Question de M. REDON-SARRAZY Christian (Haute-Vienne - SER) publiée le 14/12/2023

M. Christian Redon-Sarrazy attire l'attention de Mme la ministre de la culture sur la situation du service public d'information de France télévisions.
Les journalistes et personnels déplorent en effet la réforme des journaux télévisés (JT) régionaux de France 3, décrite comme insatisfaisante sur le plan éditorial et épuisante pour les personnels.
Faute d'une rédaction nationale dotée de moyens humains et financiers suffisants, la charge de travail est reportée sur les équipes régionales sans moyens supplémentaires, avec des éditions de JT dont la durée s'allonge.
La vision du service public de proximité, qui fait le coeur de métier des antennes régionales de France télévisions, est aujourd'hui menacée par ces conditions de travail, alors même que les téléspectateurs ont longtemps plébiscité l'information locale et régionale, au plus près du terrain et à leur écoute, et souhaitent la voir perdurer.
Il lui demande donc si un dialogue peut être envisagé avec la direction de France télévisions afin d'identifier les pistes d'amélioration éditoriale et organisationnelle, démarche qui ne pourra se faire sans un état des lieux des moyens financiers nécessaires pour assurer une information de qualité.

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Transmise au Ministère de la culture


Réponse du Ministère de la culture publiée le 07/02/2024

Réponse apportée en séance publique le 06/02/2024

M. le président. La parole est à M. Christian Redon-Sarrazy, auteur de la question n° 985, adressée à Mme la ministre de la culture.

M. Christian Redon-Sarrazy. Madame la ministre, je souhaite attirer votre attention sur la situation du service public d'information de France Télévisions.

La réforme des journaux télévisés de France 3 à la rentrée 2023, dictée avant tout par des considérations budgétaires, a été dénoncée par les journalistes et les personnels. Ils la jugent insatisfaisante d'un point de vue éditorial et épuisante pour les personnels.

La charge de travail a été reportée sur les équipes régionales, la durée des éditions des journaux télévisés ayant été allongée du fait de la suppression des journaux nationaux, ce qui a provoqué les mouvements sociaux de la fin 2023.

Le service public de proximité, coeur de métier des antennes régionales de France Télévisions, est aujourd'hui menacé par ces conditions de travail, alors même que les téléspectateurs ont longtemps plébiscité l'information locale et régionale, au plus près du terrain, à leur écoute, et qu'ils souhaitent la voir perdurer.

Ces dernières années, la question d'une réforme de l'audiovisuel public s'est toujours posée afin de faire des économies. Or nous savons pertinemment que les restrictions budgétaires dans le secteur public, quelle que soit la branche, ne sont pas sans effets sur la vie quotidienne des personnels et donc sur la qualité du travail fourni. En l'occurrence, il s'agit de l'information. Dans ce domaine, un travail journalistique mené avec rigueur, au plus près du terrain, en particulier dans le contexte socioculturel actuel, est indispensable.

Des changements aussi importants ne peuvent être effectués correctement sans un minimum de concertation et de moyens humains, lesquels doivent être mis en cohérence avec les nouvelles missions.

Il me semble donc nécessaire qu'un dialogue soit engagé entre les journalistes, les autres personnels et la direction de France Télévisions, afin d'identifier les pistes d'amélioration éditoriale et organisationnelle. Par ailleurs, cette démarche ne pourra se faire sans un état des lieux des moyens humains et financiers nécessaires pour assurer une information de qualité.

Je souhaite donc savoir quelles sont les ambitions de l'État en la matière, d'autant que vous avez déclaré sur une radio du service public, madame la ministre, vouloir faire une nouvelle réforme et la faire vite.

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Rachida Dati, ministre de la culture. Monsieur le sénateur Redon-Sarrazy, comme vous le savez, je suis moi-même très attachée - vous avez d'ailleurs eu raison de rappeler les propos que j'ai tenus sur une radio de service public - à la mission essentielle de proximité de l'audiovisuel public. Il favorise la cohésion sociale au plus près des territoires et met en valeur tous les événements culturels régionaux, répondant en cela à l'attente forte exprimée par les Français pour davantage de proximité dans les programmes et les sujets traités.

C'est d'ailleurs pour cette raison que les Français soutiennent très largement le service public de l'audiovisuel.

Le renforcement de l'offre de proximité de France Télévisions et de Radio France figurait parmi les priorités qui ont été définies pour le secteur audiovisuel public en 2018 et qui ont été formalisées dans un contrat d'objectifs et de moyens (COM) 2020-2022, prolongé par un avenant d'une durée d'un an.

Cette dynamique a vocation à être amplifiée pour la prochaine génération en cours de négociation, mais elle s'est déjà traduite par plusieurs réalisations, parmi lesquelles le lancement par France Télévisions, au début du mois de septembre 2023, de « Ici 12/13 » et « Ici 19/20 ». Ces éditions d'informations, pilotées depuis les régions, mêlent informations nationales et informations locales.

Si ce projet répond aux objectifs fixés par le Gouvernement, je reste évidemment attentive à ses modalités de mise en oeuvre. Je souhaite notamment qu'il se fasse dans le cadre nécessaire d'un dialogue social avec l'ensemble des personnels.

Nous sommes conscients des vives tensions - vous les avez rappelées - qu'il a suscitées au sein des équipes de France 3. La direction de France Télévisions a pris des mesures pour les apaiser, notamment grâce à un protocole d'accord qu'elle a signé avec quatre organisations syndicales à la fin du mois de novembre 2023.

La direction du réseau est pleinement engagée pour améliorer les conditions de travail des personnels de France 3 et être à leur écoute. Une période de transition et d'adaptation aura lieu jusqu'au printemps, à l'issue de laquelle un bilan sera effectué. D'ores et déjà, je puis vous dire que 60 emplois équivalents temps plein seront déployés au sein des antennes régionales et pris en compte dans le budget prévisionnel de 2024.

Cependant, comme vous le savez, le ministère de la culture n'a pas vocation à se substituer à la direction de l'entreprise.

M. le président. La parole est à M. Christian Redon-Sarrazy, pour la réplique.

M. Christian Redon-Sarrazy. Madame la ministre, ni le regard que vous portez sur la situation, dégradée par la précédente réforme, ni la façon dont vous envisagez d'engager la prochaine ne sont de nature à me rassurer.

Vous avez déclaré à la une d'un journal ce week-end que le service public devait donner sa place à toutes les opinions. J'ajouterai qu'il doit aussi donner toute sa place à tous les territoires.

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