Question de Mme SITTLER Esther (Bas-Rhin - Les Républicains) publiée le 09/01/2020

Question posée en séance publique le 08/01/2020

Mme Esther Sittler. Monsieur le ministre de l'intérieur, dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, des voitures ont brûlé dans de très nombreuses villes en France. Cela devient une « tradition » révoltante, à laquelle il est urgent de mettre un terme.

À Strasbourg, la situation a été particulièrement tendue : le maire estime à 220 le nombre de voitures brûlées et les policiers ont, bien sûr, été pris pour cibles.

Je viens de m'entretenir avec les responsables du SDIS du Bas-Rhin. Ce qu'ont vécu les pompiers ce soir-là donne une idée du niveau de violence dans certains quartiers et du niveau de haine chez certains de nos concitoyens.

À deux heures du matin, les sapeurs-pompiers ont fait face à une violence jusque-là inédite. Dans la Cité nucléaire, l'une des plus importantes de Strasbourg, les jeunes assaillants leur ont littéralement tendu un guet-apens, au moyen de barrages constitués de poubelles en flammes. Les pompiers racontent qu'ils ont été encerclés, le but étant de les lyncher.

Un sapeur-pompier a reçu un projectile à la tête, qui l'aurait à coup sûr tué s'il n'avait pas eu de casque. Sans la dextérité du chauffeur du camion, l'équipage à l'intérieur aurait été assailli et agressé. Il s'agissait non plus seulement de casser du matériel, mais de s'en prendre physiquement aux équipages.

Les sapeurs-pompiers ont témoigné de la préméditation de ces agressions, qui ont d'ailleurs été filmées par ces voyous.

Monsieur le ministre, je vous mets en garde : les propos indignés ne suffiront plus ! Les condamnations exprimées au journal de 20 heures ne suffiront pas davantage. Vous devez ouvrir les yeux et nous dire ce que vous comptez faire pour que ces nuits de violences ne se reproduisent plus.

Comment comptez-vous protéger nos pompiers ? Comment comptez-vous reconquérir ces enclaves qui échappent à la République et qui sont minées par le communautarisme ?

Par ailleurs, pouvez-vous nous dire combien de voitures, en France, ont brûlé dans la nuit de la Saint-Sylvestre ? Les Français ont le droit de savoir et les élus ont besoin de connaître la réalité chiffrée. La presse, ce matin, évoquait 1 457 voitures brûlées, soit une augmentation de 13 % par rapport à l'an passé. Pouvez-vous nous le confirmer ?

J'attends, dans votre réponse, un chiffre précis,…


M. le président. Il faut conclure.


Mme Esther Sittler. … car ce n'est pas en cachant le problème que vous le réglerez. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Jean-Marie Bockel applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 09/01/2020

Réponse apportée en séance publique le 08/01/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, madame la sénatrice, comme l'année dernière, j'ai fait le choix de ne pas commenter le chiffre des voitures brûlées. C'est d'ailleurs le choix qu'avait également fait mon prédécesseur, Brice Hortefeux, qui, encore ce matin, a évoqué, dans les médias, une décision simple et intelligente.

Il s'agit d'éviter d'alimenter le concours imbécile entre quartiers, communes ou départements auquel participent quelques abrutis qui trouvent logique d'incendier les voitures de leurs voisins ou de leurs amis, dans leur propre quartier.

Il ne s'agit pas de cacher la vérité, qui est celle que vous avez évoquée, madame la sénatrice. La vérité est celle de ces violences insupportables, inacceptables, en particulier à Strasbourg et autour de Strasbourg, où le niveau de violence a été parmi les plus élevés cette année, comme votre question le montre bien – je ne puis que vous le confirmer.

Globalement, à l'échelle nationale, les violences contre nos forces de sécurité intérieure enregistrées le 31 décembre – à Strasbourg, elles ont débuté dès le 30 – ont diminué de près de 50 % cette année. Le nombre de voitures incendiées fait quant à lui l'objet de cette espèce de concours que j'ai dénoncé.

Il importe également de constater le niveau d'engagement de nos forces de sécurité intérieure : près de 290 agents ont été mobilisés à Strasbourg, en plus de celles et de ceux qui sont habituellement engagés sur le terrain, pour essayer de couvrir l'ensemble du territoire.

De la même façon, près de 10 000 gendarmes et policiers ont été engagés partout en France, soit le même niveau d'engagement que l'année dernière. Avec les sapeurs-pompiers, ce sont près de 15 000 femmes et hommes qui ont été engagés.

Nous devons encore renforcer cet effort. C'est la raison pour laquelle le Président de la République et le Gouvernement se sont engagés à lancer un plan de recrutement de près de 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires. Comme vous le savez, ces personnels sont présents jour et nuit sur le terrain ! Pour eux, il n'y a ni Noël ni Saint-Sylvestre.

Nous devons également sécuriser l'action de nos sapeurs-pompiers. C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité que des conventions locales de sécurité soient établies partout, dans tous les quartiers difficiles, pour qu'ils n'aient à aucun moment à intervenir sans être protégés par les forces de sécurité intérieure.

Les deux minutes qui me sont allouées ne me permettent pas de répondre à toutes vos questions, madame la sénatrice. Quoi qu'il en soit, vous avez raison, nous devons mener un combat dans chaque mètre carré de notre territoire, pour que la République soit partout chez elle. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM et sur des travées du groupe RDSE.)

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