Question de M. MAUREY Hervé (Eure - UC) publiée le 04/04/2024

M. Hervé Maurey attire l'attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie sur la nécessité de développer une stratégie française en matière d'intelligence artificielle compatible avec le principe de sobriété énergétique et de frugalité dans la consommation de matières premières.

Alors que le Parlement européen a récemment adopté l'« AI Act » qui vise à réguler la recherche et le développement de technologies d'intelligence artificielle - notamment l'intelligence artificielle (IA) générative - pour prévenir une menace évidente pour la sécurité, les moyens de subsistance et les droits des personnes, de nombreux acteurs soulignent que ce règlement européen n'encadre pas la dimension environnementale de cette technologie. En effet, il n'existe pas de réglementation de la consommation énergétique et hydrique des infrastructures sur lesquelles reposent les technologies d'intelligence artificielle.

Or, le rapport de Cédric Villani du 28 mars 2018 a souligné les nombreuses limites climatiques et de disponibilité des ressources du développement de l'intelligence artificielle. Cela a notamment incité le Gouvernement à inclure la mise de l'IA au service de la transition écologique au sein de la stratégie nationale pour l'IA. Toutefois, cette priorité semble entrer en conflit avec d'autres priorités de cette même stratégie telles que le développement de l'IA générative et de modèles géants de langage.

Selon plusieurs acteurs du secteur numérique, l'entraînement des modèles de langage existants et en cours de développement consommerait autant d'énergie que ne le font annuellement des milliers de foyers américains. À titre d'exemple, un grand groupe américain spécialiste des moteurs de recherche estime qu'une question posée à une IA générative consomme dix fois plus d'énergie qu'une recherche effectuée sur un moteur de recherche.
Par ailleurs, la quantité d'eau requise pour le refroidissement des serveurs et la production d'électricité nécessaire au fonctionnement des modèles géants de langage, estimée à plusieurs centaines de milliers de litres annuels, serait aussi notable.

Enfin, en matière de consommation de matières premières et de produits semi-finis, le rapport Villani de 2018 a bien souligné l'enjeu de la disponibilité à moyen et long-terme des semi-conducteurs nécessaires à la fabrication des supercalculateurs sur lesquels repose l'IA au regard des réserves mondiales, notamment de silicium, à horizon 2040.
Face aux nombreux conflits d'usages liés aux ressources exploitées par l'IA entre les différents secteurs industriels et même le monde agricole qui pourraient se manifester dans les années à venir, il convient de préciser les conditions dans lesquelles le développement de l'intelligence artificielle sera effectivement bénéfique à notre économie et compatible avec la transition écologique.

Il souhaite donc connaître les mesures que compte prendre le Gouvernement afin de garantir que le développement de l'intelligence artificielle en France et en Europe ne se fasse pas au détriment de la transition écologique.

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En attente de réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie.

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