Question de M. FISCHER Guy (Rhône - CRC-SPG) publiée le 12/05/2011

M. Guy Fischer appelle l'attention de M. le ministre de la défense et des anciens combattants sur l'inquiétude du monde combattant qui voit ressurgir, à travers les écrits de certaines associations se réclamant du monde combattant, la tentative avortée en 2008 d'instaurer une « journée nationale du souvenir » instituant la date du 11 novembre comme date unique pour honorer les morts pour la France.
La réapparition de cette initiative, qui se réfère à l'une des conclusions du rapport Kaspi de 2008, avait à l'époque suscité la ferme opposition de l'immense majorité des associations du mouvement combattant, d'où son abandon. Elle aurait en effet pour conséquence de gommer les enseignements majeurs des dates historiques actuellement commémorées engendrant oubli, confusion, affaiblissement du travail de mémoire.
À une époque où les protagonistes des événements de notre histoire disparaissent, notamment les résistants et les déportés, il serait dangereux pour la Nation tout entière, pour la démocratie, de réduire notre corpus historique et mémoriel à la seule commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918.
Il conviendrait au contraire de traduire la fidélité que nous devons à nos morts et à nos héros par une transmission plus active, plus vigilante, du sens et des leçons des conflits qui ont meurtri le XXème siècle. Les élus locaux l'ont d'ailleurs bien compris qui, aux côtés des associations d'anciens combattants, effectuent des efforts méritoires pour associer les scolaires, la jeunesse, aux commémorations. C'est notamment le cas du conseil général du Rhône, qui emmène chaque année des collégiens au camp d'Auschwitz, ou encore des communes qui, en relation avec les enseignants, à travers les conseils municipaux d'enfants ou de jeunes, assurent un travail constructif de mémoire ancré sur nos différents repères historiques.
Comprenant et partageant l'émotion du monde combattant, il lui demande solennellement de lui faire connaître les intentions du Gouvernement à cet égard.

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Réponse du Ministère de la défense et des anciens combattants publiée le 04/08/2011

Conscient du risque de désaffection croissante à l'égard de ces commémorations, le Gouvernement a créé en décembre 2007 une commission de réflexion présidée par le professeur André Kaspi. Cette commission a rendu ses conclusions au Gouvernement le 12 novembre 2008. Elle a mis en lumière des enjeux importants, parmi lesquels la nécessaire pérennisation de la participation du public aux commémorations et le défi de la transmission aux jeunes générations des valeurs sous-jacentes à ces rassemblements mémoriels. Le Gouvernement a en revanche écarté l'idée d'une hiérarchisation des commémorations nationales, prélude à la disparition d'un certain nombre d'entre elles. Il a de même refusé de supprimer certaines journées nationales. En effet, s'il apparaît nécessaire de veiller à éviter la multiplication de journées, la persistance de certaines sensibilités mémorielles doit également être prise en compte. Refusant l'émiettement du devoir de mémoire, le Gouvernement s'est également exprimé en faveur de la reconnaissance de la journée du 11 novembre en tant que journée nationale de la mémoire et du souvenir pour tous les « morts pour la France » de tous les conflits.

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