Question de M. MONTAUGÉ Franck (Gers - SOCR) publiée le 25/06/2020

Question posée en séance publique le 24/06/2020

M. le président. La parole est à M. Franck Montaugé, pour le groupe socialiste et républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

M. Franck Montaugé. Madame la ministre du travail, votre réforme de l'assurance chômage a été très dure à l'égard des Français pour lesquels le travail, au-delà du besoin et de la nécessité, est une valeur centrale. Le contexte économique et social engendré par la pandémie la rend aujourd'hui inique et complètement inadaptée à la nécessité de relance économique et à l'obligation de solidarité nationale.

Dans une telle situation, comment entendez-vous revenir sur les principes de votre réforme ? Les mesures que vous allez prendre doivent atténuer la crise sociale et contribuer à la relance de la demande intérieure du pays. Le chômage va exploser : pour tous ceux qui y seront confrontés, retrouver un emploi sera plus difficile qu'avant la crise. Le pouvoir d'achat des ménages français sera un facteur très important de la relance de l'économie française. Dans de nombreuses filières, les chefs d'entreprise comptent sur la relance de la demande intérieure pour restaurer la situation de leur entreprise.

On le sait, l'économie marche à la confiance. Un accompagnement insuffisant de millions de chômeurs empêchera le retour de cette confiance indispensable. Prévoyez-vous, madame la ministre, de restaurer les droits antérieurs à votre réforme et de les améliorer, compte tenu de l'urgence économique et sociale ? (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)


Réponse du Ministère du travail publiée le 25/06/2020

Réponse apportée en séance publique le 24/06/2020

M. le président. La parole est à Mme la ministre du travail.

Mme Muriel Pénicaud, ministre du travail. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Franck Montaugé, la crise épidémique se prolonge en crise économique et sociale. C'est la raison pour laquelle, dans un premier temps, nous avons pris, dès le 14 avril, par décret, des mesures immédiates, pour adapter la situation de l'assurance chômage au contexte du confinement.

Par ce décret, nous avons permis le prolongement des droits jusqu'au 31 mai ; nous avons prévu de neutraliser la période de confinement dans l'établissement et le calcul des droits ; nous avons autorisé le cas de démission légitime, pour les salariés qui auraient démissionné pour un autre emploi et se seraient retrouvés, au moment du confinement, en incapacité de prendre leur nouvel emploi.

Nous avons ainsi pris toute une série de mesures pour protéger immédiatement nos concitoyens touchés de plein fouet par la situation inédite du confinement.

Vous m'interrogez sur la suite qui sera donnée à ces mesures. Pourquoi avons-nous procédé à une réforme de l'assurance chômage, laquelle est partiellement entrée en application ? Nous souhaitions tenir compte d'un double impératif de protection et d'incitation à l'emploi, dans un contexte de baisse du chômage que nous avons célébré ensemble, puisque les chiffres étaient passés de 10 % à 8,1 %. Et nous étions sur la voie d'un taux de chômage à 7 % ! Certes, le contexte a changé.

Nous souhaitions également lutter contre les excès concernant les contrats courts. Il s'agissait de créer un plus grand nombre de CDI et de faire diminuer le nombre de contrats courts.

Nous souhaitions aussi protéger les indépendants, qui disposent désormais d'une assurance chômage. Nous avons mis en place des droits nouveaux pour les démissionnaires qui voulaient créer leur entreprise.

Je ne crois pas que vous vouliez supprimer l'ensemble de ces dispositions. Aujourd'hui, la question est la suivante : comment pouvons-nous, avec pragmatisme, adapter à la situation nouvelle un certain nombre de curseurs ? Je ne parle pas des principes qui les sous-tendent, qui sont bons sur le long terme.

Dans le cadre de la concertation que je mène, à la demande du Président de la République, avec les partenaires sociaux – ils seront reçus tout à l'heure par le chef de l'État –, nous évoquerons cinq sujets.

M. le président. Il faut conclure !

Mme Muriel Pénicaud, ministre. Le principal est celui de la mobilisation pour l'emploi et, donc, de l'assurance chômage. Tout se fera dans le cadre du dialogue social, avec pragmatisme. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Franck Montaugé, pour la réplique.

M. Franck Montaugé. Vous ne m'avez pas convaincu, madame la ministre. Surtout, vous n'avez pas évoqué un point clé, à savoir la formation professionnelle, ce que je regrette.

Mon groupe estime que cette période difficile doit être mise à profit pour former aux métiers de demain, que nécessite, dans la plupart des filières, la transition de modèle économique.

Jusqu'à la sortie de crise, l'État pourrait financer la quasi-totalité des stages de fin d'études et de préembauche des jeunes, pour tous les niveaux de qualification.

Dans le même ordre d'idées, l'État pourrait accompagner les chômeurs en phase de formation ou de reconversion dans les filières nouvelles. On le sait, ils sont nombreux à être concernés.

N'oubliez pas non plus, madame la ministre, les contrats très courts dans l'hôtellerie, l'événementiel et le tourisme, qui constituent aussi une part de l'économie et de la vitalité de nos territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

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