Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 13/07/2023

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur les risques d'intoxication liés à la prolifération d'ostreopsis. Cette algue microscopique d'origine tropicale est arrivée en Méditerranée il y a une vingtaine d'années. Son aire de répartition s'étend et elle est désormais présente sur la côte basque. Elle y prolifère surtout en été, dès que la température de l'eau atteint 20 degrés. Ses toxines peuvent entraîner des intoxications, avec des symptômes de type grippal, des irritations cutanées et des troubles gastriques.
L'inhalation des embruns marins constitue la principale voie d'exposition, ce qui explique que les professionnels comme les maîtres-nageurs-sauveteurs ou les restaurateurs soient particulièrement touchés. C'est ainsi qu'on a dénombré près de 900 intoxications sur la côte basque depuis 2021.
Le 20 juin 2023, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a rendu public un avis relatif aux risques pour la santé humaine liés aux proliférations d'ostreopsis. Elle y propose une stratégie graduée de surveillance, de contrôle et de gestion des sites de baignade et d'activités de loisirs nautiques. Elle souligne également la nécessité de poursuivre les travaux de recherche et notamment de déterminer les composés à caractère toxique responsables des différents symptômes observés.
En conséquence, il lui demande ce qu'il entend mettre en oeuvre afin de protéger les usagers des plages des intoxications par cette algue toxique.

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Transmise au Ministère de la santé et de la prévention


Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 28/09/2023

La présence d'Ostreopsis est confirmée depuis une quinzaine d'années sur la côte méditerranéenne (espèce O. ovata). Son apparition sur la côte basque française (espèces O. ovata et O. siamensis), plus récente, remonte à 2020. A l'été 2021, les proliférations d'Ostreopsis ont conduit à ce que près de 900 personnes témoignent d'une intoxication consécutive à la fréquentation de sites touchés. Suite à cet épisode, la direction générale de la santé (DGS) et la direction générale de l'alimentation ont saisi l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) le 3 décembre 2022 en vue d'une actualisation des connaissances scientifiques sur cette microalgue (avis de l'ANSES en 2007 et 2008) et d'une nouvelle expertise pour l'établissement de recommandations sanitaires adaptées à la problématique rencontrée sur la côte atlantique. Dans son avis du 12 mai 2023 relatif aux risques pour la santé humaine liés aux proliférations d'Ostreopsis spp. sur le littoral basque, l'ANSES a formulé un certain nombre de recommandations en matière de surveillance et de gestion des sites impactés. Dans son avis, l'ANSES confirme que la principale voie d'exposition est l'inhalation (exposition aux aérosols), et dans une moindre mesure l'ingestion d'eau ou le contact cutané ou oculaire lors de pratiques aquatiques, ainsi que la consommation de produits de la mer contaminés. S'agissant des sites de baignade naturelle, la réglementation en vigueur prévoit une surveillance appropriée de la qualité de l'eau par la personne responsable de l'eau de baignade, tenant compte des risques potentiels identifiés, et la mise en oeuvre immédiate de mesures de gestion adéquates visant notamment à prévenir l'exposition des baigneurs et à informer le public dès lors qu'un risque sanitaire a été identifié ou est présumé. Par ailleurs, l'Agence régionale de santé (ARS) peut également compléter le programme d'analyse du contrôle sanitaire des eaux de baignade des deux paramètres microbiologiques réglementés (Escherichia coli et entérocoques intestinaux) par l'ajout d'autres paramètres microbiologiques ou physicochimiques, si le suivi en est jugé pertinent en raison d'une vulnérabilité connue du site de baignade. Un groupement d'intérêt scientifique s'est constitué pour le suivi et la gestion des épisodes de prolifération d'Ostreopsis. Dans ce cadre, une surveillance environnementale (prélèvements et analyses d'échantillons d'eaux et de macroalgues) est assurée actuellement par les différents acteurs mobilisés (notamment la Communauté d'agglomération du Pays basque et l'IFREMER), et une surveillance sanitaire est également mise en place par l'ARS, en lien avec le centre antipoison et de toxicovigilance de Bordeaux, au niveau des sites de baignade naturelle. En cas de risques sanitaires identifiés, des mesures de fermetures des plages sont susceptibles d'être prononcées afin de protéger le public. Il est à noter que les zones de loisirs nautiques sans activité de baignade ne sont pas soumises au contrôle sanitaire des eaux mis en oeuvre par l'ARS. En revanche, cette dernière peut inviter les gestionnaires à assurer une surveillance et à mettre à disposition du public les recommandations sanitaires liées au risque de prolifération de microalgues. Sur la base des conclusions du dernier avis de l'ANSES, la DGS prévoit d'élaborer, avant la prochaine saison estivale, une instruction nationale afin de préciser les modalités de gestion à mettre en oeuvre et les recommandations sanitaires en cas de prolifération de microalgues du genre Ostreopsis spp. sur la côte basque. Dans le cadre de ces travaux à venir, l'opportunité d'élargir ces recommandations à la côte méditerranéenne sera examinée. En ce qui concerne la côte méditerranéenne, l'ARS s'appuie en effet sur la note de service de la DGS du 30 juin 2010. Santé publique France, dans une note du 15 octobre 2018 de présentation du bilan de dix années de surveillance d'O. ovata sur le littoral méditerranéen français, a relevé l'absence de signalement ou cas humain confirmé depuis 2010. Pour ces raisons, les mesures de gestion proposées dans cette note ont été adaptées depuis, avec le maintien de quelques sites sentinelles dans le dispositif de surveillance environnementale d'Ostreopsis sur la côte méditerranéenne en vue de suivre l'évolution de la situation et de pouvoir déployer rapidement un dispositif de surveillance plus conséquent en cas de nouvelles alertes.

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