Question de Mme JOSEPH Else (Ardennes - Les Républicains) publiée le 03/08/2023

Mme Else Joseph interroge Mme la ministre des solidarités et des familles sur l'avenir de la profession d'éducateur de rue. Les récentes émeutes ont souligné l'importance de métiers qui jouent un rôle dans le maintien du lien social. Si notre pays doit être ferme au niveau pénal, la question du suivi, dans certains quartiers, de jeunes sans repères, ni cohésion familiale reste posée. On sait que les éducateurs de rue jouent un rôle auprès de jeunes désaffiliés. Leur implication dans la prévention est importante. Elle lui demande ce qu'elle envisage sur cette profession, car des demandes ont été entendues au cours de ces dernières semaines. Il convient de réfléchir à la manière dont les autorités doivent rendre la profession attractive, car on constate une pénurie de vocations et des difficultés à venir. Inévitablement, cela soulève la question du rôle des collectivités territoriales qui peuvent employer des personnes cette profession, donc du soutien qu'il convient de leur apporter. La prévention spécialisée relève en effet des compétences des départements, mais ces derniers sont confrontés à de multiples charges et contraintes. Elle lui demande donc ce qu'elle envisage concrètement pour rendre la profession attractive et quelles seront les mesures concrètes que le Gouvernement prendra dans ce domaine. Il faut une véritable politique globale sur ce sujet, et non de simples mesures partielles et purement ponctuelles.

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Réponse du Ministère des solidarités et des familles publiée le 11/01/2024

La prévention spécialisée relève de la protection de l'enfance et, à ce titre, constitue une compétence des conseils départementaux. Ces derniers en assurent principalement le financement et sont libres d'en définir les conditions d'exercice sur leurs territoires en fonction des besoins des populations. L'article L. 121-2 du Code de l'action sociale et des familles en précise les contours en prévoyant que « dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et dans les lieux où se manifestent des risques d'inadaptation sociale, le département participe aux actions visant à prévenir la marginalisation et à faciliter l'insertion ou la promotion sociale des jeunes et des familles. ». Les actions engagées dans ce cadre peuvent prendre plusieurs formes, dont certaines dites de « prévention spécialisée auprès des jeunes et des familles en difficulté ou en rupture avec leur milieu ». Présentes quotidiennement dans les quartiers, les équipes éducatives de prévention spécialisée, majoritairement composées d'éducateurs spécialisés, assurent des fonctions essentielles afin de maintenir une relation socio-éducative, d'écoute, de proximité, et de maintien du lien avec des jeunes et leur famille. La création et le déploiement des services de prévention spécialisée reposent effectivement aussi sur la capacité des acteurs à recruter des professionnels formés et compétents pour exercer ces missions exigeantes dans un contexte de baisse d'attractivité du secteur social et médico-social dans sa globalité. Ce déficit d'attractivité s'explique par de multiples causes : image dégradée des métiers, concurrence du secteur sanitaire, pénibilité du travail, faiblesse des rémunérations, fortes amplitudes horaires et disponibilités exigées… Le Gouvernement a engagé des revalorisations salariales depuis 2020 mais celles-ci ont un effet limité dans un contexte de forte inflation. Les travaux autour d'une future convention collective unique de la branche de l'action sanitaire et sociale, lorsqu'ils auront abouti, devraient permettre d'apporter des réponses complémentaires de long terme. Des stratégies d'attractivité sont menées par ailleurs. Elles reposent sur plusieurs axes visant, notamment, à fidéliser les professionnels en poste en construisant des parcours de carrière attractifs (augmentation des places de formation, massification de la validation des acquis de l'expérience, renforcement des passerelles entre diplômes et métiers) et en améliorant les conditions de travail du secteur, notamment, la qualité de vie au travail. Les différents acteurs (écoles de formation, fédérations d'employeurs, départements, régions…) mènent aussi de leur côté des démarches afin d'aider à la formation et recruter durablement des professionnels qualifiés. Différentes actions sont menées dans ce sens : promotion des métiers par des actions de communication territoriales, bourses d'études le temps de la formation, tutorat pour les nouveaux arrivants, recensement et diffusion des bonnes pratiques, programmes de formation continue, management plus participatif pour favoriser le bien- être au travail avec des équipes reconnues et impliquées, encouragement de l'autodétermination en valorisant une symétrie des savoirs professionnels et des savoirs expérientiels des personnes. Enfin, le Haut conseil du travail social a travaillé à un livre blanc du travail social qui devrait être prochainement remis au Gouvernement. Centré sur le sujet de l'attractivité des métiers du travail social, ce document vise à poser des perspectives supplémentaires qui pourront inspirer des actions du Gouvernement et, au-delà, de l'ensemble des acteurs concernés.

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