III. DES TISSUS PRODUCTIFS DIFFÉRENTS

On a pu évoquer l'existence d'un « maillon manquant » dans le système productif français, avec la faiblesse numérique des petites et moyennes entreprises, comme une différence majeure avec l'Allemagne.

Cette singularisation a récemment été nuancée, l'étude réalisée par Coe-rexecode pour le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie mettant l'accent sur les ressemblances des deux pays sous l'angle de leur population d'entreprises industrielles.

Toutefois, outre que les différences quantitatives subsistent, des éléments plus qualitatifs semblent bien devoir être pris en compte, qui semblent contribuer aux évolutions macroéconomiques divergentes (ou en porter la trace) des deux pays.

A. DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES MOINS ... PETITES OU MOYENNES EN ALLEMAGNE

En valeur absolue et plus encore en proportion de la population des deux pays, le nombre d'entreprises est plus élevé en France qu'en Allemagne 13 ( * ) .

Toutefois, la taille moyenne des entreprises françaises est inférieure à celle des entreprises allemandes, ce qui s'explique, partiellement, par le nombre relativement important d'entreprises (dans le graphique ci-après, les entreprises industrielles) de moins de 10 salariés en France.

Quand on excepte les entreprises de moins de vingt salariés, et pour la seule industrie, le nombre des entreprises devient supérieur en Allemagne, leur taille restant également plus élevée.

Comme le montre le tableau ci-dessous, ce constat n'est pas réservé à l'industrie.

Excepté pour la construction et les industries extractives où l'on arrive à une quasi parité entre les deux pays, il y a davantage d'entreprises de plus de 20 salariés en Allemagne dans tous les secteurs.

C'est pour la branche hôtel-restaurants que cette situation est la plus nette 14 ( * ) .

Cependant, l'avantage démographique de l'Allemagne est mobilisé davantage par l'industrie que par les services.

Globalement, les salariés employés par les entreprises de plus de 20 salariés en Allemagne représentent 1,54 fois la même population calculée pour la France (15,59 millions de salariés contre 10,126 millions en France).

Mais ce rapport est sensiblement plus élevé pour l'industrie que pour les autres activités. Il y atteint 2,13 (6,148 millions de salariés en Allemagne contre 2,892 millions en France).

Plus encore que par le nombre des entreprises appartenant à chaque strate de la population des entreprises, c'est par la taille des firmes relevant de chacun des catégories d'entreprises que les deux pays diffèrent.

Sans doute doit-on observer qu'il y a en Allemagne davantage d'entreprises dans les segments correspondant aux firmes comprenant entre 50 et 999 salariés. Mais c'est surtout par la dimension de ces entreprises que les deux pays se singularisent.

Or, ces écarts sont significatifs puisqu'ils portent sur des populations d'entreprises occupant une place importante dans le tissu industriel de chacun des pays.

En particulier, les entreprises de 50 à 499 salariés représentant 32,5 et 4,8 % du total des entreprises en France (respectivement pour les entreprises de 50 à 499 salariés et celles entre 250 et 499 salariés) et jusqu'à 46,07 et 6,92 % des entreprises en Allemagne.

En conclusion, le tableau ci-dessus, qui ne concerne que les entreprises industrielles, montre que la dispersion de la population des entreprises dans chaque pays confirme plutôt l'observation communément admise de la faiblesse relative du segment français des entreprises industrielles de dimension moyenne .

Par rapport à l'Allemagne, la France compte une proportion de très petites entreprises industrielles plus élevée, et voit la population employée dans l'industrie plus concentrée dans les très grandes entreprises : plus de 36 % de l'emploi industriel s'y trouve dans les entreprises de 1 000 salariés et plus, contre 31 % en Allemagne. Inversement, tant par leur nombre relatif que par celui des emplois qu'elles mobilisent, les entreprises de petite et moyenne dimension occupent une place plus importante dans le tissu industriel allemand.


* 13 Les comparaisons portant sur la démographie des entreprises dans les deux pays doivent être conduites en gardant à l'esprit l'inégalité entre leurs populations respectives. Le rapport des salariés allemands aux salariés français peut service de guide pour ces comparaisons. Il s'élève à 1,54 pour les entreprises de plus de 20 salariés.

* 14 Mises à part les entreprises de distribution d'électricité, de gaz et d'eau pour des raisons qui semblent liées à la fois à la très forte concentration existant en France et au fédéralisme allemand.

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