Question de M. DEMILLY Stéphane (Somme - UC) publiée le 12/10/2023

Question posée en séance publique le 11/10/2023

M. le président. La parole est à M. Stéphane Demilly, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Stéphane Demilly. Madame la ministre des affaires étrangères, je sais bien qu'une actualité chasse l'autre et que nos regards et nos coeurs sont aujourd'hui mobilisés, à quelques exceptions près, pour le peuple israélien, victime d'une impensable barbarie moyenâgeuse.

Je sais bien que le Monopoly mondial est complexe et que l'Union européenne, au regard du contexte ukrainien, avait besoin de diversifier ses importations de gaz, ce qui rapporte des milliards à l'Azerbaïdjan, comme l'ont rappelé nos collègues Retailleau et Devinaz.

Tout cela, nous le savons, mais je souhaite tout de même revenir sur la situation dramatique du Haut-Karabakh. Comme en Ukraine, comme à Gaza, comme dans de nombreux endroits de la planète, la force prévaut sur le droit.

Madame la ministre, faut-il qu'un peuple disparaisse pour savoir qu'il existe ? Près de 80 % de la population arménienne a dû abandonner, du jour au lendemain, la terre qu'elle habite depuis 2 500 ans pour ne pas se faire massacrer, après avoir été encerclée et affamée.

La Russie a renoncé à protéger l'Arménie et nous, Européens, avons poussé le cynisme jusqu'à inviter le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, à négocier avec ses agresseurs. Chacun sait qu'il est facile de négocier avec un couteau sous la gorge ! Chacun sait qu'il est facile de négocier avec un président qui a promis de « vous chasser comme des chiens » !

Charles Aznavour chantait cette véritable incantation :

« Après l'horreur,

« Après la peur,

« Pour toi Arménie, [...]

« Le monde s'est levé,

« Le monde est avec toi. »

Madame la ministre, la France est-elle avec l'Arménie ? La France se lève-t-elle pour l'Arménie ?

Au-delà des mots de compassion, au-delà des condamnations diplomatiques de circonstance, qu'envisage de faire la France pour le peuple arménien, qui a connu le premier génocide du XXe siècle et qui vit actuellement, sous nos yeux, le premier nettoyage ethnique du XXIe siècle ? (Applaudissements sur les travées des groupes UC, Les Républicains et INDEP, ainsi que sur des travées des groupes SER et CRCE-K. - M. Bernard Buis applaudit également.)

Mme Catherine Morin-Desailly. Très bien !

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 12/10/2023

Réponse apportée en séance publique le 11/10/2023

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Chacun dans cet hémicycle mesure la gravité de la crise qui se déroule au Proche-Orient, laquelle ne saurait toutefois détourner notre regard de la situation dans le Caucase du Sud, particulièrement en Arménie. Quelle que soit la manière dont il cherche à présenter la situation, l'Azerbaïdjan a planifié et organisé l'exode de plus de 100 000 Arméniens du Haut-Karabakh. Il s'agit d'actes d'une extrême gravité : ce sont des crimes et ils ne peuvent rester sans réaction.

Nous avons organisé un nouveau débat au sein du Conseil de sécurité. Nous demandons aujourd'hui à ses membres de prendre leurs responsabilités, par le biais d'une résolution qui permette de créer les conditions d'un possible retour des populations arméniennes du Haut-Karabakh. Cela passe par des garanties fermes sur le respect de leurs droits historiques et culturels, ainsi que par une présence internationale permanente, qui est l'objet de tous nos efforts.

Mme la Première ministre a rappelé précédemment, et je l'ai fait à sa suite, l'ensemble des actions que nous menons pour aider, comme ne le fait aucun autre pays - je le redis -, l'Arménie.

Nous sommes convaincus, comme l'a dit la Première ministre, que les questions en suspens entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan ne pourront trouver de réponses qu'au travers d'un processus de négociation et d'un chemin de paix juste et durable.

C'est la raison pour laquelle la France soutient les efforts de médiation de l'Union européenne. Il s'agit d'un soutien exigeant, qui ne fera aucune concession sur le nécessaire respect du droit international, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Arménie.

En parallèle, nous devons continuer de soutenir l'Arménie comme nous le faisons et de dissuader l'Azerbaïdjan, en lui passant des messages, comme nous l'avons encore fait aujourd'hui, pour l'engager à ne pas poursuivre dans la voie de la force. Il n'y a pas d'autre choix possible pour assurer la paix, au bénéfice de toutes les populations du Caucase du Sud. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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