Question de M. BARROS Pierre (Val-d'Oise - CRCE-K) publiée le 29/02/2024

M. Pierre Barros appelle l'attention de M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires sur la situation de Météo France. Cette dernière s'est très rapidement dégradée depuis la mise en place du système 3P, pour « programme prévision production ».

Cette nouvelle organisation de la chaîne de prévisions se base sur l'automatisation des prévisions, affichées ensuite sur le site et l'application de Météo France. La base de données, auparavant validée par sept prévisionnistes, un par inter-région, est désormais validée par une seule personne au siège national de l'entreprise.

Les conséquences de cette nouvelle organisation sont importantes sur la qualité du service rendu aux usagers et sur la santé des agents.

Ce système produit des résultats saugrenus sur certaines prévisions, comme lors de l'épisode neigeux de janvier dernier en Ile-de-France. Les usagers du site ou de l'application ont découvert des pictogrammes erronés, pas du tout en lien avec la météo du moment. Par ailleurs, les agents regrettent de ne pas être assez formés à la manipulation des nouveaux outils, ainsi qu'à la méthodologie et à la pratique de ce nouveau système.

Toutes ces erreurs entraînent une surcharge de travail pour les prévisionnistes. Ces derniers déplorent également une perte de sens dans l'exercice de leurs missions et des conditions de travail détériorées. L'intersyndicale dénonce quant à elle un projet trop précoce, mal mis en oeuvre, irréalisable avec les moyens impartis.

Lors des 15 dernières années, 1 500 emplois ont été supprimés à Météo France. Les politiques austéritaires ont achevé de déstructurer un service public pourtant essentiel. L'agence a en effet un rôle clé à jouer avec le réchauffement climatique : les risques de phénomènes extrêmes sur les territoires sont amenés à se multiplier. Les recrutements annoncés en 2023 et en 2024 sont bienvenus, mais encore insuffisants.

Il lui demande donc de détailler les mesures qui seront mises en place pour redresser la situation de Météo France.

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Réponse du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires publiée le 09/05/2024

Une nouvelle organisation de la prévision météorologique dans l'Hexagone a été déployée par Météo-France en novembre dernier conformément au projet de transformation de l'établissement décidé en 2017 dans le contexte du programme national « Action Publique 2022 ». Météo-France a remplacé le système d'élaboration de sa base de données de prévisions, datant des années 2010, par un nouveau système qui tire parti des progrès techniques réalisés par l'établissement ces dix dernières années. L'automatisation a été renforcée dans l'élaboration de la base de prévisions et de certaines tâches de production avec l'objectif de permettre aux prévisionnistes experts de l'établissement de disposer de plus de temps à consacrer aux enjeux météorologiques les plus importants et à l'accompagnement des utilisateurs et clients de l'établissement. L'expertise humaine reste centrale. La base de prévisions automatiques est supervisée par des prévisionnistes. Toute l'année, 24h/24h, un prévisionniste à Toulouse est chargé d'assurer la qualité et la cohérence de la base ; il peut y apporter des corrections en lien direct avec les prévisionnistes des directions régionales de Météo-France. Plus largement, en permanence, au sein de Météo-France, 110 postes de prévisionnistes, dont 18 outre-mer, sont tenus le jour et 52 postes de prévisionnistes, dont 9 outre-mer, sont tenus la nuit. Au total, environ 600 prévisionnistes travaillent au sein de l'établissement. A noter que la vigilance météorologique, opérée par Météo France pour les pouvoirs publics en cas de phénomènes météorologiques dangereux, continue à être réalisée par les prévisionnistes de l'établissement de la même manière que précédemment. La qualité des prévisions est une préoccupation au coeur du projet d'évolution de la base de prévision. La mise en place de la nouvelle base a bénéficié de nombreux efforts et innovations en Recherche et Développement. Des indicateurs de qualitéont été évalués sur plus d'une année de données de la nouvelle base avant son déploiement en novembre dernier. Des tests ont également été réalisés sur des situations météorologiques spécifiques. Ces évaluations préalables à la mise en place de l'outil ont montré des améliorations sur certains paramètres, une qualité identique ou légèrement meilleure sur d'autres et un nombre limité de sujets devant encore être améliorés. La mise en place des nouveaux outils a effectivement mis en évidence des bugs, dont les principaux sont désormais corrigés, et des faiblesses dans certaines situations météorologiques. Le processus d'amélioration continue de ces nouveaux outils se poursuit. Enfin, concernant les effectifs de Météo-France, après plus de dix années de baisse, le Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires a souhaité une hausse des effectifs de l'établissement pour 2023 (+23 ETP) et pour 2024 (+25 ETP). Les effectifs des promotions de l'Ecole Nationale de la Météorologie ont également fortement augmenté avec 59 élèves fonctionnaires techniciens et ingénieurs accueillis à la rentrée 2023-2024 contre 35 lors de la rentrée 2022-2023.

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