Question de M. KAROUTCHI Roger (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 14/10/2021

Question posée en séance publique le 13/10/2021

M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Roger Karoutchi. Monsieur le ministre des affaires étrangères, au moment où le président algérien Tebboune fustige la politique française en matière migratoire ; au moment où l'on apprend le report du sommet sur la francophonie, qui devait se tenir en Tunisie ; au moment où les gouvernants maliens et centrafricains contestent la politique militaire et le niveau de la présence des forces françaises dans leur pays ; au moment où le Sénégal proteste contre le retrait des capitaux et des investissements français au profit des investissements chinois ; au moment où les établissements français installés en Afrique, notamment nos établissements culturels, se plaignent du manque de moyens, y a-t-il encore une politique française en Afrique ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Olivier Henno applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 14/10/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/10/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le président Karoutchi, au moment où (Sourires.) le président Tshisekedi considère que le président Macron est l'interlocuteur de l'Europe pour le développement de l'Afrique ; au moment où nous commençons à sentir les effets de la grande conférence qui s'est tenue à Paris, sur l'initiative du président Macron, le 18 mai dernier, pour la mobilisation d'un nouveau pacte de relance pour l'Afrique ; au moment où les responsables politiques d'Afrique du Sud reconnaissent, après le déplacement du président Macron à Pretoria, l'action de la France pour lutter contre les risques pandémiques et permettre la production de vaccins à partir de leur pays ; au moment où, au Sénégal, on développe un hub universitaire franco-sénégalais qui fait l'admiration de tous, en même temps que l'on construit, en relation avec le président Macky Sall, une unité de production de vaccins ; au moment où nous préparons un sommet entre l'Union européenne et l'Union africaine, sous présidence française, pour développer une nouvelle charte de la relation entre l'Europe et l'Afrique… (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Je peux continuer, monsieur Karoutchi : au moment où le niveau de l'aide au développement de l'Afrique n'a jamais été aussi substantiel, ce qui est reconnu par tous, y compris dans cette même assemblée ; au moment où, au Sahel, nous sommes à la tête d'une coalition regroupant soixante pays, dont une dizaine d'européens, qui sont convaincus que leur sécurité se joue aussi là, alors oui, monsieur le président Karoutchi, il y a vraiment une politique africaine de la France qui est reconnue par beaucoup de chefs d'État et de gouvernement, mais aussi par les sociétés africaines, comme elles l'ont marqué lors du sommet de Montpellier, voilà quelques jours.

Oui, il y a une politique africaine de la France et ce n'est pas la Françafrique ! Peut-être est-ce ce qui vous dérange,…

M. Roger Karoutchi. Oh non !

M. Jean-Yves Le Drian, ministre. … mais la Françafrique n'est plus. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains. – Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et RDSE. – M. Jean-Marie Vanlerenberghe applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi, pour la réplique.

M. Roger Karoutchi. Monsieur le ministre, je veux vous rassurer, je ne suis pas un nostalgique de la Françafrique.

M. Jean-Yves Le Drian, ministre. Je le sais !

M. Roger Karoutchi. Mais au moment où la Chinafrique investit massivement, souvent à notre place, obtenant des positions beaucoup plus importantes que les nôtres ; au moment où la Russafrique envoie les milices Wagner et des conseillers militaires dans des pays qui étaient traditionnellement sous influence française ; au moment où la Chinafrique, encore elle, au Sénégal ou à Djibouti, installe des bases militaires, peut-être la France doit-elle s'interroger sur la réalité de sa relation avec l'Afrique.

Je vous le concède, monsieur le ministre, le problème ne date pas de trois ou quatre ans : depuis dix ans, un doute s'est installé sur ce que nous sommes censés faire aux niveaux économique, financier – regardez ce qui se passe avec le franc CFA et nos investissements –, ainsi que migratoire. Nous avons du mal à gérer tout cela, et il nous faut revoir complètement la politique française en Afrique. (Applaudissements prolongés sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC. – M. Hussein Bourgi applaudit également.)

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