II. DOIT-ON ENVISAGER UN RETOUR DE L'INFLATION ?

L'inflation accélère en France depuis le début de l'année 1999.

Ainsi, selon l'Insee, le glissement annuel des prix à la consommation est passé de 0,2 % au mois de janvier 1999 à 2,2 % au mois de septembre 2000.

Une évolution comparable peut être observée au niveau de l'Union européenne depuis le milieu de l'année 1999. L'inflation, mesurée par le glissement annuel de l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), est passée d'un taux inférieur à 1,0 % jusqu'en juillet 1999 à un taux de 2,8 % en septembre 2000.

Doit-on pour autant envisager un retour durable de l'inflation ?

A. SELON LES PRINCIPAUX SCÉNARIOS À MOYEN TERME, L'INFLATION ANNUELLE RALENTIRAIT EN L'AN 2001 ET ACCÉLÉRERAIT À PARTIR DE L'AN 2003, POUR ATTEINDRE UN TAUX DE L'ORDRE DE 2 %

Les scénarios à moyen terme (2000-2005) de croissance des prix à la consommation varient, en moyenne annuelle, entre 1,2 % selon Rexecode et 1,9 % selon l'OFCE.

A l'exception de celui de Rexecode, qui fait l'hypothèse conventionnelle d'une inflation annuelle de 1,2 %, ces scénarios prévoient tous un ralentissement de l'inflation en l'an 2001 et une accélération de l'inflation à partir de 2003.

Prévisions d'inflation annuelle (prix à la consommation), en %

2000

2001

2002

2003-2005

OFCE

1,4

1,3

1,5

2,3

BIPE

1,3

1,2

1,2

1,9

INSEE

1,4

-

1,1

1,8 *

REXECODE

1,2

1,2

1,2

1,2

* en 2005.

1. L'inflation à court terme

• L'inflation, mesurée par le glissement annuel des prix à la consommation, serait en l'an 2000 de + 1,6 % selon l'Insee.

• En l'an 2001 l'inflation serait plus faible qu'en l'an 2000, pour deux raisons .

Tout d'abord, si le prix du pétrole se stabilisait ou diminuait en l'an 2001, son incidence sur le glissement annuel de l'indice des prix à la consommation s'atténuerait progressivement.

Ensuite, selon la plupart des prévisionnistes, on n'assisterait pas à court terme à une accélération de la croissance des salaires réels. Les instituts indépendants réunis au sein de la Commission économique de la Nation prévoient en moyenne pour l'année 2001 une croissance du pouvoir d'achat du salaire moyen de 1,4 %, c'est-à-dire analogue à celle observée les années 1998 et 1999.

L'OFCE prévoit une croissance du pouvoir d'achat du salaire moyen légèrement plus faible, de 1,2 % , les tensions sur le marché du travail restant modérées.

Le Gouvernement prévoit cependant une forte accélération de la croissance du pouvoir d'achat du salaire moyen, qui serait de 1,8 %. Cette accélération serait la conséquence d'une croissance de 3,2 % des salaires nominaux, consécutive à des tensions sur le marché du travail, alors que la croissance des prix à la consommation resterait modérée (1,4 %).

Certains économistes estiment paradoxal de prévoir à la fois une forte augmentation des salaires et une progression modérée des prix.

• Le caractère modéré de la plupart des prévisions d'inflation en l'an 2001 provient notamment du fait que l'année 2000 ne semble pas pour le moment avoir été marquée par des tensions sur les salaires.

En effet, la croissance annuelle du pouvoir d'achat du salaire moyen par tête a ralenti en l'an 2000 : selon l'Insee, le pouvoir d'achat du salaire mensuel a progressé de 1,2 % en 1998, puis 1,3 % en 1999 ; en revanche, les prévisions de croissance du pouvoir d'achat du salaire mensuel pour l'an 2000 sont de 0,6 % selon le Gouvernement et la moyenne des prévisions des instituts de conjoncture 12 ( * ) .

L'application de la loi sur les 35 heures serait responsable de plus d'un tiers de ce ralentissement : elle minorerait les augmentations de salaire de 0,2 point selon le ministère de l'Emploi et de 0,3 point selon le rapport économique, social et financier annexé au projet de loi de finances pour 2001. En effet, les salaires horaires augmentent rapidement : selon Eurostat, le coût horaire du travail s'est accru en France au premier trimestre 2000 de 5,3 % en rythme annuel, contre 3,6 % dans la zone euro.

* 12 Ainsi que l'a indiqué le Chef de l'Etat le 14 juillet 2000, le pouvoir d'achat du salaire moyen n'a pas augmenté au cours du deuxième trimestre de l'an 2000. En effet, selon une étude du ministère de l'Emploi, le salaire mensuel de base (hors primes et autres avantages) n'a alors augmenté que de 0,4 %, soit une hausse de 1,6 % en rythme annuel, alors que selon l'Insee dans le même temps l'inflation en glissement annuel était de 1,6%.

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