Question de M. KAROUTCHI Roger (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 22/11/2018

M. Roger Karoutchi interroge M. le ministre de l'intérieur sur le nombre de suicides chez nos forces de l'ordre, pour un total de 491 décès entre 2011 et 2017 inclus.

Bien que cet effroyable chiffre ne puisse être exclusivement rattaché à des raisons professionnelles, les pouvoirs publics doivent s'inquiéter des conditions de travail de nos militaires et fonctionnaires, serviteurs fidèles et loyaux de notre République.

De plus, fin mai 2018, le journal « Le Figaro » expliquait que le nombre des suicides au sein de la gendarmerie nationale était en hausse, ajoutant qu'une source interne commentait que le « voyant est passé au rouge alors qu'il était à l'orange ».

Face à ce constat alarmant, il veut connaître l'évolution de ces chiffres pour l'année 2018. Il demande aussi à être informé quant aux solutions prises par le ministère de l'intérieur pour enrayer ce fléau.

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 07/03/2019

Le sujet du suicide, éminemment dramatique et complexe, est une préoccupation majeure et constante du ministère de l'intérieur qui conduit de longue date une politique volontariste en la matière. En 2018, la gendarmerie comptabilise 33 suicides, et la police nationale 35. S'il est établi que les causes du suicide sont majoritairement d'ordre privé, la difficulté du métier ne peut être éludée parmi les facteurs déclenchant un passage à l'acte. Au sein de la gendarmerie, le suivi statistique rigoureux des actes auto-agressifs permet d'en observer les variations et de nourrir la réflexion. Cette dernière a débouché sur la mise en œuvre d'actions propres à cette problématique et s'est aussi élargie à la prévention des risques psychosociaux depuis 2014. Cette politique globale de prévention des risques psychosociaux vise à réduire les risques professionnels impliqués dans le processus suicidaire en renforçant la capacité de l'institution et de l'ensemble de ses acteurs à dépister, intervenir et soutenir les personnels exposés. En parallèle, la politique d'accompagnement psychologique adaptée aux besoins de la gendarmerie assure l'accompagnement psychologique des personnels (soutien post-événementiel, suivis individuels des personnels en souffrance, accompagnement préventif d'unités ou de fonctions exposées) et des familles. En février 2018, le plan de prévention du risque suicidaire, construit sur trois niveaux de prévention (primaire, secondaire, tertiaire) a été présenté au ministre de l'intérieur. S'agissant de la police nationale, elle dispose depuis 1996 d'un service de soutien psychologique opérationnel qui compte plus de 80 psychologues cliniciens répartis sur l'ensemble du territoire. Ils travaillent en collaboration avec les autres acteurs de l'accompagnement (médecine de prévention, etc.). Les actions entreprises depuis de longues années ont permis, par la mise en place d'un réseau d'acteurs et d'instances de dialogue et d'écoute, de développer une culture commune pour tenter de mieux détecter et prévenir les suicides et leurs tentatives. Pour améliorer encore la détection des personnels en difficulté, la réactivité et la prise en charge au niveau local, un nouveau « programme de mobilisation contre le suicide » a été lancé fin 2017. Plusieurs groupes de travail, chargés de décliner de manière concrète ces mesures, ont été mis en place. Ils devraient achever leurs travaux durant le premier trimestre 2019. En concertation avec les représentants du personnel, l'administration poursuit et intensifie donc son action pour s'efforcer de toujours mieux détecter et prévenir les suicides et leurs tentatives. Le ministre de l'intérieur, qui a fait de l'amélioration des conditions de travail des policiers et de la lutte contre le drame du suicide une de ses priorités, suivra avec la plus extrême attention la mise en œuvre du programme de mobilisation contre le suicide.

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