Question de M. MAUROY Pierre (Nord - SOC) publiée le 10/04/2008

M. Pierre Mauroy appelle l'attention de Mme la garde des sceaux, ministre de la justice sur la situation des personnels pénitentiaires.

Certains représentants du personnel font valoir l'aggravation de leurs conditions de travail et de la pénibilité de leur fonction.

Assurant leur tâche dans un univers parfois violent et à risques, dans le cadre d'infrastructures marquées par une très grande vétusté et par une surpopulation carcérale dont une partie souffre de problèmes psychiatriques, ils attendent du gouvernement une reconnaissance statutaire et indemnitaire.

Ils observent que la loi n° 2007-1822 de finances pour 2008, bien que caractérisée par un effort de la Nation en faveur de la Justice, ne prévoit pas d'avancées pour le personnel pénitentiaire et ne respecte pas entièrement les engagements contractés dans la loi n° 2002-1138 du 9 septembre 2002 d'orientation et de programmation pour la justice de 2002.

Compte tenu de ces éléments, il entend interroger le Gouvernement sur ses intentions en matière de revalorisation de l'indemnité pour charge pénitentiaire, d'augmentation des primes de nuit, dimanche, jours fériés ou sujétions spéciales. De même, il souhaite connaître la politique conduite en matière de remplacement des départs en retraite et de dialogue social au sein de cette profession.

- page 702


Réponse du Ministère de la Justice publiée le 24/07/2008

La garde des sceaux, ministre de la justice, informe l'honorable parlementaire qu'elle porte un intérêt extrêmement attentif à la situation des personnels pénitentiaires. Un dialogue social dynamique est mis en oeuvre par l'intermédiaire de réunions régulières avec les principales organisations syndicales représentatives et des avancées non négligeables ont pu être réalisées sur le plan statutaire, indiciaire et indemnitaire. D'autres discussions sur la revalorisation sont en cours. À l'administration pénitentiaire, le dialogue social entre direction et organisations syndicales est une réalité constante et quotidienne, que ce soit au niveau central ou aux niveaux local et régional. Les 197 réunions de travail thématiques qui ont été tenues en 2007 avec les organisations syndicales caractérisent l'intensité de notre relation avec elles. L'administration pénitentiaire ne peut pas se réformer sans que les personnels soient les moteurs de la réforme et pour obtenir cette adhésion, le rôle des organisations syndicales est essentiel. Par ailleurs, la situation statutaire et indemnitaire des corps de directeur des services pénitentiaires, du personnel de surveillance, des administratifs ainsi que celui du personnel d'insertion et de probation a été réformée et revalorisée. C'est ainsi, qu'à l'appui de la réforme statutaire des corps et des carrières des personnels de surveillance le 14 avril 2006, dont le coût budgétaire total est de 30 millions d'euros, certaines indemnités ont été revalorisées. Il s'agit là d'un effort financier de l'État sans précédent. Il a ainsi été créé deux grades d'avancement pour les officiers, d'une part, et pour les membres du corps d'encadrement et d'application, d'autre part. S'agissant de l'augmentation de l'indemnité pour charge pénitentiaire (ICP), elle a été réformée par le décret n° 2007-1777 du 17 décembre 2007, afin de simplifier et de permettre une augmentation du régime indemnitaire des personnels. Ainsi, l'ICP est désormais le support indemnitaire unique des personnels (hors prime de sujétions spéciales) et dont le montant de référence annuel est de 837,50 EUR, lequel comprend l'indemnité antérieure de 750 , la part modulable complémentaire de 54,50 EUR qui est allouée désormais à tous les personnels de surveillance, ainsi que la prime de chaussures de 33 EUR par an. S'agissant de l'augmentation des primes de nuit, dimanche et jours fériés, la direction de l'administration pénitentiaire mène actuellement une étude pour examiner la faisabilité budgétaire et financière d'une revalorisation, dans le contexte très contraint qui est le sien. S'agissant du retrait de la prime de sujétion spéciale lors des congés de maladie, l'administration pénitentiaire applique les dispositions législatives et réglementaires en vigueur ainsi que la jurisprudence du Conseil d'État. Il résulte en outre que le maintien aux agents en congé de maladie des éléments de leur rémunération autres que leur traitement dès lors qu'ils sont liés à l'exercice des fonctions ou représentatifs de frais, est en principe exclu. Or, la prime de sujétions spéciales est liée, par sa nature même, à l'exercice effectif des fonctions. S'agissant de la rémunération au mérite, les dernières réformes indemnitaires engagées par l'administration pénitentiaire ont pour objectif de prendre en compte les sujétions spéciales et la manière de servir des agents, dans le cadre d'une procédure très formalisée garantissant les droits de la défense et le principe du contradictoire, lorsque la modulation est à la baisse du régime indemnitaire. Le défaut de respect de cette procédure entraîne systématiquement le rétablissement du régime indemnitaire en cas de recours du fonctionnaire. En matière d'emplois, pour 2008, le budget obtenu permet de recruter 2 100 agents dont 1 600 surveillants pour permettre l'ouverture des nouveaux établissements. Compte tenu des enjeux pénitentiaires pour les années à venir, tous les départs à la retraite seront remplacés. Enfin, le Gouvernement a mis en place des mesures tendant à améliorer le pouvoir d'achat des salariés. Ainsi, la loi TEPA (travail-emploi-pouvoir d'achat) du 21 août 2007 permet aux agents, depuis le 1er octobre 2007, de percevoir des heures supplémentaires défiscalisées et déchargées. Ce dispositif se traduit en effet par la création d'exonération en matière de cotisation sociale et d'impôt sur le revenu. La garde des sceaux est particulièrement attentive à l'avenir de ces métiers.

- page 1518

Page mise à jour le