Question de M. LONGUET Gérard (Meuse - Les Républicains) publiée le 16/12/2016

Question posée en séance publique le 15/12/2016

M. Gérard Longuet. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Le 6 décembre, madame la ministre, vous êtes allée, en bonne écolière, chercher votre bulletin de notes (M. Didier Guillaume s'exclame.) à l'OCDE. Il est bon, en effet, que le ministre français accepte un jugement international !

Le résultat pour notre éducation est, hélas ! consternant : les notes sont médiocres. Sur le sujet qui nous tient tous à cœur de la promotion sociale, le résultat est plus lourd encore !

Vous avez le 29 novembre, et avec raison, commenté les résultats navrants de l'enseignement des mathématiques dans notre pays, qui constituait jusqu'à présent notre fierté nationale. Vous avez reconnu cet échec, ce qui est d'une certaine façon à votre crédit. Vous n'avez pas commenté l'enquête Cèdre de votre ministère en juillet sur la lecture, lequel nous apprend que plus d'un cinquième des élèves entrant au collège ne maîtrisaient en rien la lecture.

Ma question est très simple. Les solutions quantitatives ne fonctionnent pas, comme le rapport de la Cour des comptes de mai 2013 l'a prouvé. (M. Jean-Louis Carrère s'exclame.) Quant aux solutions qualitatives, le désordre de vos projets vous fait renvoyer à 2021 ou à 2024 tout jugement sur l'efficacité de vos réformes. Avez-vous l'intention de consacrer ces cinq prochains mois…


M. Didier Guillaume. Les cinq prochaines années !


M. Gérard Longuet. … à un examen critique de vos échecs, madame la ministre ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Françoise Gatel et M. Michel Canevet applaudissent également.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 16/12/2016

Réponse apportée en séance publique le 15/12/2016

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur, Cèdre, TIMMS, PISA, il ne vous aura évidemment pas échappé que chacune de ses enquêtes porte sur des enfants qui sont entrés à l'école primaire en 2006 (Exclamations et marques d'ironie sur les travées du groupe Les Républicains.) et au collège en 2010. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. Jacques Grosperrin. Assumez !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. À votre avis, quelle scolarité ont-ils connue ? Une scolarité marquée par les choix désastreux du gouvernement auquel vous avez appartenu (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) : suppression du nombre de professeurs dans l'éducation, suppression de la formation initiale des enseignants (Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains frappent sur leur pupitre.), retrait de l'éducation prioritaire ! (Huées sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Didier Guillaume. C'est la réalité !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Voilà ! C'est aussi simple que cela !

Monsieur le sénateur, vous ne pouvez pas vous intéresser au diagnostic établi par l'OCDE dans son enquête PISA sans vous intéresser aussi à ses conclusions. Quelles sont-elles ? (M. Ladislas Poniatowski s'exclame.) L'OCDE le dit très précisément : les réformes éducatives conduites depuis 2012 vont dans le bon sens (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.) pour rétablir l'efficacité du système éducatif et le rendre plus équitable !

Après avoir apporté ces précisions, monsieur Longuet, je vous interrogerai à mon tour, car vous venez de produire un rapport que j'ai pris le temps de lire. Je vous le demande très sérieusement, pensez-vous que c'est en imposant, comme vous le proposez, à certains enseignants de travailler six heures de plus par semaine sans être payés davantage que vous rétablirez la qualité de notre système éducatif ? (Applaudissements sur plusieurs travées du groupe socialiste et républicain. – Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Pensez-vous sérieusement que c'est en supprimant 145 000 postes de fonctionnaires dans l'éducation nationale (M. Claude Bérit-Débat applaudit.) que vous allez mieux encadrer les enfants ?

En effet, je le répète, la refondation de l'école produira ses effets sur la réussite des enfants une fois qu'ils auront fait toute leur scolarité. Rendez-vous en 2019 et en 2021 pour tirer des conclusions ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe CRC. – M. Joseph Castelli applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. Gérard Longuet, pour la réplique.

M. Gérard Longuet. Je remercie Mme la ministre d'ouvrir un débat que nous aurons en public devant tous les Français durant les cinq prochains mois. Je constate qu'il n'y a dans sa démarche aucune part d'autocritique (Protestations prolongées sur les travées du groupe socialiste et républicain.) et aucune ouverture.

Je lui suggère deux pistes extrêmement simples : la première, c'est de poser le principe que l'enseignement est d'abord la transmission du savoir ; la seconde, c'est que les professeurs doivent s'intéresser aux élèves, à condition que ces derniers s'engagent et que les parents soient responsables de leurs enfants ! (M. Jérôme Durain frappe sur son pupitre.)

M. le président. Il faut conclure !

M. Gérard Longuet. J'ajoute enfin que, si l'éducation doit être nationale, elle doit être aussi décentralisée et s'appuyer sur les collectivités locales. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.)

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