraire, elle constitue un élément essentiel du patrimoine national. Introduit dans le système éducatif en 1951, l'enseignement de cette langue régionale s'est progressivement développé jusqu'à la création du CAPES d'occitan-langue d'oc en 1991, étape importante de l'engagement de l'Etat en faveur de la préservation de la diversité linguistique. Cependant, le niveau de recrutement est toujours resté très modeste, n'ayant jamais dépassé les 22 postes par an. Pire encore, le nombre de postes offerts au concours de ce CAPES a connu en 2004 une baisse brutale de l'ordre de 80 % : après 17 en 2002 et 13 en 2003, seulement 4 lui sont réservés cette année. Les conséquences sont prévisibles : une réduction considérable de la capacité d'enseignement dans le secondaire, des départs à la retraite non compensés, une filière décrédibilisée par les faibles perspectives professionnelles, une dévalorisation et une pratique moindre de la langue. Compte tenu de ces menaces, il lui demande quelles dispositions il entend prendre afin de garantir la transmission de la langue et de la culture occitanes, notamment par un recrutement en nombre suffisant des enseignants d'occitan dans le secondaire et par la mise en place et le développement d'un véritable statut de l'occitan.

- page 512

Transmise au Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 13/05/2004

La détermination du volume de postes à offrir aux concours des personnels enseignants du second degré pour 2004 s'appuie sur une analyse précise du besoin en professeurs pour la rentrée 2005. Celui-ci est fonction des départs définitifs d'enseignants, notamment en retraite, mais aussi de l'évolution attendue du nombre d'élèves et de l'évolution des formations offertes. Les sorties définitives des corps de professeurs du second degré pour la rentrée 2005 sont estimées à 16 300. Entre 2004 et 2006, la baisse du nombre d'élèves dans le second degré approchera 100 000. La prise en compte de cette baisse pour la rentrée 2005 conduit à une diminution du besoin en professeurs. Dans la répartition des postes entre disciplines, il a été donné priorité aux disciplines centrales des collèges et des lycées, et plus particulièrement à celles présentant des besoins en expansion. A l'inverse, les postes ont été ajustés plus sensiblement à la baisse pour les autres disciplines. L'enseignement de l'occitan dans le second degré s'est fortement développé durant les dernières années scolaires, justifiant la mise en place de la section " occitan-langue d'oc " au CAPES en 1992. Bien que créée plus tardivement que les autres sections de langues régionales, cette section a bénéficié de recrutements importants et c'est elle qui comporte, parmi les langues régionales, le plus grand nombre d'enseignants. Désormais, la demande d'enseignement dans cette spécialité est couverte : étant donné le nombre d'élèves souhaitant étudier l'occitan, la quasi-totalité des enseignants en occitan doit exercer son service dans plusieurs établissements, souvent situés dans des communes différentes, et n'effectue pas la totalité de son temps de service en occitan, complétant généralement celui-ci dans d'autres disciplines, quand cela est possible. Compte tenu de la pyramide des âges de cette discipline (moyenne d'âge 37,6 ans), peu de départs en retraite sont enregistrés : 3 départs prévus pour la rentrée 2004 alors que 14 nouveaux titulaires prendront leurs fonctions à cette même rentrée. A la rentrée 2003, 12 surnombres étaient déjà comptabilisés. Ils vont donc doubler à la rentrée 2004. C'est l'ensemble de ces données qui justifie la baisse des postes offerts dans la discipline occitan-langue d'oc.

- page 1039

Page mise à jour le