Question de Mme ESCOFFIER Anne-Marie (Aveyron - RDSE) publiée le 22/12/2011

Mme Anne-Marie Escoffier attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l'aménagement du territoire sur le problème posé par les dégâts occasionnés par le cynips du châtaignier, insecte asiatique qui menace de ce fait ces châtaigneraies constituant un des fleurons de la forêt française, en particulier dans le Lot et l'Aveyron. Elle lui demande en conséquence de bien vouloir lui faire savoir quels sont les moyens de prévention prévus par les pouvoirs publics pour endiguer ce qui semble bien être un fléau.

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Réponse du Ministère des sports publiée le 08/02/2012

Réponse apportée en séance publique le 07/02/2012

M. le président. La parole est à Mme Anne-Marie Escoffier, auteur de la question n° 1538, adressée à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l'aménagement du territoire.

Mme Anne-Marie Escoffier. Monsieur le ministre des sports, je ne doute pas une seconde que vous serez très attentif à cette question concernant le canton dont je suis conseiller général et où se trouve un conservatoire régional du châtaignier.

Signe de l'évolution des temps, un certain nombre d'insectes jusqu'alors inconnus dans nos contrées apparaissent, se reproduisent et sévissent, provoquant des dégâts de plus en plus importants en matière d'environnement ou d'économie agricole.

Tel est le cas du cynips, appelé aussi chalcide du châtaignier, car c'est sur cette essence qu'il se développe de préférence. Originaire de Chine - je vous épargnerai les détails de son parcours jusqu'à notre pays -, ce parasite est à présent installé dans le sud de la France et sévit, entre autres, dans la Gironde, la Corrèze, le Lot et l'Aveyron. Ses larves, qui ne peuvent, hélas, pas être détectées durant l'automne et l'hiver, époque où elles effectuent leur travail de sape, apparaissent au printemps sous la forme de galles avec, pour conséquence de leur action, une diminution de la croissance des rameaux et, de ce fait, une baisse de 50 % à 70 % de la fructification.

Le cynips pénalise de ce fait non seulement la population de châtaigniers existante, mais encore la dynamique même de plantation des châtaigniers, puisque plusieurs arrêtés préfectoraux interdisent désormais, sur une période de trois ans, tout mouvement de matériel végétal du châtaignier à l'intérieur de la zone de lutte.

Or le problème posé par le cynips du châtaignier est qu'il n'existe pas, à ce jour, de méthode fiable et adaptée de lutte phytosanitaire ou sylvicole pour l'éradiquer, sinon une méthode sportive, consistant à couper les rameaux attaqués, ce qui est loin d'être suffisant !

Dans ces conditions, le problème est extrêmement complexe, mais il convient d'agir très vite, la prolifération de ce fléau risquant, à plus ou moins long terme, de faire disparaître les châtaigniers comme, pour une autre raison, nous avons vu disparaître les platanes du canal du Midi.

Je ne m'étendrai pas sur l'intérêt évident que présente la conservation du châtaignier, arbre admirable par sa forme, arbre de mémoire, dont le bois, jadis, en raison de sa forte résistance à l'humidité, était celui des coques de navire et des charpentes - je pense, en particulier, à celle de Notre-Dame de Paris -, arbre nourricier aussi, surnommé « arbre à pain » par ceux qui mangeaient ses fruits ou « arbre à saucisses » par ceux qui en faisaient l'aliment principal des troupeaux de porcs. Aujourd'hui, la châtaigne demeure la base traditionnelle de certains plats de la cuisine ou de la pâtisserie de nos terroirs.

Pour toutes ces raisons, monsieur le ministre, vous comprendrez l'urgence de ma question : quelles sont les mesures que les pouvoirs publics envisagent de prendre pour éradiquer le fléau du cynips ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

M. René Garrec. Voilà un beau chantier, monsieur le ministre !

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. David Douillet, ministre des sports. Madame la sénatrice, je vous demande tout d'abord de bien vouloir excuser Bruno Le Maire, actuellement retenu à son ministère. Vous l'avez interrogé sur les moyens de prévention prévus par les pouvoirs publics pour endiguer la propagation du cynips du châtaignier.

Vous l'avez dit, madame la sénatrice, ce parasite est considéré comme la menace la plus grave, au niveau mondial, pour le châtaignier, car il est à l'origine d'importantes réductions de croissance des arbres tant en milieu forestier qu'en verger. Dans ces derniers, les pertes de fructification entrainent des chutes de rendement pouvant atteindre 50 % à 70 % des fruits.

Apparu en France en 2007 et d'abord cantonné, jusqu'en 2010, aux seuls départements des Alpes-Maritimes et de Corse, ce parasite s'est fortement propagé en 2010 et 2011 : plusieurs foyers ont été recensés dans toutes les régions du sud de la France et un dans la région Centre.

Face à ce constat, des mesures d'urgence ont été prises. Un arrêté de lutte a été publié dès le 22 novembre 2010, réglementant les mouvements de plants de châtaigniers et mettant en place une surveillance des plantations et des établissements producteurs et revendeurs de plants. Lorsqu'un foyer est déclaré, un périmètre de quinze kilomètres de rayon est délimité, dans lequel et à partir duquel tout mouvement est interdit. Cet arrêté précise également les mesures de lutte - destruction des plants ou taille sanitaire - à mettre en œuvre lorsque le foyer est détecté.

À ce jour, les moyens de protection des châtaigneraies les plus efficaces sont la plantation de variétés tolérantes et l'introduction dans l'environnement de l'insecte parasitoïde Torymus sinensis. Ce dernier est utilisé au Japon depuis plusieurs années, avec de bons résultats. Un programme d'introduction a tout d'abord été conduit dans les Alpes-Maritimes où les premiers lâchers ont été réalisés en mai 2010.

Compte tenu de la propagation actuelle de ce ravageur, un projet d'introduction plus large est en cours. L'État soutient désormais financièrement, dans le cadre du plan Écophyto 2018 et du compte d'affectation spéciale « Développement agricole et rural », ou CASDAR, deux projets portés par l'Institut national de la recherche agronomique, l'INRA, et le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes, visant à accélérer la lutte biologique et la recherche de variétés tolérantes.

L'INRA a d'ores été déjà sélectionné huit sites, dans les départements de Haute-Corse, d'Ardèche, de la Drôme et du Var, au sein desquels il a introduit, en avril, l'insecte parasitoïde Torymus sinensis. Si les résultats s'avèrent probants, cette méthode de lutte biologique sera généralisée à l'ensemble des départements touchés.

Au-delà de ces aspects, j'attache beaucoup d'importance à ce sujet, à titre personnel, car le développement de ce parasite a une incidence directe sur la base nutritionnelle de la faune sauvage, qui risque de se trouver affectée.

M. le président. La parole est à Mme Anne-Marie Escoffier.

Mme Anne-Marie Escoffier. Je tiens à remercier M. le ministre pour les indications qui m'ont été apportées. La plus importante, à mes yeux, concerne le financement que le Gouvernement entend fournir pour développer les mesures de protection contre ces parasites.

Je connaissais les essais réalisés par l'INRA avec le Torymus sinensis, mais je me désolais de voir qu'ils n'étaient pas entrepris dans le département de l'Aveyron, qui ne figure pas sur la liste que vous avez citée, monsieur le ministre. J'en suis tout à fait malheureuse, parce que notre conservatoire régional est très orienté vers toutes ces recherches : il aurait donc mérité d'être inscrit sur la liste des projets financés. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

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