Question de M. REICHARDT André (Bas-Rhin - Les Républicains) publiée le 24/10/2019

Question posée en séance publique le 23/10/2019

M. André Reichardt. Monsieur le Premier ministre, ma question porte sur le Burkina Faso. Ce pays, miné par le développement du terrorisme islamique, est au bord de l'effondrement. Un tiers de son territoire est déjà aux mains des djihadistes.

Alors que, selon l'ONU, on comptait fin août 290 000 déplacés, ils seront probablement 500 000 à la fin de l'année ; 3 000 écoles sont déjà fermées, de même que tous les hôpitaux et dispensaires des zones concernées.

Le pire est que l'influence des terroristes ne cesse de grandir. Désormais, ce sont des attaques quasi quotidiennes qui frappent le pays, avec leur cortège de pertes humaines, militaires et civiles.

L'armée nationale est malheureusement impuissante à endiguer cette progression. Le risque est de voir le scénario malien se rejouer dans ce pays. Cela est d'autant plus grave que le Burkina Faso n'est pas n'importe quel pays : il est assurément un verrou stratégique pour bloquer l'expansion du terrorisme vers les pays du golfe de Guinée, tels que le Togo, le Bénin, la Côte d'Ivoire et le Ghana qui s'inquiètent à juste titre.

Les pays de la Cédéao ont d'ailleurs solennellement tiré la sonnette d'alarme lors d'un sommet extraordinaire mi-septembre à Ouagadougou.

Monsieur le Premier ministre, mes questions à cet égard sont simples.

Tout d'abord, cinq ans après le succès de l'opération Serval, qui avait permis d'empêcher le renversement de l'État au Mali, et compte tenu de la gravité de la situation au Burkina Faso, que compte entreprendre la France ?

Ensuite, le Président de la République a annoncé à la fin de l'été « un nouveau partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel », qui peut assurément concerner des pays européens, mais également la Cédéao, laquelle s'est notamment engagée à financer une nouvelle force régionale à côté du G5 Sahel : pouvez-vous nous éclairer à ce sujet ?

Enfin, dans la mesure où c'est la pauvreté plus que le fondamentalisme religieux – on le sait – qui fait basculer la population dans le terrorisme, n'y a-t-il pas lieu d'accroître plus encore, et plus spécifiquement, l'aide au développement versée à ce pays, en liaison avec tous les acteurs possibles au niveau national, mais aussi au niveau international ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes LaREM, UC, RDSE et Les Indépendants.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre des armées publiée le 24/10/2019

Réponse apportée en séance publique le 23/10/2019

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des armées. Monsieur le sénateur, vous posez une question importante et décrivez une situation, celle du Burkina Faso actuellement, qui est effectivement très difficile.

Dans ce pays, les attaques terroristes se multiplient, les victimes civiles et militaires se multiplient également puisque, le week-end dernier encore, quatre militaires et un policier ont été tués.

Vous décrivez aussi une détérioration de la situation humanitaire. C'est une réalité : on dénombre 250 000 déplacés et, peut-être, 1,2 million de personnes qui auraient besoin d'une aide humanitaire dans ce pays.

Bien entendu, nous soutenons le Burkina Faso de différentes façons.

Tout d'abord, nous le soutenons sur le plan militaire, puisqu'il existe une coopération bilatérale, qui a été renforcée fin 2018. Nous sommes aux côtés de ce pays dans le domaine du renseignement, ainsi qu'en matière d'appui au feu et d'appui au commandement, afin de l'aider à lutter plus efficacement contre le terrorisme.

Nous sommes également aux côtés du Burkina Faso dans le cadre du G5 Sahel, qui permet à l'Europe de venir en soutien des cinq pays de la zone et de former leurs armées.

Ensuite, comme l'a dit le Président de la République lors du sommet de Biarritz, nous les soutenons au travers du partenariat stratégique pour la sécurité et la stabilité au Sahel, notre ambition étant que la communauté internationale développe les capacités de chaque pays à se défendre et se protéger dans cette région.

Enfin, nous soutenons le Burkina Faso via l'augmentation de nos efforts en matière d'aide au développement. Ainsi, l'Agence française de développement, l'AFD, versera 160 millions d'euros à ce pays en 2019 – dont 100 millions d'euros de dons – contre 100 millions d'euros en 2018, crédits destinés à favoriser l'entrepreneuriat et l'éducation. L'Alliance Sahel, qui est une initiative franco-allemande, vise également à améliorer l'efficacité de l'aide au développement.

Nous mettons toutes ces initiatives en ordre de marche, si je puis dire, et ce le plus efficacement possible, mais je suis d'accord avec vous pour dire que le travail est immense. Nous devons rester humbles devant la tâche,…

M. le président. Il faut conclure !

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État. … et surtout particulièrement actifs.

Je vous sais vous-même attentif à la situation de ce pays. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM. – Mmes Françoise Laborde et Michèle Vullien applaudissent également.)

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