Question de Mme LUBIN Monique (Landes - SER) publiée le 07/03/2024

Question posée en séance publique le 06/03/2024

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Monique Lubin. Madame la ministre, la loi du 4 juillet 2001 relative à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception prévoit la tenue obligatoire de trois séances d'éducation à la vie affective et sexuelle au cours d'une année scolaire.

Ces séances sont essentielles pour prévenir les pratiques sexuelles à risque auprès des jeunes, pour leur permettre de mieux appréhender la notion de consentement et pour les sensibiliser aux violences sexistes ou sexuelles et dévoiler ainsi les stéréotypes de genre.

La délégation sénatoriale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes est unanime sur ce sujet, car c'est bien dès l'école que tout se joue. Cela est d'autant plus vrai à l'heure où le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) pointe une aggravation du sexisme dans les jeunes générations.

Ces heures - nous le savons - ne sont pourtant pas effectuées. Et lorsque des établissements se décident à les mettre en place, ils se trouvent de plus en plus souvent sous le feu d'organisations, soutenues la plupart du temps par la droite conservatrice et l'extrême droite (Protestations sur des travées du groupe Les Républicains.), qui contestent par tous les moyens - mise en cause sur les réseaux sociaux, campagnes de désinformation, etc. - la tenue de ces heures dédiées.

Nous savons que vous partagez nos préoccupations, madame la ministre. Comment pouvons-nous agir collectivement pour garantir la bonne tenue de ces séances et, partant, soutenir ceux qui les mettent en oeuvre ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

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Réponse du Ministère auprès du Premier ministre, chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations publiée le 07/03/2024

Réponse apportée en séance publique le 06/03/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, madame la sénatrice Lubin, tout commence effectivement à l'école.

Si nous pouvions croire que le sexisme était un fait générationnel qui appartiendrait bientôt à un passé révolu, le rapport du HCE que vous évoquez, madame la sénatrice, nous apprend qu'il n'en est rien. Pis, un quart des hommes âgés de 20 ans à 35 ans estiment qu'il peut être normal d'être violent pour se faire respecter de leur compagne ou de leur épouse.

Ce rapport alarmant pointe la marche qu'il nous reste à gravir ensemble.

Telle est la raison pour laquelle, avec la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, Nicole Belloubet, je travaille pour garantir l'effectivité de ces heures dédiées qui permettent d'intégrer les notions essentielles de respect, d'intégrité du corps, de consentement et tout simplement d'égalité entre les petites filles et les petits garçons.

Ne soyons pas dupes : comme le montre le rapport sénatorial transpartisan intitulé Porno : l'enfer du décor, nos enfants, en moyenne à l'âge de 11 ans, commencent leur éducation sexuelle en regardant du porno, c'est-à-dire en visionnant des images violentes et humiliantes pour les femmes qui emportent une représentation déformée des relations affectives et sexuelles.

Si nous ne voulons pas que nos enfants fassent leur éducation sexuelle par eux-mêmes et par ce biais-là, il nous faut non seulement améliorer la régulation de l'industrie pornographique, mais aussi travailler à la racine pour accompagner nos enfants, notamment en garantissant que ces heures dédiées, qui sont inscrites dans les programmes, soient effectivement dispensées, afin que la culture de l'égalité progresse dans notre pays. (M. Thani Mohamed Soilihi, Mme Olivia Richard et M. Olivier Cadic applaudissent.)

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour la réplique.

Mme Monique Lubin. Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre. Si nous avons vécu ce lundi un moment extraordinaire lors de la réunion du Congrès, comme notre collègue Laurence Rossignol l'a très bien dit à la tribune, le combat n'est pas terminé pour autant.

Il nous faut attaquer le mal à la racine, madame la ministre. Cela suppose que, ensemble, nous soyons en mesure de combattre l'hypocrisie de ceux qui, dans nos assemblées, votent des dispositions pour s'inscrire dans l'air du temps, mais qui, sur le terrain, motivent et soutiennent des organisations qui, elles, défendent l'indéfendable. (Applaudissements sur les travées du groupe SER. - Mme Silvana Silvani applaudit également.)

Mme Laurence Rossignol. Très bien !

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