Question de Mme DREXLER Sabine (Haut-Rhin - Les Républicains-A) publiée le 03/02/2022

Mme Sabine Drexler attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur le projet Nosaïs.
Depuis deux ans, l'école vétérinaire de Maisons-Alfort développe le projet Nosaïs qui permet le dépistage du covid par des chiens renifleurs formés à la détection olfactive. Aujourd'hui, cette possibilité de détection a fait les preuves de son efficacité avec un taux de réussite de 95% pour les chiens contre 75 % pour les tests PCR. Pourtant les autorités françaises continuent à rester assez indifférentes à cette possibilité de détection bien moins onéreuse que celle des tests antigéniques ou PCR. Certes, le Premier ministre a autorisé récemment son utilisation dans les lieux publics, les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), les écoles, les aéroports, les casernes de pompiers, les clubs sportifs... mais aucun moyen n'a été accordé pour développer cette possibilité de dépistage pourtant nécessaire pour former plus de chiens. Aussi, elle lui demande ce que le Gouvernement compte mettre en œuvre afin que cette solution de dépistage soit développée et soutenue financièrement.

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Réponse du Ministère auprès du ministre des solidarités et de la santé - Autonomie publiée le 16/02/2022

Réponse apportée en séance publique le 15/02/2022

M. le président. La parole est à Mme Sabine Drexler, auteur de la question n° 2127, adressée à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Mme Sabine Drexler. Grâce au flair d'une équipe de l'école vétérinaire de Maisons-Alfort, une méthode fiable de détection de la covid et de ses variants a été mise au point. Il s'agit du projet Nosaïs.

L'odorat des chiens est 5 000 fois plus puissant que celui de l'homme. Cette faculté leur permet déjà la détection d'explosifs, de stupéfiants, de billets de banque ou de personnes égarées.

Ces chiens, qui reçoivent une formation simple et rapide, sont de vrais auxiliaires de santé. Ils sont d'ailleurs déjà employés pour le dépistage précoce du cancer, des crises de diabète ou d'épilepsie. Aujourd'hui, ils peuvent aussi détecter la covid en reniflant une lingette imprégnée de sueur. Le taux de fiabilité de cette méthode, certifiée par de nombreuses études, est de 95 %, pour un coût 75 fois moins élevé que celui d'un test PCR.

Le Premier ministre a apporté un soutien de principe à cette solution de dépistage. Pourtant, elle n'est toujours pas officiellement reconnue par les autorités de santé.

Madame la ministre, il faut compter entre 2 000 et 3 000 euros pour former un chien. Depuis deux ans, grâce à des soutiens privés, des associations, comme Handi'chiens, et des maîtres-chiens forment leurs animaux à la détection de la covid. Ce type de dépistage est gratuit, non invasif ; il a fait ses preuves partout où il a été testé.

Dès lors, pourquoi le projet Nosaïs, projet français reconnu par l'OMS, fiable et peu coûteux, ne bénéficie-t-il pas de financements publics qui lui permettraient de se développer à une plus grande échelle, partout où cela est possible ? Pouvez-vous vous engager à faire le nécessaire afin que ce projet soit très vite validé par la Haute Autorité de santé ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargée de l'autonomie. Madame la sénatrice Sabine Drexler, le ministère porte une attention particulière à tout ce qui permettra de répondre à l'ensemble de nos besoins dans le cadre de notre stratégie de dépistage.

Toutes les options ont été étudiées pour définir cette stratégie. L'utilisation d'un dépistage par des chiens spécifiquement formés pourrait être utile et complémentaire lorsqu'un contrôle itératif est complexe à organiser – je pense notamment à certaines personnes en situation de handicap –, ou pour des lieux de passage importants, comme les gares, les aéroports, les stades.

Plusieurs études ont montré le potentiel théorique associé au dépistage canin, sans que la performance en situation réelle et la capacité de mise en œuvre effective d'un tel dépistage soient pour autant à ce jour démontrées.

Dans un contexte contraint en nombre de chiens et d'accompagnateurs formés, par ailleurs mobilisés sur d'autres champs de détection, notamment en matière de sécurité, il est important de déterminer au préalable l'intérêt et le positionnement associés à une telle démarche au regard de ses contraintes de mise en œuvre.

Par ailleurs, il semblerait que le recours au dépistage canin soit susceptible de heurter davantage la population par endroits, dans ce contexte de gestion de crise.

Je rappelle que les recherches cliniques associées à la lutte contre la pandémie peuvent faire l'objet d'un examen dans une instance collégiale dénommée Capnet, qui est un comité ad hoc de pilotage national des essais thérapeutiques et autres recherches sur la covid-19. Ses décisions sont notamment fondées sur l'évaluation scientifique des avis du conseil scientifique. Cette instance est chargée d'identifier les leviers à mobiliser, qu'il s'agisse de la réduction des délais d'autorisation de dossiers ou des financements publics.

Lors de nos échanges avec l'école vétérinaire de Maisons-Alfort, nous avons rappelé le cadre de travail de ce comité et les perspectives à ce sujet. Nous les accompagnons et les soutenons pour avancer dans leur démarche.

M. le président. La parole est à Mme Sabine Drexler, pour la réplique.

Mme Sabine Drexler. Les tests réalisés en France ont coûté 1,6 milliard d'euros, rien qu'en janvier. Il faudrait absolument pouvoir se saisir de cette possibilité de lutte contre la pandémie.

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