Question de Mme BLONDIN Maryvonne (Finistère - SOCR) publiée le 27/12/2018

Mme Maryvonne Blondin souhaite interroger M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, sur les mesures que le Gouvernement entend prendre afin de soutenir le développement de l'éolien flottant.

La France a été le premier pays à développer l'éolien flottant et la filière dispose aujourd'hui d'un potentiel important pour se développer et assurer des coûts compétitifs de l'électricité. Les projets ne cessent d'ailleurs de se multiplier en la matière.

La programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), dévoilée en décembre 2018, devait constituer l'occasion d'engager pleinement le pays dans une profonde transformation de modèle énergétique, notamment en soutenant les énergies marines dont l'éolien flottant. Pour donner un avenir à cette technologie, les objectifs nationaux auraient dû être à la hauteur des investissements industriels demandés. Or, force est de constater que la PPE manque cruellement d'ambition : les appels d'offres sont décalés de deux ans, risquant d'enrayer la compétitivité de la France en la matière par rapport aux autres pays et reportant, encore une fois, une transition énergétique pourtant absolument nécessaire.

Le 6 décembre 2018, une commission d'enquête a rendu un avis favorable à la construction de la ferme pilote d'éoliennes flottantes au large de l'île de Groix et de Belle-Île-en-Mer et à son raccordement au réseau public d'électricité. Si la décision du préfet, au premier trimestre 2019, s'avérait positive, la construction pourrait être amorcée pour une mise en service à l'horizon 2021. En outre, la région Bretagne a scellé, en septembre 2018, un nouvel accord de partenariat avec le groupe WPD, producteur d'électricité 100 % renouvelable, sur l'éolien flottant.

Le développement de la filière des énergies marines constitue une priorité forte pour cette collectivité, qui s'est traduite, dès 2016, par le vote d'une véritable stratégie en la matière au sein de laquelle l'éolien flottant tient une large place. La Bretagne a effectué un important travail pour déterminer les zones propices en mer à l'accueil de ces futurs parcs. L'éolien flottant constitue pour la Bretagne, comme pour la France, une véritable opportunité, qui permettrait de créer des emplois, de réduire les coûts de l'électricité produite et de mieux protéger l'environnement.

Aussi, elle souhaite l'interroger sur les dispositions que le Gouvernement entend prendre pour favoriser davantage le développement de l'éolien flottant.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire publiée le 15/05/2019

Réponse apportée en séance publique le 14/05/2019

Mme Maryvonne Blondin. Hasard du calendrier, le sujet de cette question, que j'ai déposée en décembre dernier, a fait l'objet d'un article du Canard enchaîné la semaine dernière et d'un article dans Ouest-France aujourd'hui. Cela aurait presque pu être une question d'actualité.

La France a été le premier pays à se lancer dans l'aventure de l'éolien flottant, mais aucun projet n'est encore sorti de l'eau en quinze ans, alors que notre concurrent le plus direct, l'Allemagne, va produire 5,3 gigawatts en 2020, soit l'équivalent de cinq à six centrales nucléaires.

Malgré les affichages des différents plans d'énergie renouvelable – Grenelle, transition énergétique, plan Climat –, rien ne bouge ! Les difficultés rencontrées sont de tous ordres : administratifs, juridiques, financiers. S'y ajoute un manque d'ambition évident de la politique gouvernementale.

Or, sur le terrain, les professionnels et les chercheurs se sont lancés, soutenus par les élus. En novembre dernier, les présidents des régions littorales ont réagi au projet de la PPE, jugeant le volet énergies marines particulièrement insuffisant. Ces régions ont fait le choix d'accompagner le développement de cette filière, en engageant des investissements portuaires massifs et en mobilisant leurs écosystèmes d'entreprises.

Six projets de parcs sont annoncés, mais, encore une fois, retardés, au risque d'enrayer la compétitivité de la France et de reporter une énième fois la transition énergétique, pourtant absolument nécessaire.

Face à l'insuffisance de ce volet, concernant les énergies marines, les six régions littorales métropolitaines ont élaboré, lors du conseil des présidents de régions de France, une contre-proposition ambitieuse pour répondre aux attentes des territoires en matière de transition énergétique.

Où en sommes-nous ? Quelles mesures le Gouvernement entend-il prendre pour soutenir l'éolien flottant, mais aussi l'hydrolien, et l'engagement des régions concernées ?

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Madame la sénatrice Maryvonne Blondin, comme vous le soulignez à raison, les énergies renouvelables en mer sont une composante majeure de la transition énergétique. La loi de 2015 pour la transition énergétique et la croissance verte fixe un objectif de 40 % d'électricité renouvelable dans le mix électrique d'ici à 2030, et les énergies marines renouvelables seront nécessaires pour y parvenir.

Dans ce contexte, le Gouvernement souhaite en priorité développer l'éolien en mer posé et l'éolien flottant, qui sont les filières les plus matures des énergies marines renouvelables. Le gisement est important, la production d'énergie est plus régulière et importante qu'à terre, et ces technologies sont créatrices d'emplois en France.

Pour ce faire, le projet de programmation pluriannuelle de l'énergie, la PPE, propose un calendrier des prochains projets éoliens en mer. Il prévoit, en particulier, l'attribution par l'État d'un nouveau projet chaque année. Le Gouvernement propose ainsi de lancer, après un nouveau projet d'éolien en mer posé en Normandie, deux premiers appels d'offres commerciaux d'éolien flottant en Bretagne et en Méditerranée. L'annonce d'appels d'offres commerciaux sur l'éolien flottant constitue une première en Europe. Le projet de programmation ouvrira ensuite la voie au lancement d'autres projets pour atteindre une capacité installée comprise entre 4,7 et 5,2 gigawatts en 2028.

Pour l'éolien flottant, plus particulièrement, l'enjeu est de permettre à cette filière de passer au stade industriel, après notre soutien aux quatre fermes pilotes en Bretagne et en Méditerranée. La France dispose en effet d'un avantage compétitif que nous conserverons en étant les premiers en Europe à annoncer un appel d'offres d'éolien flottant commercial. Cependant, cette technologie est encore coûteuse en termes de soutien public et, si les acteurs s'accordent à considérer que les prix se rapprocheront à moyen terme de ceux de l'éolien posé, les premiers parcs seront forcément plus chers. Dans un souci de maîtrise de l'impact sur les consommateurs et sur le budget de l'État, le Gouvernement a donc proposé de lancer la filière avec deux projets commerciaux, afin d'enclencher la baisse des prix et d'augmenter les volumes au fur et à mesure de la plus grande compétitivité de cette technologie.

Pour engager ces futurs projets et comme le prévoit la réforme issue de la loi Essoc, le ministre d'État François de Rugy saisira la Commission nationale du débat public préalablement au lancement de l'appel d'offres pour qu'elle détermine les conditions de la consultation du public sur le prochain projet éolien en mer. Pour l'éolien flottant en Bretagne, la CNDP sera saisie d'ici à la fin de 2019 afin de lancer cette première étape.

La mobilisation des acteurs pour l'éolien flottant, en particulier des régions comme la Bretagne, l'Occitanie ou Provence-Alpes-Côte d'Azur, est un signal fort et essentiel pour le lancement des filières industrielles. Pour garantir le succès de l'éolien flottant, il est indispensable que l'ensemble des parties prenantes se mobilisent. Je vous confirme que l'État jouera pleinement son rôle.

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