III. ÉVALUATION DES DISPOSITIONS LÉGISLATIVES
VOTÉES DEPUIS 1981 EN ATTENTE DE MESURES D'APPLICATION

Le changement programmé de logiciel documentaire et la réflexion subséquente sur les critères statistiques ont conduit à mener une réflexion sur le " stock " de mesures d'application des lois qui tardent à être prises. L'analyse a pu porter sur les listes des lois pour lesquelles aucune des mesures d'application prévues par la loi n'a encore été prise ou qui attendent encore des mesures d'application (lois " non applicables " ou " partiellement applicables "), adoptées par le parlement depuis le début de la VIIe législature.

Une première évaluation sommaire portant sur les lois recensées jusqu'en mai 1998 montre que :

- parmi les quelque 200 lois partiellement ou totalement inapplicables, une quarantaine n'attendaient plus que la publication d'un ou plusieurs rapports. En fonction des nouveaux critères, ces lois ne sont plus considérées comme " non " ni même " partiellement " appliquées. Restent donc une vingtaine de lois qui n'avaient reçu aucune des mesures d'application prévues et plus de 150 lois partiellement applicables ;

- pour la majeure partie des lois demeurées partiellement applicables, la majorité (un peu plus d'une centaine) le doit à un nombre limité (deux ou trois) de dispositions législatives en attente d'application :

- une soixantaine de lois demeurent partiellement inapplicables, en raison d'un nombre conséquent d'articles (supérieur ou égal à quatre) ; toutefois, sur ces lois, une vingtaine datent de 1996 ou de 1997.

Au vu du nombre de mesures restant inapplicables, l'éducation, la communication, la bioéthique, figurent notamment parmi les domaines législatifs qui paraissent poser les plus graves difficultés.

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Deux des commissions permanentes ont procédé à une évaluation quantitative globale de l'application des lois relevant de leur compétence.

La commission des Affaires économiques souligne que 205 textes d'application doivent encore être pris pour appliquer totalement les lois de sa compétence depuis 1981. Au total, sur l'ensemble des 128 lois examinées par la commission depuis 1981 (en laissant de côté les lois d'application directe et celles devenues sans objet), 82 sont entièrement applicables, 39 ne le sont que partiellement et 7 n'ont reçu aucun des décrets attendus.

La commission des Finances constate que pour les lois votées avant octobre 1997, 68 % (25 sur 37) des mesures qui restaient en souffrance lors du dernier contrôle n'ont toujours pas reçu de texte d'application. La commission nuance toutefois cette observation en signalant que " hormis le cas particulier de la loi n° 97-277 du 25 mars 1997 créant les plans d'épargne retraite qui n'a reçu aucun des 16 textes attendus, ce taux est ramené à 43 % (9 sur 21) ". Pour les années 1993 et 1995, toutes les lois relevant de la compétence de la commission ont reçu, au 30 septembre 1998, l'intégralité des textes d'application attendus. Concernant les autres années de la période récente :

- 2 lois de 1994 ne sont pas complètement applicables et attendent chacune un texte d'application. Il s'agit des lois n° 94-99 du 5 février 1994 d'orientation pour le développement économique, social et culturel de la Polynésie française, et n° 94-679 du 8 août 1994 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier ((DDOEF) pour 1994 ;

- 3 lois de 1996 restent en instance de textes d'application : les lois n° 96-314 du 12 avril 1996 portant DDOEF pour 1996, n° 96-597 du 2 juillet 1996 de modernisation des activités financières, ainsi que la loi de Finances rectificative pour 1996 (n° 96-1182 du 30 décembre 1996).

Pour ce qui est des lois de l'année parlementaire promulguées depuis le 1er octobre 1997, la commission des Finances décompte " 22 textes d'application (...) pris sur les 50 attendus, soit 44 % ". Elle précise toutefois qu' " en excluant le texte le plus récent (la loi portant DDOEF pour 1998, du 2 juillet 1998, qui ne date que de trois mois, le taux d'application passe alors à près de 83 % (19 textes pris sur 23 attendus).

Ces données traduisent l'application très satisfaisante de certains textes, contrairement à ceux qui se sont heurtés à des obstacles politiques sérieux (comme la loi créant les plans d'épargne retraite). La commission des Finances estime d'ailleurs que d'une manière générale, il est très rare qu'une loi relevant de sa compétence demeure non appliquée au-delà de trois ou quatre ans : la loi " non applicable " la plus ancienne ne remonte en effet qu'à 1994. Comme le signale la commission, en cas de problème politique important, le gouvernement suivant annule la disposition litigieuse ou la remplace par d'autres, ce qui rend " sans objet " les dispositions législatives concernées " restant à appliquer ".