Question de M. BUIS Bernard (Drôme - LaREM) publiée le 07/06/2019

Question posée en séance publique le 06/06/2019

M. Bernard Buis. Ma question s'adresse à Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Monsieur le secrétaire d'État, hier, un collectif emmené par France Générosités et le Mouvement associatif a poussé un cri d'alarme, un cri d'alerte quant à la situation financière du secteur durant ces deux dernières années et aux perspectives futures.

Je partage bien entendu le constat général sur la situation budgétaire de notre pays : nous avons besoin de réduire les dépenses. Il y va indéniablement de notre crédibilité vis-à-vis des investisseurs étrangers, qui, selon les derniers chiffres, réinvestissent fortement grâce à la politique menée par le Gouvernement depuis deux ans.

Bien sûr qu'il existe une forme d'abus chez certains, qui ont un intérêt purement financier sous couvert de philanthropie. Ils profitent de la défiscalisation du don aux fondations et associations, qu'ils utilisent comme une niche fiscale comme les autres. C'est un détournement de la philosophie même du don !

Cela étant, tout l'enjeu de votre action, monsieur le secrétaire d'État, est de changer les mentalités. Vous avez ouvert sur ce sujet plusieurs pistes en novembre dernier et apporté encore ce matin des réponses concrètes qu'il serait bon de rappeler.

Vous le disiez vous-même, les associations représentent un trésor, un trésor qu'il nous faut préserver.

À l'heure où l'on évoque des ajustements quant à la fiscalité du mécénat et du don, il faut agir avec mesure et précision. Vous n'êtes pas sans savoir qu'en modifiant la fiscalité, même légèrement, on peut provoquer des changements de comportements chez nos concitoyens qui impactent radicalement nos trésors associatifs.

À l'heure où certains s'inquiètent de la situation financière de nos associations et de la baisse des dons enregistrés ces deux dernières années, pouvez-vous nous dire ce que vous comptez faire pour répondre à ces inquiétudes légitimes ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

- page 8062


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 07/06/2019

Réponse apportée en séance publique le 06/06/2019

M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. La France est une terre de solidarité et de générosité. Ce mouvement a tendance à s'accentuer : depuis dix ans, les dons des particuliers ont augmenté de 70 % ; le mécénat des entreprises a doublé en cinq ans.

On le voit bien, il y a là l'émergence d'un mouvement qui s'appuie sur des bouleversements culturels : les entreprises ont plus intérêt à donner et à s'engager pour se conformer aux attentes des consommateurs et des jeunes actifs qui arrivent sur le marché du travail et veulent donner du sens à leur métier.

Nous avons donc des raisons d'être optimistes malgré la baisse des dons, de l'ordre de 4 %, constatée en 2018. Il est vrai que, confrontés à des modifications fiscales, notamment la transformation de l'ISF en IFI, les contribuables ont eu tendance à attendre de voir comment les choses évoluaient. Pour autant, il n'y a pas de raison que le don ne reparte pas à la hausse dans notre pays.

Nous travaillons avec Jean-Michel Blanquer sur le rebond du don en France, en préparant des mesures très concrètes, que je n'ai pas le temps de détailler. Ce matin, par exemple, j'ai réuni à la Gaîté-Lyrique l'ensemble des représentants des grandes fondations, des mécènes, des philanthropes, des membres d'associations pour échanger avec eux sur cette question de la philanthropie et du développement d'une culture du don en France. Plusieurs voies ont été évoquées.

L'un des axes de réflexion que nous avons privilégiés avec Jean-Michel Blanquer concerne une véritable éducation à la philanthropie et à l'engagement à l'école. Dans ce domaine, nous avons beaucoup à faire, et des exemples étrangers montrent que nous pouvons implanter beaucoup de choses dans notre culture sociale.

Nous voulons aussi lever les freins aux dons. Une mission parlementaire étudie la question de la réserve héréditaire, qui pourrait être assouplie pour les Français désireux de donner davantage à des associations. Il y a aussi des pistes à travers les plateformes numériques, le crowdfunding…

Vous posez la question du mécénat. Elle a été abordée ce matin. Je veux le dire très clairement : le mécénat n'est pas une niche fiscale, et il doit être conforté. Cela n'interdit pas de s'interroger sur des abus et des dévoiements, précisément parce que le mécénat n'a pas vocation à devenir une niche fiscale. Je rappelle que nous avons libéré le mécénat des PME-TPE, qui peuvent déduire, depuis le début de l'année, jusqu'à 10 000 euros.

M. le président. Il faut penser à conclure !

M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. Je conclus, monsieur le président.

Voilà pour répondre à vos questions, monsieur le sénateur Buis. Nous travaillons en lien avec les acteurs sur l'ensemble de ces sujets. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

- page 8063

Page mise à jour le