Question de M. HAYE Ludovic (Haut-Rhin - RDPI) publiée le 04/01/2024

M. Ludovic Haye attire l'attention de M. le ministre des armées concernant l'émergence croissante des drones en tant que menace grandissante en milieu maritime.

Les drones en milieu maritime représentent une menace grandissante. Leur diversité, leur agilité et leur accessibilité croissante sur le marché posent un défi sécuritaire majeur pour les marines nationales. Ces drones peuvent être déployés pour des missions d'espionnage, de livraison de charges explosives, voire même pour des attaques ciblées. Cette polyvalence représente une menace sérieuse pour la sécurité des opérations en mer, ainsi que pour les infrastructures portuaires et côtières.

Les systèmes de défense actuels des marines se sont plutôt montrés efficaces, avec la récente destruction de drones par la frégate « Languedoc » pour contrer ces nouveaux types de menaces. Il est cependant crucial de comprendre comment les marines peuvent adapter leurs stratégies, leurs équipements et leurs protocoles pour faire face à cette nouvelle forme de menaces. Anticiper et contrer ces menaces émergentes est essentiel pour garantir la sécurité maritime. Il est nécessaire de mettre en place des mesures proactives afin de réduire les vulnérabilité et d'assurer la protection des zones maritimes stratégiques.

Les conséquences potentielles d'une attaque réussie à l'aide de drones en milieu maritime pourraient être dévastatrices, non seulement pour les forces armées mais aussi pour la sécurité nationale et la stabilité économique d'un pays.

En somme, cette évolution rapide des technologies de drones maritimes requiert une adaptation rapide des stratégies de défense.

Il lui demande les mesures concrètes et les stratégies qu'il envisage de mettre en place pour permettre aux marines de repenser et renforcer efficacement leurs défenses face à cette évolution technologiques significative.

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Transmise au Ministère des armées


Réponse du Ministère des armées publiée le 16/05/2024

L'utilisation de drones armés contribue à désinhiber l'usage de la force en faisant peser une menace déportée et téléopérée, sans exposition humaine directe. Cette menace prend la forme de mini-avions d'une centaine de kilos, lourdement armés et disposant d'une forte autonomie, ou d'engins plus petits (poids inférieur à 25 kg), d'un faible rayon d'action qui dans ce cas ne produisent pas d'effet significatif en haute mer. Pour traiter les drones capables d'opérer en haute mer, la marine dispose de moyens performants dédiés à la lutte anti-aérienne et notamment conçus pour détecter des missiles à très faible signature et évoluant à très haute vitesse, des torpilles ou encore des embarcations suicides. Ces systèmes se sont révélés performants pour contrer la menace "drones" qui ne bouleverse pas fondamentalement les concepts tactiques déjà établis. Toutefois, la principale difficulté posée par les drones est l'effet de saturation que peuvent provoquer des vagues d'engins peu coûteux et renouvelables face aux missiles d'auto-défense performants mais en nombre limité. La parade passe par une combinaison de solutions capacitaires, tactiques et stratégiques. Sur le plan capacitaire, la marine cherche à accroître ses capacités sur chacun des volets de la défense anti-aérienne : sur le volet de la détection en adaptant les performances des radars et systèmes en service, sur le volet de l'identification en ajoutant des capacités d'identification optique supplémentaires sur ses frégates et sur le volet de la riposte en utilisant des systèmes de brouillage ou de leurrage, ou des armes à énergie dirigée. Sur le plan tactique, les forces déployées adaptent d'ores et déjà leurs modes d'action en durcissant notamment les mesures de discrétion électromagnétique et optique, et en ciblant davantage les points clés du dispositif adverse, tels que ses centres de télé-commande à terre, ses drones de reconnaissance ou ses relais de désignation d'objectifs. Enfin, sur le plan stratégique, pour faire face à cette menace asymétrique, la riposte passe notamment par le développement de partenariats ou de coopérations opérationnelles au niveau régional, à l'image des opérations EUNAVFOR Atalanta en mer d'Arabie, EMASoH-AGENOR dans le détroit d'Ormuz, ou de l'initiative américaine « Prosperity Guardian », permettant ainsi de démultiplier les capacités nationales. À plus long terme, les récents événements en Mer Rouge confirment la nécessité d'équiper les frégates françaises de moyens d'autodéfense 360° multicouches, pour disposer de capacités de riposte adaptées aux menaces rencontrées, qui seront par nature évolutives tout au long de la vie des frégates.

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