Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 06/08/2020

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur les inquiétudes soulevées par les représentants de la filière « volaille française ».
Cette dernière doit désormais faire face à des campagnes de désinformation répétées des organisations non gouvernementales (ONG) antispécistes via la mise en ligne de vidéos ou photos qui ne reflètent pas le quotidien du travail des éleveurs français.
La filière volaille est la deuxième filière viande française et regroupe 100 000 emplois dont 34 000 dans l'élevage. Ce « battage » médiatique vient perturber le travail régulier et constant mené par les acteurs de la filière pour faire évoluer la production de volaille en France afin de satisfaire les attentes de tous les consommateurs en prenant en compte le pouvoir d'achat de chacun sans négliger le bien-être des volailles.
Alors que 45 % du poulet consommé dans notre pays est importé, la filière se fixe l'objectif de répondre à l'attente des Français en matière de souveraineté alimentaire et d'accessibilité à une alimentation de qualité.
En France, les élevages de volailles proposent déjà 20 % de volailles élevées en plein air, contre 5 % maximum dans les autres pays européens. Les représentants de la filière travaillent collectivement de longue date à l'amélioration des conditions d'élevage de ses animaux, via notamment des outils de suivi des pratiques, comme une application pour un audit complet des élevages contrôlé par des organismes indépendants (EVA) et une autre centrée sur le bien-être animal (EBENE).
Par conséquent, il lui demande s'il entend soutenir cette filière dans la poursuite de ses ambitions de souveraineté alimentaire et la défendre contre les campagnes de désinformation dont elle est victime.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 10/06/2021

D'importants moyens sont déployés pour permettre aux agriculteurs de travailler en toute sérénité et de vivre de leur travail. Pour mieux accompagner les agriculteurs, les « observatoires départementaux contre l'agribashing » initiés depuis la fin 2019 permettent de disposer d'un état des lieux exhaustif des problématiques de sécurité rencontrées par les agriculteurs puis d'élaborer des solutions efficaces et concertées. La cellule DEMETER, créée en 2019 par la direction de la gendarmerie nationale, quant à elle, est destinée à apporter une réponse globale et coordonnée à l'ensemble des problématiques qui touchent le monde agricole, en menant collégialement les actions dans les domaines de la prévention et de l'accompagnement des professionnels du milieu agricole. Parce qu'on retrouve aussi ce phénomène de désinformation dans les écoles, le Gouvernement a appelé, notamment au début de 2019, l'ensemble des chefs d'établissements scolaires à la plus grande vigilance en ce qui concerne la qualité des interventions externes et le nécessaire respect des opinions de chacun. Enfin, dans le cadre de la feuille de route 2016-2020 en faveur du bien-être animal, le ministère de l'agriculture et de l'alimentation a incité dès septembre 2017 à la mise en place dans chaque département d'une cellule départementale opérationnelle (CDO) dont le volet préventif a pour objectif de détecter de manière précoce les éleveurs en difficulté et les conséquences sur ses animaux et d'intervenir le plus en amont possible pour trouver des solutions favorables pour l'éleveur et ses animaux. Au-delà de ces actions menées par les pouvoirs publics, la filière volaille de chair s'est réorganisée et peut ainsi à la fois mieux se défendre contre les campagnes de désinformation et mettre en œuvre ses ambitions de souveraineté alimentaire. Les plans de filières portés par les interprofessions depuis 2017 ont ainsi permis d'obtenir des avancées majeures. Pour mieux répondre aux attentes des consommateurs et reprendre des parts de marché en France, la filière volaille de chair s'est donnée dans ce cadre des objectifs ambitieux : moderniser des bâtiments d'élevage et abattoirs, développer les signes de qualité, créer une interprofession réunissant tous les maillons de la filière, de l'élevage à la distribution. L'interprofession volaille de chair (ANVOL) a ainsi été créée début 2018. En février 2020, forte de cette nouvelle organisation, elle a lancé, dans la continuité de son plan de filière, le pacte ambition ANVOL 2025. Ce pacte comprend six objectifs : répondre aux attentes de tous les circuits (standard, label rouge, biologique), obtenir l'accès à la lumière naturelle pour au moins 50 % des volailles, avoir 100 % des élevages engagés dans un processus d'amélioration des pratiques, recourir à une alimentation n'impliquant aucune déforestation, diminuer de 60 % la consommation d'antibiotiques d'ici 15 ans et enfin, maintenir des exploitations à taille humaine. L'objectif du ministère de l'agriculture et de l'alimentation est de promouvoir une alimentation de qualité, diversifiée, issue d'une agriculture engagée dans la transition agroécologique. Dans le cadre du plan de relance, le Gouvernement a mis en place une enveloppe de près de 300 millions d'euros, principalement dédiée au déploiement d'un plan de modernisation des abattoirs, d'un pacte biosécurité-bien-être animal pour l'élevage et d'une mesure de strucuration des filières. Enfin, le Gouvernement a pour projet de rendre obligatoire par décret l'étiquetage de l'origine de la viande de volailles consommée dans la restauration hors domicile.

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