Question de M. GATTOLIN André (Hauts-de-Seine - ECOLO) publiée le 04/06/2015

M. André Gattolin attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur les problèmes sanitaires du buis et leur impact en matière économique.
Présent sur l'ensemble du territoire, dans des jardins privés comme dans des lieux publics emblématiques comme, par exemple, le jardin du Luxembourg ou le château de Versailles, le buis fait l'objet d'attaques de plusieurs bioagresseurs ces dernières années. Ces bioagresseurs sont la pyrale du buis (Cydalima perspectalis), un papillon originaire d'Asie, ainsi que le champignon « Volubella buxi ».
Dans ce contexte, une dépêche de l'Agence France-Presse datée du 25 avril 2015 se faisait l'écho de la mort de 20 à 25 % des pieds de buis des jardins du château de Vaux-Le-Vicomte.
À ce jour, les caractéristiques de cet arbuste, résistant, qui ne demande à être taillé qu'une fois par an et qui résiste au gel, ne permettent pas de lui substituer une autre espèce.
Des recherches dans le cadre du programme national « save Buxus » ont certes abouti à des résultats prometteurs au sujet de la lutte contre la pyrale. Une journée d'étude, organisée le 5 mars 2015 à Vaux-le-Vicomte, a permis de dégager quelques pistes mais n'a abouti à aucune solution efficace contre l'action concomitante de ces parasites résistants.
Il lui demande donc quelles mesures le Gouvernement entend prendre pour lutter contre ces bioagresseurs et quelles conditions de protection de l'environnement et des insectes pollinisateurs ont été assignées au programme « save Buxus ».

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 20/08/2015

Les bioagresseurs du buis qui émergent depuis quelques années sur le territoire national ne sont pas réglementés. Ils constituent cependant un risque important, tant pour la biodiversité et l'esthétique des buis en production horticole, que pour les lieux fréquentés par le public. Pour maîtriser cette pression biotique, deux actions complémentaires sont mises en œuvre : l'épidémiosurveillance et la protection biologique intégrée. Depuis 2009, le réseau de surveillance biologique du territoire (SBT), mis en place dans le cadre du plan Ecophyto et piloté par le ministère chargé de l'agriculture, permet de surveiller la pyrale et les maladies de dépérissement du buis dues aux champignons Volutella buxi, mais surtout Cylindrocladium buxicola, agent de la cylindrocladiose. Cette dernière et la pyrale sont d'introduction récente en France, tandis que Volutella buxi était déjà identifié dans les années 1970. Le complexe parasitaire créé par ces trois parasites menace l'existence du buis dans de nombreuses régions. Le département de santé des forêts (DSF) effectue également une surveillance de ces organismes nuisibles sur les buis forestiers. Les données issues du réseau SBT sont diffusées via les bulletins de santé du végétal (BSV), gratuits et disponibles sur internet. Ils permettent d'informer un large public de l'avancée des bioagresseurs du buis et des méthodes non chimiques pouvant être mises en œuvre au moment le plus opportun. Ces BSV ont mentionné à plusieurs reprises les parasites du buis dès 2013, en invitant professionnels et amateurs à la plus grande vigilance et à recourir, le cas échéant, à une stratégie de lutte intégrée. Ces mesures sont étudiées depuis 2014 par un consortium national appelé Save Buxus, co-piloté par Plante & cité, l'institut technique des espaces verts, et l'Astredhor, l'institut national de l'horticulture. Ce groupe d'études rassemble des structures privées et publiques, notamment le ministère chargé de l'agriculture, le ministère de la culture et l'institut national de la recherche agronomique. À la lumière des travaux réalisés jusqu'à présent et restitués lors d'une journée nationale à Vaux-le-Vicomte le 4 mars 2015 auprès de 200 gestionnaires de parcs et jardins, les méthodes de protection des buis préconisées contre les maladies consistent en la mise en œuvre de bonnes pratiques de culture et d'entretien (taille, irrigation et fertilisation raisonnées, ainsi que prophylaxie), associées à la plantation d'espèces et variétés peu sensibles ou tolérantes, voire à des arbustes de substitution. En complément de ces mesures préventives, des essais de traitements fongicides biologiques sont en cours de réalisation cette année. Ils devraient permettre de proposer à partir de 2016 ou 2017 des solutions de biocontrôle pour prévenir ou limiter les infections, à la faveur d'une meilleure connaissance de la biologie des champignons. Les données de surveillance évoquées ci-avant y contribuent. En ce qui concerne la pyrale, la lutte intégrée consiste à capturer les papillons mâles avec des pièges à phéromones sexuelles, puis à réaliser si nécessaire une application d'insecticide biologique (Bacillus thuringiensis var. kurstaki). L'institut national de recherche agronomique (INRA) étudie cette année des méthodes complémentaires, comme le piégeage de masse, la confusion sexuelle ou la lutte biologique par lâcher inondatif de petites « guêpes » parasitoïdes des pontes de la pyrale (appartenant notamment au genre Trichogrammes).

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