CHAPITRE I :

PRINCIPALES OBSERVATIONS
DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL

I. LES STRATÉGIES DIFFÉRENCIÉES DES GROUPES DE PRESSE EN RÉPONSE À UNE CRISE LATENTE

Bien que la presse française soit l'une des plus fortement aidées en Europe, l'année passée a été marquée par des évolutions réglementaires du secteur, dans un contexte de difficultés économiques persistantes .

Les groupes de presse ont adopté des stratégies différenciées pour répondre à une crise économique latente, caractérisée par une érosion continue du lectorat de la presse quotidienne d'information politique et générale, la concurrence de nouveaux médias et, plus radicalement, l'émergence d'autres modèles économiques, comme celui proposé par les gratuits d'information politique et générale :

- la constitution de groupes de presse diversifiés , non limités à une des catégories de presse (nationale, régionale, magazine, spécialisée) ;

- les participations capitalistiques de la presse quotidienne régionale aux télévisions de proximité se poursuivent, malgré des difficultés à disposer de ressources publicitaires suffisantes au regard de l'étroitesse des marchés locaux ;

- le lancement, en province, de gratuits d'information générale concurrents de 20 Minutes ou Metro , ou a contrario des participations au capital de ces titres et leur intégration partielle dans les circuits d'impression traditionnels ;

- le lancement des campagnes publicitaires télévisées des titres de presse, après l'ouverture partielle des secteurs interdits de publicité télévisée, laquelle semble toutefois insuffisante pour éviter l'engagement d'un recours en manquement contre la France.

Le succès de ces stratégies d'adaptation requiert néanmoins une modernisation sociale, y compris pour la distribution des titres : l'Etat a décidé de soutenir l'effort de modernisation sociale en cours en créant un nouveau chapitre spécifique au sein du budget des services généraux du Premier ministre.

La participation des pouvoirs publics s'opère dans un cadre budgétaire rénové par la mise en oeuvre de la loi organique du 1 er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF), dont l'ensemble des dispositions seront applicables au 1 er janvier 2005 en vue de l'examen du projet de loi de finances pour 2006 pour la première fois selon les nouvelles règles budgétaires. A cet égard, si la maquette budgétaire envisagée identifie les aides à la presse, il convient qu'elle prenne également en compte les aides au transport postal, relevant actuellement du budget de l'industrie, et qu'elle intègre les crédits du Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la direction du développement des médias.

En outre, les objectifs et les indicateurs de performance prévus par la LOLF doivent permettre de mieux identifier et évaluer l'efficacité d'aides multiples, sans mesurer exclusivement l'évolution de la situation économique de la presse qui dépend d'autres facteurs que les seules aides publiques.