Question de M. KAROUTCHI Roger (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 03/06/2021

M. Roger Karoutchi attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur l'emploi du terme « apartheid » et sur le rôle de la France dans les discussions menées au Proche-Orient.
Rien ne peut justifier le climat de violence entre Juifs et Arabes israéliens, mais la question est ici de savoir si la population arabe vivant sur le sol israélien est discriminée, rabaissée, voire opprimée.
Les Arabes israéliens représentent 20 % de la population israélienne, soit environ 1,4 million de personnes. Elle est en effet une minorité. Toutefois, et heureusement, le terme « minorité » n'est pas systématiquement lié à une soumission au pouvoir en place ou à une « majorité ».
En ce sens, le mot employé n'est pas anodin, signifiant que la majorité de confession juive institutionnaliserait un racisme à l'égard des populations arabes. Cependant, droit de vote, impôts, avantages sociaux et accès à tous les postes sont de rigueur pour tous, si bien que l'emploi de ce terme paraît inapproprié. Aucune similitude n'est visible avec une situation d'apartheid au sens de l'ancienne Afrique du Sud.
C'est pourquoi il l'interroge sur le terme « apartheid » pour qualifier la situation des Arabes israéliens, terme qui ne va certainement pas favoriser la volonté affichée par la France, mais aussi par l'Europe, d'une médiation entre les acteurs de ce conflit.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 05/08/2021

Lors de l'escalade à Gaza, la France a marqué d'emblée et systématiquement son attachement à la sécurité d'Israël. Elle a marqué sans ambiguïté sa condamnation des tirs de roquette de la part d'organisations terroristes, et rappelé le droit d'Israël à la légitime défense, dans le cadre du droit international. La cessation des hostilités le 21 mai a interrompu un cycle de violences au bilan humain lourd. Cette étape a été le fruit des efforts diplomatiques collectifs des Européens, des Américains et de plusieurs pays arabes, auxquels la France a pris toute sa part. Cette escalade de violence a de nouveau démontré que le règlement du conflit israélo-palestinien sur la base de la solution des deux États reste la seule voie à même d'établir une paix durable dans la région. Elle a souligné l'urgence de traiter les causes profondes du conflit israélo-palestinien. Sans véritable processus politique entre les parties, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets : une situation d'inégalité de droits entre les Palestiniens et les Israéliens et des cycles réguliers de violence. La France est profondément attachée aux liens d'amitié qui l'unissent à Israël et qui se fondent sur des principes démocratiques partagés. Dans ce cadre, notre action se fonde sur des principes simples : le droit de deux peuples à vivre en sécurité, dans le respect de leurs droits légitimes, de leur souveraineté et de leurs aspirations. Sur cette base, et au titre de l'amitié qui nous lie à Israël, le ministre de l'Europe et des affaires étrangères a souhaité souligner les risques engendrés par une situation qui viendrait rendre impossible la solution des deux États. C'est la raison pour laquelle toutes les mesures unilatérales qui remettent en cause la solution des deux États, notamment la colonisation sous toutes ses formes, y compris les évictions de familles palestiniennes de Jérusalem-Est, constituent un motif particulier de préoccupation. La France est déterminée à jouer pleinement son rôle pour contribuer aux efforts visant à parvenir à une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien. A cet égard, nous entendons poursuivre les initiatives engagées avec nos partenaires allemands, égyptiens et jordaniens, avec lesquels nous avons organisé une réunion ministérielle le 11 mars dernier à Paris, visant à rebâtir la confiance nécessaire entre les parties. Nous entendons poursuivre ces efforts en lien étroit avec nos partenaires internationaux.

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