Question de M. BOYER André (Lot - RDSE) publiée le 01/07/2004

M. André Boyer attire l'attention de M. le ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie sur la fracture numérique en Afrique. L'Internet est en effet encore très embryonnaire sur ce continent, se résumant le plus souvent à l'email. La connectivité IP y est déplorable ; le coût de la bande passante y est exorbitant (25 fois plus chère qu'en France dans le meilleur des cas à Dakar et quelques capitales de l'Afrique côtière atlantique, 100 à 400 fois plus chère pour 95 % de l'Afrique subsaharienne). Dans ces conditions, l'Afrique n'est pas en mesure de bénéficier du formidable potentiel que représente les NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication) pour son désenclavement, son développement économique, sa compétitivité, l'accès au savoir et la modernité de ses habitants. Par ailleurs, cet enfermement numérique aggrave son fossé avec le reste du monde et rend l'aide internationale moins efficace. Cette problématique n'est pas limitée à l'Afrique mais concerne aussi plus largement la zone ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique). En tout état de cause, elle plaide pour une intervention prioritaire des outils d'aide français, européens et internationaux tels que la Banque mondiale, l'Union européenne ou l'AFD (Agence française de développement) en faveur de programmes concrets et structurants à long terme favorisant l'émergence des technologies haut débit. Il lui demande donc ce que la France entend faire pour susciter au sein de l'Union européenne et de la communauté internationale une initiative ACP numérique ambitieuse et concrète au service du développement économique et humain de l'Afrique.

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Réponse du Ministère de la coopération, du développement et de la francophonie publiée le 26/08/2004

Le ministère des affaires étrangères est bien conscient des opportunités que peuvent offrir les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) pour les pays de la zone ACP. Le programme " ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique) numérique ", actuellement en cours d'instruction par les différents services, a retenu toute l'attention de ce ministère. Le développement de l'accès à ces technologies est au coeur de l'action conduite par ce ministère depuis maintenant plus de 5 ans et fut rappelé par le Premier ministre lors de son intervention au Sommet mondial sur la société de l'information, le 11 décembre 2003 à Genève. L'infrastructure étant une condition essentielle à la concrétisation de l'objectif d'inclusion numérique, ce ministère conduit à ce jour plusieurs actions pilotes, parmi lesquelles on peut citer : le soutien à la connexion et à l'interconnexion des universités en Afrique, et plus particulièrement à Madagascar et au Cameroun ; un programme d'intégration de la recherche africaine au sein des réseaux internationaux (4 M EUR) ; un programme d'appui au désenclavement numérique visant la mise en place de plus de soixante points d'accès publics à Internet dans des zones enclavées de 13 pays d'Afrique sub-saharienne (6 M EUR) ; un soutien financier (70 000 euros) aux structures panafricaines de gestion technique de l'Internet. Au niveau européen comme dans le cadre des enceintes multilatérales, le ministère des affaires étrangères s'attache à valoriser son action visant à développer l'accès aux NTIC et à diminuer les coûts d'accès à Internet. Cette problématique sera au coeur de la préparation de la seconde phase du Sommet mondial sur la société de l'information qui se tiendra à Tunis en novembre 2005 et pourrait donner lieu à des synergies entre les actions menées par les différentes agences de coopération bilatérales, la Commission européenne et la Banque mondiale.

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