II. DU MIRACLE ÉCONOMIQUE À LA SORTIE DE CRISE

Depuis l'indépendance, Singapour a mis en oeuvre une stratégie économique d'industrialisation rapide fondée sur l'exportation et sur la sophistication progressive de ses activités, qui a permis une croissance très rapide de l'économie et en a fait, avec la Corée du Sud, Taiwan et Hong Kong, l'un des " petits frères " du Japon, connus sous le nom de " nouveaux pays industrialisés " (NPI), ou " dragons " asiatiques.

A. UN MIRACLE ÉCONOMIQUE QUI SYMBOLISE LA MONTÉE EN PUISSANCE DES " DRAGONS " DU SUD-EST ASIATIQUE

La stratégie économique d'exportation et de " remontée de filière ", mise en oeuvre à Singapour, a donné des résultats remarquables. Quelques chiffres permettent de le mesurer : la croissance a été fulgurante, en termes de PIB (10 % de croissance annuelle moyenne pendant les vingt premières années d'existence de la république de Singapour), ainsi qu'en termes de valeur ajoutée : 28 % en 1970, 42 % en 1973, 13 % en 1977 (choc pétrolier) et 33 % en 1980.

Le rôle des pouvoirs publics dans la mise en oeuvre de cette stratégie a été particulièrement décisif, par la création d'entreprises d'Etat (chantiers navals Keppel , Singapore Petroleum , National Iron and Steel Mill , Singapore Electronics , industries alimentaires et du bois) et par la mise en place d'organismes spécialisés ( Development Bank of Singapore, Economic Development Board, International Trading Company, Jurong Town Corporation ).

Les investissements étrangers ont été vigoureusement encouragés, non seulement par la disponibilité d'une main-d'oeuvre efficace, mais aussi par un vaste dispositif de mesures incitatives, comme l'exonération fiscale pendant cinq à dix ans selon la nature de l'investissement, la réduction de l'impôt sur les bénéfices à l'exportation ou encore, l'exonération des droits de douane pour les matières premières.

1. L'industrialisation par l'exportation : la voie du rattrapage économique suivie par les NPI d'Asie

A la suite du Japon, qui apparaît, malgré ses spécificités dans l'ensemble de l'Asie orientale, comme le précurseur de cette stratégie, Singapour s'est engagé, aux lendemains de son indépendance, dans une stratégie économique baptisée, par la suite, par les théoriciens de l'ajustement structurel et du rattrapage économique, de stratégie " d'industrialisation par l'exportation ".

a) Un développement industriel massif, tourné exclusivement vers l'exportation

Pour schématiser les différentes étapes de ce processus, on peut dire qu'il commence, dans de nombreux pays (Singapour étant du fait de la géographie, dans une situation particulière à cet égard) par une réforme des structures agraires et une " révolution verte " augmentant les rendements agricoles. Puis, toujours au stade initial, se développe une industrie de main-d'oeuvre peu qualifiée , de niveau technique et de complexité faibles, tournée vers l'exportation. Ce type de développement est très fortement créateur d'emplois : en conséquence, la part du secteur manufacturier dans l'emploi total devient prépondérante. Cette évolution est manifeste au Japon et chez les quatre dragons depuis 1950 :

PART DU SECTEUR MANUFACTURIER
EN % DU TOTAL DANS LES NPI D'ASIE

Source : Annuaire des statistiques du travail, BIT, in " Le développement économique de l'Asie orientale ", op. cité.

On peut estimer que le Japon, Hong Kong et Singapour ont atteint au milieu des années soixante-dix le stade dit " d'industrialisation maximale ".

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