Question de M. BRISSON Max (Pyrénées-Atlantiques - Les Républicains) publiée le 23/03/2023

M. Max Brisson appelle l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche à propos du projet de déconstruction des classes préparatoires de la filière économique et commerciale générale (ECG).

Après avoir réorganisé les classes préparatoires ECG en 2021 afin de les ajuster à la réforme du lycée, le Gouvernement a entrepris de les réformer à nouveau, dans le cadre d'un projet mené avec la complicité d'un petit nombre d'écoles et sans aucune concertation avec les professeurs des classes préparatoires ECG, visant à répondre à la baisse tendancielle des effectifs dans la filière ECG, notamment dans les classes préparatoires des villes hors métropole, dites de proximité.

Cette baisse et ce manque d'attractivité trouvent leurs racines dans plusieurs facteurs : la concurrence affichée de la filière « bachelor », mise en place par les grandes écoles ; les effets de la baisse du nombre de lycéens suivant la spécialité « mathématiques » au lycée ; la crainte des étudiants de s'engager dans une voie exigeante, quand des voies plus « faciles » semblent pouvoir conduire au même but.

Le Gouvernement s'est ainsi saisi du motif de la baisse des effectifs pour mener un projet visant à « rendre la filière plus attractive ». Si le constat est partagé par les classes préparatoires ECG, la piste privilégiée actuellement, consistant à réduire drastiquement le nombre d'heures d'enseignement, les inquiètent au plus haut point.

Ainsi, le nombre d'heures d'enseignement des mathématiques serait réduit de 10 à 5 heures par semaine et compensé par la mise en place d'une option de 4 heures. L'horaire de la culture générale diminuerait de deux heures, passant de 6 à 4 heures, et les enseignements d'économie, sociologie et histoire ou d'histoire-géopolitique seraient divisés en tronc commun et spécialités, rendant la filière moins lisible.

En lieu et place des heures supprimées, le Gouvernement propose des heures de « développement durable » et « grands enjeux », matières au contenu vague dont il n'existe pas d'agrégation pour valider la compétence des professeurs. Une telle réforme priverait les classes préparatoires de ses qualités éprouvées et reconnues par tous, et particulièrement les anciens élèves.

Elle risque surtout d'accentuer encore un peu plus le transfert d'effectifs vers les « bachelors », au détriment du niveau des étudiants français et des futurs cadres, décideurs et dirigeants de demain, alors même que le contexte environnemental, politique, économique, technologique et scientifique exige une pensée capable de comprendre la complexité du monde ainsi que des raisonnements pluridisciplinaires.

Elle fragilise enfin grandement la pérennité des classes préparatoires, notamment des classes dites de proximité qui permettent à tous les étudiants, sur l'ensemble du territoire, d'accéder à une formation d'excellence, sans avoir à se soucier des problématiques de rejoindre une grande ville, tels que l'insuffisance en logements ou le surcoût de la vie.

Face à cette réforme menée sans concertation et aveuglée par des motifs budgétaires, les professeurs des classes préparatoires manifestent leur mécontentement et en appellent à un sursaut pour préserver ces filières d'excellence, qui permettent à tous les étudiants d'entrer en école pour obtenir un master, avec 95 % de réussite pour 8 % après un « bachelor » et 15 % après une licence.

Aussi, pour répondre à ce mécontentement, il demande au Gouvernement de clarifier ce projet de réforme et d'en exposer le plus précisément possible ses modalités ainsi que ses visées.

En outre, il l'invite à consulter au plus vite l'ensemble des classes préparatoires pour esquisser collégialement une réforme plus juste, visant réellement à leur redonner de l'attractivité.

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