Question de M. KAROUTCHI Roger (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 06/07/2023

Question posée en séance publique le 05/07/2023

M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi, pour le groupe Les Républicains. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Roger Karoutchi. Monsieur le ministre de l'intérieur, la République, comme la démocratie, est un régime fragile. Nous avons, au Parlement, voté des textes, souvent à votre demande, sur la sécurité et sur la justice, et vous en préparez de nouveaux sur l'immigration et l'intégration.

Avez-vous le sentiment, avec tout ce qui se passe en ce moment, que ces textes suffisent à conforter la démocratie et la République en France ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur et des outre-mer publiée le 06/07/2023

Réponse apportée en séance publique le 05/07/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Monsieur Karoutchi, je crois que, comme l'a dit la Première ministre en réponse à Bruno Retailleau, il faut essayer de comprendre ce qui s'est passé ces derniers jours.

Heureux sont ceux qui auraient des explications simples à fournir ! Quelque 4 000 personnes ont été interpellées, âgées en moyenne de 17 ans, parmi lesquelles un tiers de mineurs et moins de 10 % de personnes n'ayant pas la nationalité française. De plus, 60 % d'entre elles étaient inconnues des services de police, même pour un seul fait - usage de stupéfiants, refus d'obtempérer, etc. C'est le contraire de la délinquance habituelle.

Sur les 500 villes les plus concernées par la politique de la ville, plus de 150 n'ont pas connu d'échauffourées, alors qu'une centaine de villes qui ne comptent pas de quartier prioritaire de la politique de la ville en ont connu.

Monsieur Karoutchi, avant de répondre à votre question, si j'évite la politique politicienne et en considérant que nous devons travailler ensemble pour le bien de la République et pour le bien de notre nation, je crois qu'il faut savoir se poser quelque temps, après avoir totalement rétabli l'ordre public.

Depuis deux jours, les choses rentrent dans l'ordre, et j'en remercie les policiers, les gendarmes, les magistrats, les élus et tous ceux qui y contribuent. Mais il nous faut réfléchir, car, comme je l'ai lu dans une belle revue que je recevais lorsque j'étais adhérent au même mouvement politique que vous, « Au fond des victoires d'Alexandre, on retrouve toujours Aristote. » (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi, pour la réplique.

M. Roger Karoutchi. Monsieur le ministre, Aristote n'est pas Platon ! (Sourires et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Je ne veux pas évoquer tous les sujets de fond, notamment l'échec de l'école et de la politique d'intégration, auxquelles je suis très attaché, pour des raisons multiples - nous aurons l'occasion d'y revenir.

Simplement, je le dis très tranquillement, avec l'expérience de mon département, mais aussi de tout le pays, lorsque cela va mal, lorsque nous sommes en crise, l'autorité de l'État et le rétablissement de la République reposent sur deux piliers, deux jambes : le tricolore des écharpes des élus locaux et le bleu de nos forces de l'ordre, de nos gendarmes, de nos policiers et de nos sapeurs-pompiers. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - M. Alain Marc applaudit également.)

Ce que nous vous demandons, ainsi qu'à la Première ministre, ce n'est pas de faire des miracles. Certes, il faut analyser les raisons de fond, mais on ne cesse de les citer depuis vingt ans ! Nous vous demandons de dire que l'on va restituer aux maires la politique locale, la politique du logement et de l'urbanisme. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC.)

Mme Françoise Gatel. Très bien !

M. Roger Karoutchi. Nous vous demandons de dire que nous avons confiance dans nos forces de l'ordre et de ne pas tenir un discours alternatif ou du « en même temps ».

Vous devez incarner l'autorité de l'État. Sinon, il n'y aura plus de République ! (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et RDSE.)

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