Question de M. BURGOA Laurent (Gard - Les Républicains) publiée le 22/06/2023

M. Laurent Burgoa attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la détresse des manadiers.

Les traditions camarguaises font partie intégrante du patrimoine de notre pays et plus particulièrement du territoire de Petite Camargue. Le taureau de Camargue y fait l'objet d'un véritable culte. Il est au centre d'une culture et d'une économie vertueuse au service de la biodiversité. Par ailleurs, au titre des pratiques sportives, la course camarguaise figure à l'inventaire du patrimoine culturel français.

L'élevage des bovins en Camargue se pratique de manière traditionnelle, agro-pastorale, les manadiers et les gardians dirigent leurs troupeaux en montant sur leurs chevaux de race Camargue. Les animaux pâturent toute l'année en extérieur de manière extensive, voire très extensive, et outre l'identité culturelle qu'elle véhicule, cette agriculture participe de manière prépondérante à la préservation d'un écosystème et d'une biodiversité uniques au monde.

Déjà durement touchés au cours de la crise sanitaire COVID-19, les manadiers sont aujourd'hui à l'agonie en raison d'une modification substantielle des cotisations d'assurance (multiplication par cinq) ou, pire, de refus, par les différentes compagnies de les assurer, comme d'ailleurs les festivités taurines du sud de la France organisées par les communes ou des associations (comités des fêtes, clubs taurins, etc.).

Au cours des dernières années, au regard des difficultés conjoncturelles, les manadiers (éleveurs de taureaux) ont mené de véritables actions de diversification de leur activité (obtention d'une AOP, réception de visiteurs, location de salles, etc.). Malgré cela, asphyxiées, nos manades risquent de disparaitre définitivement. Avec elles, une part culturelle française reconnue et consacrée serait anéantie. Cela aurait également des conséquences dramatiques pour l'économie locale (perte d'emplois, de recettes... ) ainsi que pour le maintien de notre écosystème dans un environnement déjà fortement menacé.

Il lui demande ce qu'il compte mettre en oeuvre pour protéger les manadiers, préserver nos traditions, une économie et une biodiversité vitale pour ce territoire.

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics publiée le 13/10/2023

Réponse apportée en séance publique le 12/10/2023

Mme la présidente. La parole est à M. Laurent Burgoa, auteur de la question n° 764, adressée à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

M. Laurent Burgoa. Monsieur le ministre, les traditions camarguaises font partie intégrante du patrimoine de notre pays, plus particulièrement du territoire de la Camargue gardoise.

Évidemment, le taureau de Camargue est au centre de cette culture. Son élevage se pratique de manière traditionnelle, c'est-à-dire extensive : les animaux pâturent toute l'année en extérieur. Outre l'identité culturelle qu'il véhicule, cet élevage participe de manière prépondérante à la préservation d'un écosystème et d'une biodiversité uniques au monde : la Camargue.

Déjà durement touchés au cours de la crise sanitaire, les manadiers sont aujourd'hui à l'agonie, et ce en raison d'une modification substantielle de leurs cotisations d'assurance. Je parle ici d'une multiplication par cinq du montant de ces cotisations ! Il arrive même que certaines compagnies refusent de les assurer. Ce phénomène touche également les festivités taurines du sud de la France, qui sont organisées par des communes ou des associations.

Au cours des dernières années, au regard des difficultés conjoncturelles, nos manadiers ont mené de véritables actions de diversification de leur activité : obtention d'une appellation d'origine protégée (AOP), réception de visiteurs, location de salles, etc. Malgré cela, nos manades risquent aujourd'hui de disparaître définitivement et, avec elles, une part de notre culture, de notre économie locale, mais aussi des acteurs essentiels au maintien d'un écosystème. En effet, la Camargue est un environnement fortement fragilisé.

Ma question est donc simple. Monsieur le ministre, que comptez-vous mettre en oeuvre pour protéger les manadiers ?

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Thomas Cazenave, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics. Monsieur le sénateur, le Gouvernement est particulièrement attaché aux traditions taurines du sud de la France, en particulier la course camarguaise. Chaque année, les services de l'État, en lien avec les communes, contribuent à l'organisation des fêtes camarguaises, notamment pour ce qui relève de la sécurité publique.

Le Gouvernement est mobilisé pour que chacun - particulier, entreprise, collectivité - puisse bénéficier d'une assurance adaptée aux risques auxquels il fait face, en contrepartie d'une responsabilisation par une plus grande prévention.

À titre d'exemple, le Gouvernement a lancé une mission dédiée à l'assurabilité face au réchauffement climatique, qui rendra ses conclusions en décembre prochain. De la même manière, il lancera prochainement une mission consacrée à l'assurabilité des collectivités territoriales, après les difficultés qu'ont connues les communes touchées par les émeutes de la fin du mois de juin dernier.

Le Gouvernement veillera ainsi à l'accès à une assurance, dans des conditions de couverture raisonnables, des communes et manadiers organisateurs de fêtes camarguaises. En plus d'une mobilisation des assureurs, le Gouvernement appelle aux efforts de prévention les plus ambitieux possible des organisateurs de ces fêtes, afin de réduire les risques associés et, ainsi, de faciliter leur accès à l'assurance.

Les services déconcentrés de l'État pourront aussi être mobilisés dans les efforts tant de prévention que d'accès à l'assurance.

Mme la présidente. La parole est à M. Laurent Burgoa, pour la réplique.

M. Laurent Burgoa. Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse dont je prends acte.

La communauté de communes de Petite Camargue concentre une vingtaine d'élevages sur son territoire. Je me tiens à votre disposition pour vous y accueillir afin que vous puissiez constater par vous-même la détresse et la dignité de nos manadiers camarguais, qui sauront vous recevoir avec bienveillance et écoute. Ils ne manqueront pas de vous sensibiliser à l'importance de ce milieu pour notre pays et pour la Camargue.

Mme la présidente. Nous n'en doutons pas ! (Sourires.)

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