Question de Mme TOCQUEVILLE Nelly (Seine-Maritime - SOCR) publiée le 20/02/2019

Question posée en séance publique le 19/02/2019

Mme Nelly Tocqueville. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Monsieur le ministre, alors que l'examen du projet de loi pour une école de la confiance vient de s'achever à l'Assemblée nationale, je souhaite vous interpeller sur la situation des trente-deux écoles supérieures du professorat et de l'éducation, les ÉSPÉ, qui forment aux métiers du professorat, de l'éducation et de la formation.

Ces établissements sont également des composantes spécifiques, intégrées aux universités, que nous avions créés pour permettre la formation indispensable des enseignants après la suppression brutale et injustifiée des instituts universitaires de formation des maîtres par Nicolas Sarkozy. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Aujourd'hui, les ÉSPÉ sont inquiètes. Le projet de loi vise, en effet, à les transformer en instituts, ce qui suscite des interrogations sur l'intention sous-tendant ce glissement de terminologie. Cette modification pourrait porter atteinte à la lisibilité de la formation des enseignants et des conseillers principaux d'éducation. Les ÉSPÉ ont, sans nul doute, fait leurs preuves et sont une composante reconnue des universités : elles craignent une perte de notoriété.

Par ailleurs, cette transformation des ÉSPÉ en instituts apparaît purement « symbolique », mais c'est un symbole dont le coût est estimé à 1 million d'euros. Alors que l'on demande à nos concitoyens d'adopter des comportements vertueux pour réaliser de substantielles économies, ne serait-il pas opportun, en l'occurrence, d'appliquer la même règle à tous les niveaux de l'État ?

Enfin, la concertation semble avoir été absente de l'élaboration de cette réforme. Les personnels expriment leur attente d'informations, d'autant que la mise en œuvre est prévue pour la rentrée de septembre. Il est évidemment indispensable d'associer les enseignants aux évolutions, car eux aussi savent ce qui fonctionne ou pas. Alors que le mot « débat » fleurit sur toutes les lèvres, n'aurait-il pas été opportun de l'organiser en amont, avec tous les acteurs du monde éducatif ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur des travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 20/02/2019

Réponse apportée en séance publique le 19/02/2019

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Madame la sénatrice Tocqueville, la formation des enseignants se déroule effectivement au sein des universités, mais je crois que nous pouvons nous accorder sur le constat qu'elle est encore perfectible sur de nombreux points : je pense notamment à la place du concours. Cela fait partie des dossiers que nous avons ouverts.

Hier encore, mon collègue Jean-Michel Blanquer et moi-même étions avec la présidente du réseau des ÉSPÉ et la Conférence des présidents d'université. Nous travaillons dans la concertation, de façon à faire de ces futurs instituts des lieux où l'on saura concilier une formation disciplinaire d'excellente qualité et une meilleure compréhension de la réalité du métier d'enseignant, avec davantage de pratique professionnelle dans les programmes, dont nous allons discuter dès la rentrée 2019. En outre, les pratiques professionnelles seront davantage mises en lien avec la recherche. Par conséquent, ces instituts ont évidemment toute leur place au sein des universités.

Le dialogue se poursuit depuis maintenant plusieurs mois avec les responsables des ÉSPÉ et les enseignants-chercheurs. Nous aurons demain matin une réunion avec l'ensemble des organisations syndicales pour évoquer cette réforme. Il est évidemment indispensable que, pour préparer cette nouvelle professionnalisation, et notamment une entrée accompagnée dans le métier, les processus de prérecrutement soient opérationnels à la rentrée 2019, de façon que nous disposions de deux ans pour construire le contenu des programmes, adapter la forme des concours à celui-ci et faire en sorte que les jeunes qui seront en préprofessionnalisation dès la rentrée 2019 puissent ensuite rejoindre les instituts.

M. le président. La parole est à Mme Nelly Tocqueville, pour la réplique.

Mme Nelly Tocqueville. Je vous remercie, madame la ministre, mais vous dites vous-même que vous continuez à travailler et à réfléchir : ce n'est pas rassurant pour la rentrée 2019… Je note en outre que vous n'avez pas répondu à la première question que je vous ai posée. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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