Question de Mme VENTALON Anne (Ardèche - Les Républicains-A) publiée le 19/10/2023

Mme Anne Ventalon attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer au sujet des dispositifs d'alerte de crue.
Elle rappelle que le 3 octobre 2021, la commune ardéchoise de Vernon a connu une crue sans précédent, engendrant de nombreuses pertes matérielles. Vernon n'a été touchée que quatre heures après les fortes précipitations tombées sur les communes situées en amont.
Aujourd'hui, des dispositifs pour alerter les potentielles crues existent. Les cartes ZIP (Zone d'Inondation Potentielle) permettant de distinguer les secteurs inondés en fonction des hauteurs d'eau constatées au niveau des stations hydrologiques. L'application Vigicrue alerte en cas de risque de crue, de dépassements de hauteurs ou de débits d'eau sur les stations alentours. Enfin, le service APIC (Avertissement Pluies Intenses à l'échelle des Communes) envoie un avertissement lors de fortes précipitations sur une commune déterminée et celles situées en amont.
Cependant, ces dispositifs restent aléatoires. Ils permettent de présager d'une crue sans renseigner sur son importance ni son délai d'apparition dans les communes situés en aval. Les cartes ZIP délivrent seulement la vitesse d'avancée de la crue en aval des stations hydrologiques sur certains secteurs.
Par ailleurs, aucun dispositif d'alerte de crue en temps réel complet et centralisé n'existe à ce jour. Pourtant, les données nécessaires à sa mise en service existent : pluviométrie en temps réel, niveau d'eau limnométrique en aval, caractéristiques des bassins versants, profil topographiques des zones sensibles... Les modèles topographiques des cartes ZIP pourraient aussi être réutilisés et les alertes pourraient être lancées par les stations météorologiques.
Elle demande donc au Gouvernement s'il prévoit la mise en place d'un tel dispositif d'alerte de crue en temps réel.

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Transmise au Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires


Réponse du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires publiée le 07/02/2024

Réponse apportée en séance publique le 06/02/2024

M. le président. La parole est à Mme Anne Ventalon, auteure de la question n° 857, transmise à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Mme Anne Ventalon. À l'heure où le climat s'emballe, les phénomènes de crues gagnent en fréquence, en violence et, surtout, en soudaineté.

C'est ainsi que, le 3 octobre 2021, la rivière La Beaume, qui traverse la commune ardéchoise de Vernon, a connu une crue sans précédent. Ce n'est que quatre heures après les fortes précipitations tombées sur les communes situées en amont que Vernon a été touchée.

Certes, des dispositifs d'alerte existent, notamment les cartes ZIP, pour zones inondées potentielles, l'application Vigicrues ou le service Apic, pour Avertissement pluies intenses à l'échelle des communes.

Hélas, parce qu'ils sont trop imprécis, ces indicateurs se révèlent insuffisants. En effet, dans l'exemple que j'ai pris, la commune située au pied des Cévennes ardéchoises n'a reçu qu'une alerte de niveau orange, alors qu'elle s'est trouvée frappée par une crue de quatre mètres.

Pourtant, si les prévisions avaient été fondées sur les quantités de pluie réellement tombées sur le haut du bassin versant, l'intensité et l'heure de la survenue de la crue auraient pu être annoncées avec précision au moins deux heures à l'avance dans la commune de Vernon. Cela aurait conduit le maire à prendre des mesures adaptées afin de prévenir la catastrophe et d'en limiter les dégâts.

Interrogés, les services de l'État ont répondu qu'ils ne disposaient pas des moyens techniques permettant de réaliser cette évaluation en temps réel et qu'il appartenait aux élus de consulter les intensités de précipitation en amont afin d'évaluer eux-mêmes le risque encouru.

Monsieur le ministre, avec les formidables progrès en matière de calcul et l'essor de l'intelligence artificielle, serait-il possible de créer un dispositif d'alerte des crues fondées sur les précipitations tombant sur les bassins versants, ce dont les élus auront de plus en plus besoin ?

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Madame la sénatrice Ventalon, le site Vigicrues, géré par le ministère de l'écologie, informe des risques de débordement pouvant survenir, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. En 2021, une vigilance de niveau orange, synonyme de risque de débordements très importants, a été déclenchée vingt-quatre heures après la crue spectaculaire que vous avez évoquée.

Depuis, nous avons beaucoup progressé.

En effet, depuis cette période, les données dont nous disposons sont plus nombreuses, tout comme le sont les capacités de les modéliser davantage. Bien plus, il existe depuis un nouveau dispositif, FR-Alert. Prévenir le maire, c'est une chose, prévenir les habitants d'un territoire au moyen de SMS de la survenue potentielle d'un danger en est une autre. C'est pourtant une réalité depuis quelque mois.

Pour l'illustrer, je prendrai volontairement l'exemple de la vallée de la Vésubie, où je me suis rendu. Elle aussi a été frappée par des inondations records, directement corrélées au dérèglement climatique. En effet, les précipitations qui, en hiver, tombaient jusqu'à présent pour partie sous forme de neige dans les zones de montagne et n'atteignaient pas la vallée, finissent, du fait de températures trop douces, par se déverser sous forme de pluie : la quantité d'eau qui se déverse alors dans la vallée est telle qu'elle entraîne des crues absolument spectaculaires.

Lors de ce dernier épisode, le dispositif FR-Alert d'envoi de SMS aux habitants du territoire touché a été activé, tout comme il l'a été dans le Pas-de-Calais avant la survenue de plusieurs inondations, une connexion étant désormais établie entre ce système d'alerte par messagerie et nos dispositifs de prévention.

Pour autant, je ne me satisfais pas de cette situation.

Nous continuons donc d'augmenter le nombre de stations ZIP. Je n'entre pas dans le détail de ces outils et des autres dispositifs qui, grâce à des supercalculateurs, au développement de stations et à des logiciels de modélisation, permettent d'obtenir des précisions de plus en plus fines. L'accentuation du dérèglement climatique entraînant des phénomènes qui parfois vont plus vite ou sont plus intenses que ce que nous avons modélisé, il nous faut continuer à relever notre niveau de protection au fur et à mesure que le niveau de risque augmente.

M. le président. La parole est à Mme Anne Ventalon, pour la réplique.

Mme Anne Ventalon. Monsieur le ministre, vous avez raison de ne pas vous satisfaire des dispositifs existants : des améliorations peuvent encore être apportées pour une meilleure mise en sécurité des populations.

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