Question de M. RAFFARIN Jean-Pierre (Vienne - UMP) publiée le 06/02/2009

Question posée en séance publique le 05/02/2009

La parole est à M. Jean-Pierre Raffarin. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Jean-Pierre Raffarin. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre et j'y associe Jean Besson, président du groupe interparlementaire d'amitié de notre Haute Assemblée avec la République populaire de Chine.

Il y a quarante-cinq ans, presque jour pour jour, le général de Gaulle était le premier des chefs d'État occidentaux à prendre l'audacieuse initiative de nouer des liens diplomatiques avec la République populaire de Chine. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. René-Pierre Signé. Ils applaudissent des décisions qui datent de quarante-cinq ans !

M. Jean-Pierre Raffarin. Il est aujourd'hui paradoxal que le pays qui a eu le premier, dès 1964, la clairvoyance d'anticiper le rôle mondial de la Chine se trouve vis-à-vis de celle-ci en situation diplomatique difficile, complexe, au moment où ce rôle devient pour tous évident. La place nouvelle de la Chine a même été confortée par sa présence au dernier G20, à Washington, sur l'initiative du Président de la République française.

M. René-Pierre Signé. Et alors ?

M. Jean-Pierre Raffarin. Nous prenons au sérieux les décisions récentes de la Chine qui ont conduit, d'une part, au report du sommet Europe-Chine sous présidence française et, d'autre part, au tout récent tour « de la » France, c'est-à-dire à l'extérieur de nos frontières, du Premier ministre chinois, M. Wen Jibao.

Nous avons fait le choix, tous ensemble, du partenariat stratégique global avec la Chine…

M. Thierry Repentin. Sur le dos du Tibet !

M. Jean-Pierre Raffarin. Nous exprimons avec conviction notre soutien à l'ouverture de la Chine sur le monde. Nous le savons, tout repli d'un peuple sur lui-même, notamment en période de crise, est préoccupant.

Tous les Présidents de la Ve République, Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac et aujourd'hui Nicolas Sarkozy, se sont montrés attachés à l'amitié sino-française. La France ne remet pas en cause la souveraineté de la Chine à l'intérieur de ses frontières, comme elle ne souhaite pas que l'on remette en cause la sienne.

M. René-Pierre Signé. Vive le Tibet libre !

M. Jean-Pierre Raffarin. La France respecte la très ancienne civilisation chinoise et les grandes performances de son économie. Mais nous savons, vieux peuple, vieux pays, que c'est sur la réciprocité du respect que se construit l'amitié entre les peuples ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. René-Pierre Signé. C'est une déclaration, ce n'est pas une question ! (La question ! sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

M. Jean-Pierre Raffarin. Chers collègues, cette affaire est peut-être pour vous subalterne, mais elle est importante, je le crois, pour l'équilibre du monde ! (Exclamations sur les mêmes travées.)

Monsieur le Premier ministre, quelles initiatives la France compte-t-elle prendre pour conforter le partenariat global stratégique qu'elle a engagé avec la Chine ? Nous serons quelques-uns, la semaine prochaine, à porter votre message en République populaire de Chine ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Thierry Repentin. À Lhassa !

M. René-Pierre Signé. Au Tibet !


Réponse du Premier ministre publiée le 06/02/2009

Réponse apportée en séance publique le 05/02/2009

La parole est à M. le Premier ministre.

M. François Fillon, Premier ministre. Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, la question que me pose M. le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin m'offre l'occasion de préciser la politique de la France à l'égard de la Chine,…

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Quelle opportunité !

M. François Fillon, Premier ministre. … non sans l'avoir préalablement remercié du rôle si important qu'il joue…

M. Guy Fischer. Un rôle incontournable ! (Sourires sur les travées du groupe CRC-SPG.)

M. François Fillon, Premier ministre. … depuis longtemps dans l'amélioration et l'approfondissement des relations franco-chinoises.

M. Charles Gautier. Le résultat n'est pas terrible !

M. François Fillon, Premier ministre. La politique française à l'égard de la Chine est claire et, comme vous l'avez rappelé, monsieur Raffarin, elle s'inscrit dans la durée.

Quand, il y a quarante-cinq ans, le général de Gaulle a fait en sorte que la France soit pratiquement le premier pays occidental à reconnaître la République populaire de Chine,…

M. Didier Boulaud. Il l'a fait au moment où il quittait l'OTAN !

M. François Fillon, Premier ministre. … il avait estimé qu'un pays de cette dimension économique, démographique et historique ne pouvait pas être ignoré et qu'il fallait entretenir avec lui des relations qui permettent, d'abord, de mieux gérer les affaires du monde, mais aussi d'entraîner son ouverture.

On peut dire aujourd'hui que ce choix est plus actuel que jamais ! La Chine, par son économie, sa démographie, sa culture,…

M. Jean-Pierre Michel. Sa démocratie ! (Sourires sur les travées du groupe socialiste.)

M. René-Pierre Signé. Elle a des progrès à faire !

M. François Fillon, Premier ministre. … pèse aujourd'hui dans les affaires du monde.

Le monde a besoin de la Chine pour sortir de la récession dans laquelle il se trouve. Comment imaginer que le monde puisse voir la fin de cette crise sans que la Chine engage les politiques de réforme et de relance propres à l'y aider ?

Le monde a besoin de la Chine pour résoudre les grandes questions sécuritaires et il a éminemment besoin de la Chine pour lutter contre le réchauffement climatique. Qui peut penser que les décisions que nous avons prises à vingt-sept et celles que, je l'espère, nous prendrons à la fin de cette année avec l'ensemble de la communauté internationale auraient un sens et une utilité si elles n'étaient pas respectées et suivies par un grand pays comme la Chine ?

Notre position, monsieur le Premier ministre, est tout aussi claire à l'égard du Tibet. En 1964, nous avons reconnu la République populaire de Chine dans ses frontières.

M. Christian Poncelet. Eh oui !

M. François Fillon, Premier ministre. Nous avons donc toujours estimé que le Tibet faisait partie intégrante de la Chine. Il n'empêche qu'il y a au Tibet un chef religieux, le représentant de la religion bouddhiste au Tibet, que nous avons le droit de recevoir et avec lequel nous avons le droit de parler, comme le font du reste tous les chefs d'État occidentaux.

La Chine a mal réagi à la rencontre entre le Président de la République et le dalaï-lama, comme cela était d'ailleurs assez prévisible. Je tiens à dire que cet incident ne nous détourne en rien de notre volonté de poursuivre le renforcement du partenariat stratégique avec la Chine.

D'ailleurs, ce partenariat stratégique s'exprime tous les jours. Il s'exprime en ce moment même, dans le golfe d'Aden, où nous participons à une opération commune de lutte contre la piraterie. Il s'exprime dans le front uni que nous avons constitué face à la question ô combien dangereuse pour le monde que pose la volonté de l'Iran de se doter d'une arme nucléaire. Il s'exprime à travers des partenariats scientifiques, médicaux ou encore en matière d'énergie.

Dès lors, monsieur le Premier ministre, la France continuera, comme elle le fait depuis quarante-cinq ans, à renforcer ce partenariat stratégique.

Dans cet esprit, je me réjouis que la délégation que vous conduirez à Pékin lors de la célébration du quarante-cinquième anniversaire du rétablissement de nos relations diplomatiques puisse, à l'occasion de cette visite, porter un message du Gouvernement français. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. Roland Courteau. Tout ça pour ça !

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