Question de Mme DEROCHE Catherine (Maine-et-Loire - Les Républicains) publiée le 13/07/2023

Question posée en séance publique le 12/07/2023

M. le président. La parole est à Mme Catherine Deroche, pour le groupe Les Républicains.

Mme Catherine Deroche. Ma question s'adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Monsieur le ministre, depuis un an, votre feuille de route est chargée. En commission, nous avons fait le point la semaine dernière sur tous ces chantiers, qu'il s'agisse des urgences, de la pédiatrie, de la psychiatrie, de la réforme hospitalière en matière de gouvernance ou de tarification, de la prévention.

Des colloques et des tables rondes récemment organisés au Sénat ont néanmoins montré des retards administratifs importants. Je pense à l'innovation en cancérologie ou à la prise en charge de la douleur chronique.

Bien plus, monsieur le ministre, demeurent chez les soignants une perte de sens dans leur métier et chez les Français en général, et chez les patients en particulier, une perte de confiance. C'est comme si quelque chose dysfonctionnait, s'était brisé, voire n'existait plus dans la politique sanitaire.

Dans le droit fil de la tradition de l'humanisme médical, je rappellerai cette formule du docteur Louis Portes au sortir de la guerre : « La médecine, c'est la rencontre d'une confiance, celle du patient, qui rejoint librement une conscience, celle du médecin. »

Nous voyons bien qu'il existe de réelles difficultés dans ce domaine. Monsieur le ministre, vous qui représentez la puissance publique, comment comptez-vous réenchanter cette rencontre ? (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC, ainsi que sur des travées du groupe CRCE. - M. Jean-Pierre Sueur applaudit également.)

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Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 13/07/2023

Réponse apportée en séance publique le 12/07/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

M. François Braun, ministre de la santé et de la prévention. Madame la présidente Deroche, je vous remercie de l'honneur que vous me faites en me posant votre dernière question d'actualité au Gouvernement.

J'en profite pour rendre hommage aux travaux que vous avez conduits au sein de la commission des affaires sociales. J'y ai toujours rencontré une écoute et nos dialogues ont toujours été extrêmement apaisés. La confrontation des idées a toujours servi à enrichir les nombreux textes dont nous avons eu à discuter ensemble. Vous avez en effet une douceur et une autorité naturelles qui permettent que les débats se déroulent sous les meilleurs auspices. (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.)

Vous avez raison, la relation entre le soignant et le soigné est essentielle. Il est très probable que la crise sanitaire, caractérisée non seulement par un accès facile à un flot d'informations, mais aussi par des contradictions que l'on a pu entendre chez des professionnels de santé, a contribué à éroder cette confiance au cours du temps.

Rien n'est pourtant plus important que cette relation, qui donne du sens aux métiers du soin et qui est très importante pour évoluer. Les nouvelles technologies ne doivent pas nous éloigner de cette relation : à mon sens, le numérique doit au contraire nous donner plus de temps et favoriser les discussions avec les professionnels.

Madame la sénatrice, vous le savez, j'ai mis l'éthique au centre du principe de la refondation de notre système de santé. Je l'illustrerai par trois exemples.

Premièrement, comme l'a voulu le Président de la République, nous déployons le Conseil national de la refondation (CNR) Santé, qui associe systématiquement les soignés, c'est-à-dire les citoyens, les élus et les professionnels de santé pour donner la parole à ceux que l'on n'entend pas assez souvent.

Deuxièmement, nous avons déployé le dispositif « patients partenaires » ou « patients experts », que le ministère accompagne et souhaite continuer à développer.

Troisièmement, nous mettons en place des indicateurs de perception de la qualité des soins par les patients eux-mêmes, outils largement développés dans les pays anglo-saxons, sur lesquels nous avons encore du retard à rattraper. C'est l'un des éléments clés du nouveau financement de la sécurité sociale.

Madame la sénatrice, je vous remercie de nouveau de nos discussions sur notre système de santé tout au long de cette année. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - M. Pierre Louault applaudit également.)

M. le président. La parole est à Mme Catherine Deroche, pour la réplique.

Mme Catherine Deroche. Merci, monsieur le ministre.

Je forme un voeu : puissiez-vous, si vous me permettez cette expression familière, « secouer le cocotier » de l'administration de la santé ou de Bercy, dont on connaît la lourdeur administrative.

Surtout, n'hésitez pas à vous appuyer sur les rapports du Sénat ! Cela permettrait de gagner du temps, car nous sommes souvent précurseurs.

L'urgentiste que vous êtes sait combien le temps est précieux quand il s'agit des soins.

Ce conseil vaut pour l'ensemble des ministères ! (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC, INDEP et RDPI.)

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