Question de Mme PHINERA-HORTH Marie-Laure (Guyane - RDPI) publiée le 25/01/2024

Mme Marie-Laure Phinera-Horth attire l'attention de Mme la ministre du travail, de la santé et des solidarités. Depuis avril 2005, la collecte de sang en Guyane n'est plus possible en raison de la maladie de Chagas. Cette maladie était considérée comme un véritable problème de santé publique sur le continent sud-américain. Toutefois, il existe depuis de nombreuses années des tests qui permettent de dépister la maladie de Chagas dans le sang collecté.
Malgré cette avancée, la reprise de la collecte n'a jamais été autorisée en Guyane. Aujourd'hui, faute de pouvoir collecter du sang sur le territoire, la Guyane éprouve d'énormes difficultés d'approvisionnement notamment en ce qui concerne les plaquettes. Pour rappel, la Guyane connaît actuellement une forte période de Dengue et par conséquent une importante consommation de sang.
Elle lui demande donc quelles sont les intentions du Gouvernement s'agissant de la reprise de la collecte de sang en Guyane.

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Réponse du Ministère auprès du Premier ministre, chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations publiée le 07/02/2024

Réponse apportée en séance publique le 06/02/2024

M. le président. La parole est à Mme Marie-Laure Phinera-Horth, auteure de la question n° 1033, adressée à Mme la ministre du travail, de la santé et des solidarités.

Mme Marie-Laure Phinera-Horth. Madame la ministre, je veux aujourd'hui vous parler de Karen : âgée de 8 ans seulement, elle se bat courageusement contre une leucémie aiguë. Chaque jour de vie en plus est une victoire pour elle.

Ces dernières semaines, la vie fragile de la petite Karen a failli basculer. En Guyane, les plaquettes nécessaires pour stabiliser son état de santé manquaient cruellement.

Il faut dire que la Guyane est actuellement confrontée à une forte épidémie de dengue, qui rend plus complexe encore la gestion déjà difficile du stock de plaquettes. Faut-il rappeler que la collecte de sang est suspendue en Guyane depuis près de vingt ans à la suite de l'extension à ce territoire de la maladie de Chagas ?

Depuis 2005, le sang transfusé aux Guyanais provient essentiellement des Antilles ou de la France hexagonale. Cette organisation pose plusieurs problèmes de santé publique. Se pose d'abord la question évidente de la disponibilité des stocks. En effet, la Guadeloupe n'est pas autosuffisante en matière de produits sanguins labiles. En outre, la France hexagonale et les Antilles se trouvent respectivement à huit et trois heures de vol. Nous ne pouvons pas taire non plus la question des phénotypes rares : du fait de notre diversité, on trouve en Guyane des groupes sanguins rares. L'utilisation de sang n'appartenant pas à ces groupes multiplie les risques d'incompatibilité et de réactions transfusionnelles.

Il y a deux ans, j'avais interpellé le Gouvernement sur cette même question. On m'avait opposé un rapport de Santé publique France. Or ce rapport ne ferme pas la porte à une reprise de la collecte du sang en Guyane ; il dit, tout au plus, qu'il y aura des contraintes.

Nous savons qu'à l'arrêt de la collecte de sang les actifs de l'Établissement français du sang (EFS) en Guyane ont été transférés à la Guadeloupe. Les Guyanais - j'insiste sur ce point - en ont assez d'être les sacrifiés !

Combien de Karen faudra-t-il, madame la ministre, avant que la France n'envisage sérieusement de reprendre la collecte de sang en Guyane ? Vous pouvez dès à présent, à tout le moins, autoriser le prélèvement des plaquettes, qui bénéficient d'un traitement rendant inactifs les virus. Ce sera un premier pas, en attendant que la recherche progresse encore.

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Madame la sénatrice, je connais votre engagement pour votre territoire de la Guyane. Vous le savez, quel que soit le territoire concerné, hexagonal ou ultramarin, et de manière systématique, c'est uniquement pour des raisons épidémiologiques que les collectes de sang peuvent être interrompues. Il n'y a pas de discrimination en fonction du territoire : une telle mesure peut affecter n'importe lequel d'entre eux dès lors qu'existe un risque pour la santé publique, un risque de perte de chances pour les patients.

C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui encore, en Guyane ou à Mayotte, ces collectes ne peuvent avoir lieu. Je vais en reparler au sein du Gouvernement, parce que j'entends bien l'alerte que vous lancez de nouveau sur ce sujet, mais je veux redire ici aujourd'hui, pour que tout le monde l'ait bien en tête, pourquoi ces collectes sont actuellement impossibles.

En 2005 un arrêté préfectoral a mis un terme à la collecte de sang sur le territoire guyanais, en raison de la présence en Guyane de la maladie de Chagas, qui constitue un véritable problème de santé publique sur le continent sud-américain et en Amérique latine ; 15 à 20 millions de personnes seraient infectées dans cette région, le risque de transmission de cette maladie étant très élevé.

C'est bien la raison pour laquelle la possibilité de donner son sang n'a pu être rouverte en Guyane depuis lors. Ces décisions se prennent, je le redis, uniquement sur des critères épidémiologiques, de santé publique.

Comptez sur moi néanmoins, madame la sénatrice, pour faire remonter cette problématique, afin que l'on puisse éventuellement vous apporter une autre réponse ou que d'autres études puissent être réalisées, puisque la dernière remonte au mois d'août 2021.

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