Question de M. MARSEILLE Hervé (Hauts-de-Seine - UC) publiée le 22/06/2023

Question posée en séance publique le 21/06/2023

M. le président. La parole est à M. Hervé Marseille, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et Les Républicains.)

M. Hervé Marseille. Madame la Première ministre, avec les collègues de mon groupe, j'ai souhaité attirer votre attention sur un sujet qui nous préoccupe gravement : la dégradation de notre relation avec les pays du Maghreb, et en particulier avec le Maroc.

M. Roger Karoutchi. Très bien !

M. Hervé Marseille. Je me suis rendu dans ce pays voilà peu avec le président de la commission des affaires étrangères, Christian Cambon, et une délégation du groupe d'amitié France-Maroc du Sénat. Nous avons pu mesurer l'état de dégradation de la relation entre nos deux pays. Ainsi, nous avons été reçus non pas au Parlement ou dans les ministères, mais au siège des partis ou au domicile de nos hôtes, où l'accueil est, certes, chaleureux.

Depuis deux ans, le Maroc, qui est pourtant historiquement, et de longue date, un pays ami, avec lequel nous avons beaucoup d'intérêts, et qui est en quelque sorte « nos yeux et nos oreilles » dans cette région, a une relation difficile avec la France.

Cette relation n'est pas exclusive de ce que nous pouvons faire, de façon équilibrée, avec l'Algérie, comme cela a été le cas pendant de nombreuses années.

Nous avons consenti de gros efforts en direction de l'Algérie. Le Président de la République s'y est rendu. Puis, ce fut votre tour peu de temps après, madame la Première ministre ; vous étiez accompagnée d'une grande délégation. Mais, force est de le constater, ces renoncements auxquels nous avons consenti ont été couronnés de peu de succès, à en juger par les dernières mesures prises par le gouvernement algérien, qui a cru devoir réintroduire dans l'hymne national un couplet assez peu amical à l'endroit de la France. (M. Roger Karoutchi acquiesce.)

Le Président de la République a reçu hier Mme Giorgia Meloni. Ce qui nous lie à l'Italie, au Maroc et à l'Algérie, l'Union pour la Méditerranée, est « en rade » - il n'y a pas d'autre mot - depuis plusieurs années.

Pour affirmer la place de la France en Méditerranée, engager un dialogue utile sur les problèmes migratoires et peser au sein de l'Union européenne, il est indispensable que nous relancions l'Union pour la Méditerranée et que nous puissions travailler de nouveau, dans des conditions de confiance, avec le Maroc, parce que les Marocains sont nos amis au Maghreb. (Marques d'impatience sur les travées du groupe SER.)

M. le président. Il faut conclure, mon cher collègue.

M. Hervé Marseille. Madame la Première ministre, quelle initiative comptez-vous prendre pour relancer l'Union pour la Méditerranée et nos relations avec le Maroc ? (Applaudissements sur les travées des groupes UC, RDSE, INDEP et Les Républicains.)

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Réponse du Première ministre publiée le 22/06/2023

Réponse apportée en séance publique le 21/06/2023

M. le président. La parole est à Mme la Première ministre.

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Monsieur le président Hervé Marseille, la France a une relation très riche, une histoire partagée et des liens humains particulièrement étroits avec le Maroc comme avec l'Algérie.

Une histoire de cette intensité n'est jamais dépassionnée. Je veux redire que nous avons un objectif clair : développer et approfondir nos liens, dans le respect mutuel, avec chacun de ces deux pays.

Avec l'Algérie, nous continuons à travailler dans l'esprit de la déclaration d'Alger, pour un partenariat renouvelé entre la France et celle-ci. (M. Roger Karoutchi manifeste son scepticisme.)

Vous l'avez indiqué, je me suis moi-même rendue à Alger au mois d'octobre 2022, quelques semaines après la visite du Président de la République, pour coprésider le Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN). Par ailleurs, les deux présidents échangent de manière très régulière.

Nous souhaitons aller de l'avant. Il y a bien entendu des obstacles, mais il y a surtout une volonté commune, partagée par le président Macron et le président Abdelmadjid Tebboune de regarder vers l'avenir et de le construire, au bénéfice de nos deux peuples.

Nous restons bien évidemment vigilants, notamment dans le domaine migratoire. Nous avons à cet égard un dialogue exigeant, en particulier sur la réadmission des ressortissants algériens en situation irrégulière.

Mme Nicole Bonnefoy. Et sur le Maroc ?

Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains. La question est sur le Maroc !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Avec le Maroc, nos liens, qu'ils soient humains, économiques ou culturels, sont très forts. La relation franco-marocaine, ce sont, par exemple, plus de 46 000 étudiants marocains en France,...

M. Roger Karoutchi. Et alors ?

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. ... 46 000 élèves dans les établissements français au Maroc et plus de 1 000 filiales d'entreprises françaises.

La ministre de l'Europe et des affaires étrangères, Catherine Colonna, s'est rendue au Maroc au mois de décembre dernier pour une visite qui a été très positive. Le souhait de la France est de poursuivre l'approfondissement de ce partenariat d'exception au service des intérêts que partagent nos deux pays et à la hauteur de la relation que nous voulons avec le Maroc.

Vous avez raison, monsieur le président Marseille, l'avenir de nos relations avec l'Algérie et le Maroc, comme avec la Tunisie, s'inscrit plus largement dans notre politique pour la Méditerranée.

La France, qui est à l'origine de l'Union pour la Méditerranée, continuera à prendre des initiatives fortes pour renforcer les liens entre les deux rives et pour apporter des réponses concrètes à nos défis communs, notamment en matière d'environnement. (MM. François Patriat et Alain Richard applaudissent.)

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