3. L'accord franco-brésilien devrait être complété par un accord avec le Surinam et par une coopération régionale entre les pays du plateau des Guyanes (Brésil, Guyane française, Suriname et Guyana)

Le Suriname est confronté aux mêmes problématiques qu'en Guyane.

Comme le constatait l'AFD dans son plan 2008-2010, « l'exploitation clandestine et polluante des ressources forestières et minières des deux territoires constitue par ailleurs un enjeu stratégique commun pour la France et le Suriname, la protection durable de la forêt primaire, qui s'étend sur l'ensemble du plateau des Guyanes, et de sa biodiversité n'ayant de chances de succès que si elle est conduite en partenariat. »

Comme en Guyane, le secteur de l'exploitation aurifère a une composante à la fois formelle et informelle. Les exploitants clandestins, souvent, sinon majoritairement, d'origine brésilienne, sont estimés entre 15 et 30 000.

L'extrême porosité de la frontière permet une communication constante entre les deux secteurs illégaux de part et d'autre du Maroni. L'approvisionnement des orpailleurs clandestins opérant sur le territoire français provient du Suriname.

A Maripasoula, votre mission a pu constater les constructions nouvelles et anciennes d'entrepôts sur l'autre rive du Maroni. Ces marchandises de toutes sortes sont acheminées en pirogue jusqu'aux sites clandestins.

En janvier 2008, un accord de coopération policière entre le Suriname et la France a d'ailleurs été conclu. Mais la coopération régionale est difficile, en dépit de la bonne volonté des autorités, ne serait ce que parce que le corpus juridique de réglementation au Suriname n'a qu'une lointaine parenté avec le dispositif français. De même, les moyens mis en place par la France dans le cadre de l'opération harpie n'ont pas leur équivalent au Suriname. La mobilité des orpailleurs clandestins rend la surveillance trop aléatoire pour être réellement efficace.

Enfin, les populations amérindiennes dont les territoires, la sécurité et la santé sont considérablement affectés par l'orpaillage clandestin réagissent violemment à l'incurie des pouvoirs publics surinamais à lutter contre ce fléau. Pour protester contre les dégâts collatéraux de l'orpaillage clandestin, les Amérindiens de Twenké ont bloqué la rivière Lawa. Ces incidents ne sont pas les premiers. Ils ont conduit le préfet de région et du département à intervenir. Selon un communiqué de la préfecture :

« Le mardi 12 octobre 2010, M. Daniel Férey, préfet de la région Guyane, et Mme Chantal Berthelot, députée de la 2 ème circonscription ainsi que les représentants du peuple Wayana de Guyane ont été reçus par Mme Jane Aarland-Nanhu, secrétaire générale du ministère des affaires étrangères du Suriname.

Les représentants Wayana, Touenké Amaïpoti, Grand Man des Wayanas, Alounawalé Tokotoko, chef coutumier du village d'Elahé, Aitalewa Palanaiwa, chef coutumier du village d'Antécum-Pata, et Kawet Sintama, chef coutumier du village de Taluen, ont exposé, directement, aux autorités surinamaises leurs doléances dans les domaines de la santé, de l'hygiène, de l'insécurité et de l'environnement.

Après une écoute attentive, la secrétaire générale du ministère des affaires étrangères du Suriname a indiqué que son gouvernement considérait l'orpaillage clandestin comme un sujet important auquel il est également confronté tant sur la rive surinamaise du Maroni qu'à l'intérieur de son pays. Elle a indiqué que le gouvernement surinamais a d'ores et déjà entamé des discussions avec le gouvernement brésilien au sujet des ressortissants brésiliens qui transitent par le Suriname avant de se livrer à l'orpaillage clandestin en Guyane. Par ailleurs, elle a annoncé les mesures suivantes :

1. réactivation, avant la fin de l'année, du poste de contrôle qui avait été installé, il y a quelques années, en face du village du Twenké sur la rive surinamaise ;

2. mission d'évaluation sur cette zone du ministre de la défense dans le courant de la première semaine de novembre ; le préfet ayant proposé que celui-ci puisse se rendre en Guyane à cette occasion ;

3. réunion d'un conseil du fleuve dans le courant du mois de novembre à Albina.

Enfin, Le préfet a informé les autorités surinamaises des décisions qu'il allait prendre dès son retour à Cayenne :

4. autorisation de procéder à des contrôles des embarcations circulant sur la partie française du fleuve, les différents traités existants entre  les deux pays le permettant, 19 ( * )

5. à la demande des populations, signature d'un arrêté interdisant les accostages de pirogue entre 19h00 et 05h00 dans les villages améridiens installés sur la rive française du Maroni. »


Observations de la mission

________

Négocier un accord dans le domaine de la lutte contre l'exploitation aurifère illégale entre la France et le Suriname, sur le modèle de l'accord franco-brésilien.

Poursuivre la politique de l'AFD visant à mettre en oeuvre une politique commune aux Etats du plateau des Guyanes de gestion rationnelle des ressources naturelles.


* 19 Convention d'assistance administrative mutuelle entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la république du Surinam pour la prévention, la recherche, la constatation et la sanction des infractions douanières du 25 octobre 2000 ;

Accord sous forme d'échange de lettres relatif au statut des forces françaises participant à des activités sur le territoire de la république du Suriname du 28 mars 2003.

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