Question de M. TABAROT Philippe (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 18/01/2024

M. Philippe Tabarot attire l'attention de M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires sur le projet dévoilé sans aucune concertation en octobre 2023 d'interruption de la liaison aérienne desservie par Air France entre Nice et Paris-Orly. Sans aucun échange avec les élus des territoires concernés, la compagnie Air France a annoncé mettre fin aux liaisons entre l'aéroport de Paris-Orly et les villes de Toulouse, Marseille et Nice à partir de 2026. S'agissant de Nice, cette mesure concerne une petite centaine de vols par semaine depuis et vers la Côte d'Azur.
Aussi, il souhaite savoir ce qu'il entend entreprendre afin de maintenir cette liaison, nécessaire pour l'attractivité de la Côte d'Azur, terre de tourisme d'affaires et de loisirs par excellence, alors que le département des Alpes-Maritimes est dépourvu de ligne ferroviaire à grande vitesse depuis Nice.

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Réponse du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires publiée le 02/02/2024

Réponse apportée en séance publique le 01/02/2024

M. le président. La parole est à M. Philippe Tabarot, auteur de la question n° 1019, adressée à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

M. Philippe Tabarot. Monsieur le ministre, nous avons appris il y a quelques mois, brusquement et à la surprise générale, la suppression, en 2026, par la compagnie Air France, de la desserte depuis Orly des grands aéroports comme ceux de Marseille, de Toulouse et de Nice, dont la situation me préoccupe particulièrement, comme vous le savez.

Nous avons été étonnés d'apprendre ce coup d'arrêt, qui va affecter autant les salariés de la compagnie que les territoires attractifs des Alpes-Maritimes, alors que les usagers bénéficient, jusqu'à présent, de plus de douze vols par jour.

Cette décision est une faute, car elle ne se justifie en rien, cette ligne étant sans doute la plus rentable de France et le département des Alpes-Maritimes n'étant pas doté d'une ligne ferrée à grande vitesse - j'y reviendrai.

Cette décision est brutale, car elle n'a fait l'objet d'aucune concertation ni d'aucune information, alors même que l'offre est aujourd'hui réduite et après que les contribuables, dont les Azuréens, ont servi d'assurance vie face aux crises covid.

Enfin, cette décision est lourde de conséquences.

Vous le savez, monsieur le ministre, je défends le ferroviaire, mais je pense qu'il faut le bon mode de transport au bon endroit.

Aussi, qu'entendez-vous faire pour que la compagnie nationale Air France revienne sur sa décision ou renonce à toute dégradation de l'offre ?

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Monsieur le sénateur Tabarot, au rang des qualités dont vous pouvez vous prévaloir - notez que j'utilise le pluriel -, je compte le pragmatisme.

Je suis ainsi certain que vous êtes attentif à l'évolution des chiffres, ainsi que vous l'avez montré lorsque vous avez voulu, par exemple, étayer des besoins en investissements - je pense au soutien à la régénération - ou nous interroger sur les niveaux des surprofits qui peuvent exister ici ou là.

La réalité, aujourd'hui, n'est pas celle d'une décision arbitraire de diminution du nombre de liaisons. C'est celle d'une évolution du trafic extrêmement prononcée et durable, dont je veux vous livrer les éléments principaux.

Le nombre de passagers faisant l'aller-retour depuis Nice a baissé de 60 % pour ceux qui le font dans la journée, et de 50 % pour ceux qui le font en deux jours. Le trafic de la navette Orly-Nice a diminué de 60 % par rapport à 2019. La clientèle affaires est passée de 100 000 passagers en 2019 à 50 000 en 2023.

Or personne ne peut soutenir sérieusement qu'il faut maintenir une offre équivalente quand la demande baisse !

Au reste, ce n'est pas la suppression de liaisons qui explique cette baisse. On enregistre une baisse objective de la fréquentation, laquelle commande, pour des raisons économiques, de ne pas maintenir des vols à vide. Ce n'est pas une décision contre l'avion ! C'est une décision de bon sens.

Cela dit, je vous rejoins sur un certain nombre de points, en particulier sur le fait que ces évolutions ne doivent pas se faire au détriment des territoires et de leur connectivité.

En outre, vous avez raison, le nombre de rotations, la manière dont les choses se passeront et la façon dont Air France continuera à assurer un service constituent des questions légitimes, qui doivent être au coeur de nos préoccupations.

Cependant, il y a, sur le nombre de rotations et sur l'ajustement à la réalité, une logique économique, à laquelle personne ne peut se soustraire.

M. le président. La parole est à M. Philippe Tabarot, pour la réplique.

M. Philippe Tabarot. Monsieur le ministre, je suis peut-être naïf, mais j'ai tendance à toujours vous croire.

Je ne remets donc pas en cause les chiffres que vous avancez, mais, compte tenu de ce que j'observe et de ce que vivent un certain nombre d'Azuréens s'agissant du taux de remplissage des avions et des tarifs pratiqués, j'ai du mal à comprendre cette décision.

Comme vous le savez, le département des Alpes-Maritimes est très touristique et compte de nombreux actifs. Cependant, il est particulièrement enclavé. Malheureusement, le ferroviaire ne permettra pas de nous désenclaver : le magnifique projet, que vous soutenez, de ligne nouvelle Provence-Côte d'Azur aidera le train du quotidien, mais pas le train à grande vitesse.

Pour toutes ces raisons, l'aérien ne doit pas être victime de cette guerre des modes de transport. Au contraire, il doit répondre à un besoin des Azuréens qui est important, en dépit des chiffres que vous avez communiqués.

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