Question de M. PATIENT Georges (Guyane - RDPI) publiée le 09/02/2023

M. Georges Patient interroge M. le ministre de la santé et de la prévention sur l'avancement du projet de création d'un centre hospitalo-universitaire régional (CHRU)en Guyane dont l'ouverture est prévue pour le 1er janvier 2025 selon l'annonce faite en mars 2021 par les ministres des solidarités et de la santé, des Outre-mer, de l'enseignement supérieur de la recherche et de l'innovation.
La création d'un CHRU en Guyane est un projet ambitieux et complexe qui structurera l'organisation des services de santé et l'offre de soins sur tout le territoire. Ce futur CHRU doit reposer sur « 4 piliers » que sont les 3 hôpitaux de Guyane (le centre hospitalier de Cayenne, le centre hospitalier de l'ouest guyanais et le centre hospitalier de Kourou) et les 17 centres délocalisés de prévention et de soins (CDPS), maillons essentiels du soin ambulatoire en Guyane. Dans le planning d'avancement de création du CHRU, il était prévu la transformation des CDPS de Maripasoula, Grand-Santi et de Saint-Georges de l'Oyapock en hôpitaux de proximité courant 2022 et le renforcement des autres avec la reconstruction de ceux de Papaïchton, Apatou et Camopi entre 2023 et 2024. La création du CHRU demande de nombreux autres chantiers immobiliers mais également un chantier administratif organisationnel qui, semble-t-il, connait des difficultés liées à un désaccord entre les 3 hôpitaux. Aussi il lui demande, à la vue des difficultés rencontrées et de l'état d'avancement actuel, si l'objectif initial de janvier 2025 pourra bien être tenu et si les investissements prévus annoncés à 99 millions d'euros sur 10 ans seront suffisants, alors que l'agence régionale de santé de Guyane estime de son côté le besoin à 500 millions d'euros.

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Réponse du Ministère auprès du ministre de la santé et de la prévention, chargé de l'organisation territoriale et des professions de santé publiée le 15/02/2023

Réponse apportée en séance publique le 14/02/2023

Mme le président. La parole est à M. Georges Patient, auteur de la question n° 416, adressée à M. le ministre de la santé et de la prévention.

M. Georges Patient. Ma question s'adresse au ministre de la santé et de la prévention à qui j'ai déjà adressé un courrier à ce sujet, courrier demeuré sans réponse à ce jour.

Aussi, madame la ministre, je viens une fois de plus alerter le Gouvernement et le sensibiliser sur l'état d'avancement du projet de centre hospitalier universitaire (CHU) de Guyane. En effet, l'objectif initial d'ouverture fixé au 1er janvier 2025 par vos prédécesseurs semble compromis.

Il s'agit là d'une situation fort inquiétante pour la population guyanaise, qui attend, depuis trop longtemps, l'égal accès aux soins. La population guyanaise en a fait légitimement une priorité et celle-ci a été actée dans les accords de Guyane de 2017.

Le Gouvernement a pris la décision de création du CHU au mois de mars 2021, mais force est de constater que, depuis lors, le dossier n'avance guère.

Certes, on peut noter quelques avancées, mais il existe des dissensions et des blocages qui viennent freiner le bon avancement du projet et interpellent sur la réelle volonté de tous les acteurs.

Tout d'abord, le projet a été conçu sur le prérequis d'une fusion administrative entre les trois centres hospitaliers de Guyane. Celle-ci est actuellement inopérante faute de consensus. Qu'en est-il ?

Ensuite, les formations pour le personnel nécessaire au fonctionnement de cet établissement sont-elles mises en place et assurées ? Devrons-nous continuer de dépendre indéfiniment de la réserve sanitaire ?

Plus inquiétante encore est la question du financement des nombreux chantiers immobiliers, notamment à Cayenne et à Kourou, et du matériel nécessaire pour la mise en place de ce CHU.

D'après certaines estimations, les besoins s'élèveraient à 800 millions d'euros. À ce jour pourtant, rien n'a été arrêté. Eu égard à la configuration du territoire, au dynamisme démographique et à l'effort massif de rattrapage qui doit être réalisé, ce montant doit être alloué à la Guyane, à l'instar de ce qui a pu être fait pour d'autres territoires.

Madame la ministre, le Gouvernement entend-il en faire bénéficier la Guyane ? Quand ce montant se matérialisera-t-il ?

Mme le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée auprès du ministre de la santé et de la prévention, chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé. Monsieur le sénateur, le ministre de la santé et de la prévention François Braun regrette de ne pouvoir être présent ce matin. Il m'a priée de vous fournir les éléments suivants en réponse à votre question.

Comme vous le soulignez, ce projet ambitieux, en matière tant d'offre de soins que de formation et de recherche, reposera sur quatre piliers : les trois hôpitaux de Guyane et le réseau des centres départementaux de prévention et de santé (CDPS).

La première étape de ce projet consiste en la création de trois hôpitaux de proximité, à Maripasoula, Grand-Santi et Saint-Georges-de-l'Oyapock.

Cette première étape a grandement mobilisé les équipes qui, malgré l'épidémie de covid-19, ont pu présenter en 2022 les trois projets aboutis, lesquels ont ensuite fait l'objet de concertations nourries.

Les autorisations de médecine ont été délivrées. Ces nouveaux hôpitaux, pour lesquels des travaux et recrutements sont en cours, pourront ouvrir cette année.

C'est une avancée réelle pour les populations de ces territoires. Elles pourront être hospitalisées, pour de courts séjours de médecine, au plus près de chez elles et bénéficieront d'une offre de radiologie et de biologie de proximité.

La deuxième étape, la plus structurante pour l'avenir, est en cours. C'est celle de l'« universitarisation » des hôpitaux du territoire et de l'intégration du projet médical, de formation et de recherche des établissements. C'est ce projet qui sera le ciment des différents sites, réunira les équipes et les fera coopérer au mieux. Dans la construction de ce projet, il est également nécessaire de séquencer les étapes.

Le sujet du chantier administratif interviendra dans un second temps, une fois le projet finalisé, et au service de celui-ci. Il en va de même pour les projets d'investissement complémentaires à ceux qui sont en cours, lesquels sont non un préalable, mais des moyens de concrétiser le projet, une fois celui-ci abouti.

Les équipes sont pleinement à l'œuvre et les premières orientations médicales et de recherche semblent partagées par tous. Aussi, le ministre de la santé et de la prévention et moi-même sommes confiants dans la capacité à aboutir à un projet de territoire permettant d'engager la dynamique d'universitarisation à l'horizon 2025. Je veux aussi saluer l'engagement personnel sur ce dossier du président de la collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville.

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