2. Le contentieux de la banlieue à l'encontre de Paris

Outre les empiètements successifs de Paris sur le territoire de ses voisines, les relations entre Paris et sa banlieue ont été marquées par l'exportation des problèmes de la capitale qu'il s'agisse des eaux usées, des cimetières et des mendiants.

Pour résoudre le problème des eaux usées dans les quartiers de l'Est, la ville de Paris s'approprie en 1817 une trentaine d'hectares sur le domaine de la forêt de Bondy, sur le territoire des communes de Bondy et d'Aulnay qui seront transformées en dépotoir municipal et accueilleront une partie des vidanges de la capitale. Les nuisances liées à ce que l'on désigne comme « la voirie de Bondy » provoquent un mécontentement croissant de la population riveraine à mesure que les villages se transforment au cours du XIX e siècle en communes résidentielles. En 1867, vingt-huit communes protestent contre cette installation alors que sont mis en évidence les risques pour la santé et les conséquences sur l'environnement. La voirie de l'Est, comme on l'appelle en 1882, ne sera démantelée qu'en 1900.

Le sort des égouts constitue une autre source de mécontentement des habitants de la banlieue. Afin de résoudre les problèmes de saturation des collecteurs qui se rejettent en Seine, un nouveau procédé est mis en oeuvre sous le Second Empire qui recourt à la technique de l'épandage. Un premier champ d'épandage est créé dans la plaine de Gennevilliers, un second à Achères et un troisième à Méry-sur-Oise. L'épandage créera un débat dans les communes de banlieue sur la question des risques sanitaires et développera les craintes relatives aux inondations.

La question des cimetières parisiens sera un autre motif de mécontentement des habitants de la banlieue. Alors que la saturation des treize cimetières parisiens est patente dans les années 1860, la préfecture de la Seine se trouve obligée d'envisager une délocalisation des cimetières en banlieue. Elle parvient ainsi à agrandir de dix hectares le cimetière parisien de Clichy-Les Batignolles en 1883, celui d'Ivry de vingt-et-un hectares et celui de Saint-Ouen de vingt-trois hectares. Ces emprises s'étendent encore en 1884 avec la création sur cent sept hectares du cimetière parisien de Pantin. Toutes les communes concernées protestent contre ces extensions qui menacent leur développement. Mais cela n'empêche pas la préfecture de poursuivre sa politique à Bagneux où est créée, en 1883, une vaste nécropole de soixante-deux hectares qui couvre 13 % de la superficie communale et à Thiais où est créé, dans les années 1920, un vaste cimetière de cent deux hectares.

Outre ses égouts et ses morts, Paris a aussi pris l'habitude d'exporter ses pauvres en banlieue. C'est ainsi que le transfert du dépôt de mendicité de Saint-Denis à Nanterre en 1868 suscite une vive hostilité de la part des élus concernés. Ce dépôt, qui sert à la fois de casernement pour femmes et d'asile pour vieillards et indigents, est inauguré en 1887 et occupe une surface de plus de douze hectares.

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