Question de Mme CARRÈRE-GÉE Marie-Claire (Paris - Les Républicains) publiée le 29/02/2024

Mme Marie-Claire Carrère-Gée attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer sur l'insécurité aux abords de la prison de la Santé, dans le XIVe arrondissement de Paris. Vandalisme, intrusions, nuisances sonores, bagarres, livraisons de colis aux prisonniers à l'aide de cordes le long des murs... : les résidents vivant à proximité de ce lieu, ainsi que leurs enfants, sont à bout.
Elle lui demande le retour sans délai des gardes statiques 24h sur 24 autour de la prison de la Santé.

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargé des outre-mer publiée le 08/03/2024

Réponse apportée en séance publique le 07/03/2024

M. le président. La parole est à Mme Marie-Claire Carrère-Gée, auteure de la question n° 1119, adressée à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

Mme Marie-Claire Carrère-Gée. Madame la ministre, cela fait cinq ans que la prison de la Santé, dans le XIVe arrondissement de Paris, a été rénovée, cinq ans que les riverains vivent un enfer !

Chaque nuit, ils sont réveillés par des cris, des hurlements, des bagarres. Dans la journée, des jeunes filles, qui se pressent de rentrer chez elles, se font interpeller.

En fin de journée et la nuit se déroulent des scènes étranges, des livraisons de colis en tout genre vers l'intérieur de la prison. Les colis sont hissés par-dessus les murs de la prison au moyen de cordelettes munies de crochets, puis rattrapés depuis les fenêtres. Au début, il n'y avait qu'une seule corde ; il y en a désormais des dizaines, accrochées en permanence.

Ces livraisons illicites, certains tiennent d'ailleurs à les maintenir. Leur solution : l'intimidation des riverains. J'ai en main un tract menaçant, comportant la photo et le nom du président de l'association des riverains. (Mme Marie-Claire Carrère-Gée brandit le document.) Il a été placardé sur les murs de la rue Jean-Dolent, et des individus se sont introduits dans les immeubles pour les glisser dans les boîtes aux lettres.

Il fut un temps où, tout autour de cette prison située en pleine ville, des rondes permanentes et des gardes statiques étaient assurées vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Madame la ministre, ma question est simple : quand ces gardes et ces rondes perpétuelles pourront-elles être remises en place ? Actuellement, le ministère de l'intérieur, le garde des sceaux et la Ville de Paris se renvoient la balle. Nous ne voulons plus de cela ! Ces gardes et ces rondes sont indispensables pour rétablir la tranquillité du quartier et assurer la sécurité de ses habitants.

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Marie Guévenoux, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargée des outre-mer. Madame la sénatrice Carrère-Gée, je vous remercie de votre question, qui porte sur le centre pénitentiaire de Paris-La Santé, secteur très sensible du XIVe arrondissement, que vous connaissez bien.

Il convient avant tout de souligner l'engagement des agents du commissariat de police de cet arrondissement, ainsi que de la compagnie de sécurisation et d'intervention de Paris, qui y réalisent quotidiennement de très nombreuses rondes, patrouilles et contrôles, de jour comme de nuit. Les retours de détenus réintégrant le centre de semi-liberté pouvant être source de nuisances, il a été décidé de renforcer les rondes aux heures correspondant à ces réintégrations, en lien avec les agents de la police municipale ; ces rondes assurent une meilleure protection que les gardes statiques.

Les interventions de police sont par ailleurs facilitées par la présence de trois sites de vidéoprotection quadrillant le secteur. Les vidéopatrouilles effectuées permettent en particulier de repérer, en amont, les comportements suspects et d'envoyer rapidement un équipage sur les lieux. Il convient de noter le lancement du projet d'installation d'une nouvelle caméra de vidéoprotection à l'angle du boulevard Arago et de la rue de la Santé.

Ces dispositifs ont permis de réduire les rassemblements de personnes aux abords du centre pénitentiaire et d'augmenter le nombre d'interpellations : 182 personnes ont été interpellées en 2023, 36 depuis le début de l'année 2024, pour des jets de colis dans l'enceinte de l'établissement pénitentiaire.

Le commissariat du XIVe arrondissement maintient un lien permanent avec les habitants et les professionnels du secteur pour une réactivité maximale des agents sur le terrain. Les policiers ont été requis à 71 reprises en 2023 et à 31 reprises depuis le début de l'année 2024.

Par ailleurs, un numéro spécialement dédié aux riverains est également expérimenté depuis le 19 février dernier, leur permettant de prévenir rapidement les policiers en cas de nuisances. Il convient de souligner que ce numéro ne se substitue pas au 17, qui reste le numéro à utiliser pour les situations d'urgence.

Afin de répondre de manière efficace aux problématiques rencontrées sur le secteur, un groupe de partenariat opérationnel (GPO) a été mis en place pour l'est de l'arrondissement ; il regroupe notamment la direction du centre pénitentiaire et les bailleurs et syndics de copropriété, ainsi que les services de la préfecture de police, de la Ville de Paris et de la mairie d'arrondissement.

Comme vous le voyez, madame la sénatrice, l'État est pleinement mobilisé sur cette question, au travers de ces différents dispositifs et dans un cadre partenarial, afin d'aboutir à des solutions opérationnelles pour la sécurité et la tranquillité des riverains de la prison.

M. le président. La parole est à Mme Marie-Claire Carrère-Gée, pour la réplique.

Mme Marie-Claire Carrère-Gée. Je ne doute nullement de la mobilisation et de l'engagement des policiers du commissariat du XIVe arrondissement, que je connais bien, mais ce n'est pas le sujet ! Certes, c'est très bien qu'il y ait une vidéosurveillance et un numéro de contact, et je sais que des rondes sont faites de temps en temps, mais ce que nous voulons, c'est que les rondes soient faites en permanence !

Madame la ministre, dans les colis livrés illicitement, chaque nuit, au moyen de cordelettes fixées en permanence, il y a de la nourriture, des téléphones, mais aussi de la drogue. Un jour, il y aura des armes blanches, voire des armes à feu. Quand surviendra un drame, une mutinerie dans la prison, on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas !

Il faut prévenir cela par des gardes statiques, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et des rondes permanentes autour de la prison. Cela existait autrefois et il y avait alors beaucoup moins de problèmes ; la sécurité du quartier était assurée.

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