Question de M. VANTOMME André (Oise - SOC) publiée le 17/03/2005

M. André Vantomme appelle l'attention de M. le ministre délégué à la recherche concernant le développement des études en faveur de la mise au point de microbicides anti-VIH. Les microbicides, au sens général du terme, sont définis comme des préparations à usage vaginal ou rectal, ayant des propriétés virucides et/ou bactéricides. Ces produits inactivent les agents infectieux présents dans le sperme et dans les sécrétions cervico-vaginales, procurant ainsi une protection bidirectionnelle contre l'infection. Un microbicide pourrait donc offrir une solution efficace pour interrompre la propagation du HIV. Mais surtout, l'utilisation des microbicides présente l'avantage d'être sous le contrôle des femmes. La recherche française sur les microbicides anti-VIH n'est pas assez soutenue par les pouvoirs publics puisqu'une seule équipe de recherche étudie le sujet. Il souhaiterait qu'il lui fasse part de sa position sur le sujet et s'il compte mettre en oeuvre les moyens nécessaires au développement des microbicides anti-VIH.

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Réponse du Ministère délégué à la recherche publiée le 05/05/2005

Les microbicides à activité anti-VIH représenteraient la solution simple et efficace pour interrompre la propagation du virus et donc de l'épidémie du sida à l'échelle de la planète. La protection des partenaires serait alors totale. Cependant ces considérations restent encore actuellement théoriques, non pas à cause de la faiblesse des moyens dédiés à la recherche dans ce domaine, mais plutôt de considération clinique. La recherche en France sur le sida est coordonnée par l'agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) qui reçoit son budget du ministère chargé de la recherche. Elle soutient dans le cadre de ses actions de multiples projets tant en recherche fondamentale (biologie du virus VIH, mécanismes d'infectivité, ...) qu'en recherche clinique et épidémiologique. Les crédits sont alloués à des équipes des universités, du centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), de l'institut Pasteur. Un projet incitatif de l'agence nationale de la recherche sur le sida sur les multi-microbicides, intitulé « Multi-Micro Project » (MMP), et financé intégralement par l'ANRS sur deux ans, d'avril 2004 à avril 2006, à hauteur de 400 000 euros par an, a ainsi permis de rassembler des équipes de chimistes, de biologistes, de virologistes et de cliniciens, regroupées en un consortium. Ce projet vise à développer des associations de molécules à visée microbicide et regroupe trois équipes belges, une équipe italienne et l'équipe française « Immunité et biothérapie muqueuse » dirigée par le professeur Laurent Belec, au centre de recherches biomédicales des Cordeliers à Paris, qui coordonne l'ensemble. Ce projet est actuellement partie intégrante d'un programme européen de recherche intitulé Empro. Les recherches au niveau clinique ont révélé toute la difficulté des microbicides anti-VIH. En effet, les produits actuellement connus et qui pourraient être potentiellement utilisés se sont avérés produire des effets secondaires indésirables chez la femme et surtout leur totale efficacité n'a pas été démontrée. Dès lors comment mener des recherches cliniques lorsque l'efficacité d'un produit contre un agent mortel n'est pas totale ? Les recherches pour trouver de nouvelles molécules doivent donc être poursuivies. L'équipe de recherche localisée à l'hôpital européen Georges-Pompidou ne travaille pas de manière isolée, mais collabore activement avec des équipes françaises telles que le CNRS, l'institut Pasteur, l'université de Reims (...), comme l'attestent ses publications ; elle est fortement soutenue par l'ANRS, et intégrée dans le réseau européen mentionné ci-dessus. De plus, elle est depuis cette année membre d'une unité de l'INSERM franco-canadienne, et reçoit donc un budget de cet organisme. Ses travaux de haut niveau sont bien reconnus mais elle a à faire face aux difficultés, liées à l'efficacité partielle des microbicides actuels, des essais cliniques. Cette voie de recherche, qui ne doit pas en exclure d'autres, est donc soutenue et les moyens mis en oeuvre non négligeables.

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