Question de M. FISCHER Guy (Rhône - CRC) publiée le 08/04/2004

M. Guy Fischer appelle l'attention de Mme la ministre déléguée à la lutte contre la précarité et l'exclusion sur les lourdes conséquences que pourrait avoir la réforme de la PAC (politique agricole commune) sur l'aide alimentaire dispensée par les quatre grandes associations humanitaires que sont la Banque alimentaire, la Croix-Rouge, les Restos du coeur et le Secours populaire français. En effet, la réforme de la PAC, qui vise à réduire les surplus agricoles, risque d'obliger l'Union européenne à remettre en cause son programme d'aide alimentaire aux démunis, lancé en 1987. Or, en France, plus de la moitié des denrées de première nécessité distribuées par les associations caritatives proviennent précisément des stocks de l'Union. Au moment où, aux dires de ces associations, les demandes d'aide augmentent fortement, la disparition de ces surplus serait catastrophique pour les familles vivant en dessous du seuil de pauvreté. En conséquence, il lui demande les dispositions qu'envisage le Gouvernement pour continuer d'apporter une aide alimentaire à ces familles en détresse.

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Réponse du Ministère déléguée à la lutte contre la précarité et l'exclusion publiée le 01/07/2004

L'honorable parlementaire a appelé l'attention de la ministre déléguée à la lutte contre la précarité et l'exclusion sur les conséquences qu'entraînera, à terme, la réforme de la politique agricole commune sur le plan européen d'aide aux plus démunis (PEAD). A titre liminaire, la ministre déléguée à la lutte contre la précarité et l'exclusion tient à rappeler que l'aide alimentaire distribuée en France ne dépend pas uniquement des dispositifs européens et à réaffirmer son total engagement en faveur des plus démunis : l'aide apportée par l'Etat s'élevait en 2003 à près de 11 millions d'euros elle n'était que de 4 millions en 2001. A l'intérieur de cette enveloppe, les subventions distribuées par la DDASS ont plus que doublé. Le Gouvernement soutient par ailleurs les principales associations à hauteur de 2,6 millions d'euros. Les programmes d'aide alimentaire bénéficient donc d'un financement important de la part des pouvoirs publics. C'est un effort sans précédent qui sera poursuivi. En outre, alors que la loi de lutte contre les exclusions de 1998 n'abordait pas la question de l'alimentation, le Gouvernement s'en est emparé et a conçu le Plan national alimentation et insertion qui prévoit notamment une évaluation de l'alimentation et de l'état nutritionnel des personnes en situation d'exclusion ou de précarité ainsi qu'un programme de formation des bénévoles travaillant pour les associations caritatives. Dès sa nomination au Gouvernement, la ministre déléguée à la lutte contre la précarité et l'exclusion a tenu à rencontrer les responsables des grandes associations nationales qui lui ont fait part de leurs préoccupations concernant le maintien, à terme, du Plan européen d'aide aux plus démunis. La disparition progressive des stocks européens qui servent à l'approvisionnement des associations caritatives est bien inscrite dans le processus de réforme de la PAC. Conscient de l'intérêt de la pérennisation du dispositif actuel, le Gouvernement s'attache à trouver des solutions alternatives. L'objectif est bien, en concertation avec le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales et la ministre déléguée aux affaires européennes, de préserver cet outil qui constitue un apport essentiel dans la capacité d'intervention des associations. Plusieurs pistes sont actuellement à l'étude allant vers un élargissement et un assouplissement du dispositif actuel. L'une consiste à élargir les possibilités offertes aux associations caritatives de faire des échanges de produits alimentaires avec les entreprises, afin de mieux répondre aux besoins de ces associations (du beurre pourrait être échangé contre des pâtes, par exemple). L'autre consiste à autoriser, dans le cadre de la PAC, un approvisionnement direct sur le marché par chaque Etat membre concerné, en cas d'indisponibilité de produits d'intervention, en privilégiant alors les filières en crise. Le Gouvernement travaille à sensibiliser ses partenaires de l'Union sur ces nécessaires adaptations et devrait aboutir très prochainement.

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