N° 1140

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

TREIZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale
le 3 octobre 2008

N° 503

SÉNAT

DEUXIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE 2007-2008

Rattaché pour ordre au procès-verbal
de la séance du 22 septembre 2008
Enregistré à la Présidence du Sénat le 3 octobre 2008

OFFICE PARLEMENTAIRE D'ÉVALUATION

DES CHOIX SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES

RAPPORT

« Faut-il créer un observatoire de l'Arctique ? »

(Compte rendu de l'audition publique du 26 juin 2008) ,

PAR M. CHRISTIAN GAUDIN,

Sénateur.

Déposé sur le Bureau de l'Assemblée nationale

par M. Claude BIRRAUX

Président de l'Office

Déposé sur le Bureau du Sénat

par M. Henri REVOL

Premier Vice-Président de l'Office

Composition de l'Office parlementaire d'évaluation

des choix scientifiques et technologiques

Président

M. Claude BIRRAUX

Premier Vice-Président

M. Henri REVOL

Vice-Présidents

M. Claude GATIGNOL, député

M. Jean-Claude ETIENNE, sénateur

M. Pierre LASBORDES, député

M. Pierre LAFFITTE, sénateur

M. Jean-Yves LE DÉAUT, député

M. Claude SAUNIER, sénateur

Députés

Sénateurs

M. Christian BATAILLE

M. Philippe ARNAUD

M. Jean-Pierre BRARD

M. Paul BLANC

M. Alain CLAEYS

Mme Marie-Christine BLANDIN

M. Pierre COHEN

Mme Brigitte BOUT

M. Jean-Pierre DOOR

M. Marcel-Pierre CLÉACH

Mme Geneviève FIORASO

M. Roland COURTEAU

M. Alain GEST

M. Christian GAUDIN

M. François GOULARD

M. Serge LAGAUCHE

M. Christian KERT

M. Jean-François LE GRAND

M. Michel LEJEUNE

Mme Catherine PROCACCIA

M. Claude LETEURTRE

M. Daniel RAOUL

Mme Bérengère POLETTI

M. Ivan RENAR

M. Jean-Louis TOURAINE

M. Bruno SIDO

M. Jean-Sébastien VIALATTE

M. Alain VASSELLE

Audition publique ouverte à la presse - Jeudi 26 juin 2008

Faut-il créer un observatoire de l'Arctique ?

OUVERTURE

M. Christian GAUDIN

Je vous souhaite, tout d'abord, la plus chaleureuse bienvenue dans les locaux sénatoriaux de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. L'OPECST a pour mission d'éclairer le Parlement sur les questions scientifiques importantes pour l'avenir de notre société et de nos concitoyens.

Je vous remercie, ensuite, très chaleureusement de vous être rendus disponibles et d'avoir répondu positivement à mon invitation de venir échanger sur la question de la recherche scientifique dans l'Arctique.

Puisqu'il me revient cet après-midi d'introduire nos débats, je voudrais tout d'abord expliciter ce qui ma conduit à vous réunir pour tenter de répondre à cette question « Faut-il créer un observatoire de l'Arctique ? », puis préciser l'organisation thématique de nos échanges et, enfin, leur organisation matérielle.

*

Comme vous le savez, l'OPECST s'intéresse quasiment depuis l'origine aux enjeux scientifiques et environnementaux des régions polaires.

Je veux ici rappeler le travail effectué en 1989 par mon collègue député Jean-Yves Le Déaut à propos de l'exploitation des ressources minérales de l'Antarctique et qui n'a pas peu contribué au rejet de la Convention de Wellington et à l'adoption du Protocole de Madrid.

Plus récemment, j'ai eu l'occasion de me rendre en Antarctique mais aussi de publier un rapport d'audit de la recherche polaire française à la veille de l'année polaire internationale. C'était en février 2007. L'Office a également organisé l'ouverture solennelle de l'année polaire internationale au Sénat le 1 er mars de l'année dernière. Nous avons aussi le projet, conjointement avec le Collège de France et la chaire du Professeur Édouard Bard, d'organiser un colloque international de restitution et de l'année polaire en mai 2009.

Or, année polaire internationale et changement climatique obligeant, l'Arctique est de plus en plus au coeur des préoccupations.

Sans m'engager dès maintenant dans des développements scientifiques, je voudrais faire quatre remarques qui, si elles peuvent apparaître séparées l'une de l'autre comme des évidences, n'en ont pas moins, rassemblées une forte signification.

1. Le changement global affecte de façon plus importante les hautes latitudes que les zones tempérées.

2. Il y est plus visible (les glaces fondent...) et donc apparemment plus compréhensible.

3. Il y est « dramatique » car des espèces auxquelles le public s'identifie, comme l'ours blanc, sont directement menacées.

4. Il est symbolique. Zones naturelles vierges et internationales, les pôles apparaissent victimes de l'activité humaine.

Cette situation est exacerbée par deux éléments supplémentaires propres à l'Arctique :

1. La banquise permanente est susceptible de disparaître dans quelques dizaines d'années, le rythme de la fonte semblant s'accélérer.

2. L'Arctique concerne directement l'Europe et les pays développés car plusieurs pays en sont riverains et l'évolution des conditions climatiques a une influence directe sur le Gulf Stream qui joue un rôle déterminant dans nos pays.

Tout cela explique, que de manière apparemment surprenante mais en réalité très logique, l'Arctique ait pu apparaître comme une des préoccupations du très français « Grenelle de l'environnement ».

Ces éléments se conjuguent pour mobiliser l'opinion et inciter à agir, mais « comment ? » et « pourquoi faire ? », puisque les lois thermodynamiques étant ce qu'elles sont, il n'est pas possible, au moins à court terme, d'empêcher la glace de fondre !

A partir de ce constat, il me semble que deux idées ont émergé :

- Premièrement, puisque le changement climatique y est amplifié, l'Arctique est un formidable lieu d'observation et d'anticipation.

- Deuxièmement, l'Arctique étant une zone pour partie internationale, il serait souhaitable d'y travailler en collaboration, d'autant plus que, à la différence de l'Antarctique, les tensions présentes ou passées n'ont pas favorisé une structuration de la communauté scientifique.

Ces deux idées se sont mutuellement renforcées et rencontrées dans la proposition d'un Observatoire scientifique multidisciplinaire et multinational de l'Arctique.

Cette proposition a reçu un accueil très favorable en France, qui sans être riveraine de l'Arctique, n'y est pas moins présente scientifiquement. Notre pays pourrait prendre une initiative en ce sens au cours de la Présidence française de l'Union européenne.

Mais, il me semble, et c'est l'objet du débat de cet après-midi, que, pour l'instant, ce concept reste flou.

*

Je crois que pour répondre à la question de la pertinence d'un tel observatoire, il faut d'une part réfléchir à la notion d'observatoire scientifique multidisciplinaire à grande échelle. C'est l'objet de la première table ronde. Que veut dire un tel observatoire en sciences de l'univers, du vivant ou de l'homme et de la société ? Comment développer une vision globale d'un espace aussi vaste ? Avec quels moyens ? Avec quelles méthodes ?

Je pense également qu'il faut s'interroger sur la gestion et la contribution de la multidisciplinarité. Pourquoi et comment faire se juxtaposer ou dialoguer ces grands domaines scientifiques ? Une telle synthèse est-elle possible ou illusoire ?

La deuxième table ronde sera consacrée à la coopération scientifique internationale en Arctique. Où en est-on ? Y a-t-il un besoin ou au contraire un observatoire serait une structure redondante et inutile ? Le GIEC - le groupe intergouvernemental sur le climat - épuise-t-il le sujet ? Quelle est la vision des opérateurs scientifiques polaires européens ? Enfin, comment d'européenne, la coopération peut-elle devenir internationale ?

Voilà quelques premières grandes questions préliminaires.

*

Nos débats vont donc être structurés en deux tables rondes.

Chacune donnera lieu à une série de présentations d'un quart d'heure.

A la suite de ces présentations aura lieu un temps de questions et d'échanges. Je prendrai bien entendu l'initiative des questions, mais je souhaite que les échanges soient ouverts, d'une part, entre les intervenants eux-mêmes et, d'autre part, entre le public et les intervenants.

Je vous propose donc sans plus attendre de passer à la première table ronde : « La notion d'observatoire multidisciplinaire à grande échelle est-elle pertinente ? ».

Je passe la parole à M. Denis-Didier Rousseau, chercheur de l'Institut des sciences de l'univers, à l'École normale supérieure, qui va intervenir sur la notion d'observatoire dans les sciences de l'univers.

Je vous remercie.

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